Cette semaine, notre randonnée au Plateau de Lassithi/Οροπέδιο Λασιθίου, dans la partie orientale de la Crète nous a fait découvrir 1000 merveilles. Cette ancienne zone marécageuse est aujourd’hui drainée et cultivée. Tout plat, perché à plus de 800 m d’altitude, ce plateau est cerné de montagnes. Paradis de la randonnée, la région de Lassithi est traversée par le GR Européen E4 qui démarre au Portugal pour se terminer à Chypre après avoir coupé à travers la Grèce et la Crète. Nous le suivons d’ailleurs un moment lors de nos randonnées dans les Météores.

Bien à l’abri de cette couronne de sommets, on ne peut y accéder que par deux routes. Une au nord venant de Malia et Iraklio, l’autre à l’est montant de Neapoli/Νεάπολη et d’Agios Nikolaos/Άγιος Νικόλαος.

Ainsi protégé par la nature, Lassithi vit depuis très longtemps isolé de tout. Il n’est pourtant qu’à une dizaine de kilomètres de la côte. Quel contraste avec Malia/Μάλια, ses plages, ses complexes hôteliers et sa vie surfaite et trépidante ! Ces deux proches voisins sont en fait à mille lieues l’un de l’autre.

Mais on connaît surtout ce plateau comme étant la « vallée aux 10000 moulins ». Ces éoliennes, innombrables, ont en effet permis de pomper l’eau nécessaire à la mise en culture de cet ancien marais. Les plus anciennes ont été construites à la fin du XIX^ème siècle, sur le modèle des moulins locaux. Elles font maintenant la réputation de Lassithi. Avec leurs ailes aux toiles blanches, elles sont même devenues un des symboles de la Crète. Malheureusement, ces petits moulins sont aujourd’hui pour la plupart à l’abandon, remplacés par des motopompes.

La Grotte de Zeus et le déclin des Minoens

Le Mont Karfi, but de cette randonnée, se situe au nord du plateau de Lassithi. Le Mont Toumpa/Τούμπα, lui, protège le sud-ouest. C’est au pied de cette montagne se trouve la Grotte de Psychró/Ψυχρό ou Antre du Diktaion/Δικταίου Άντρου. Cette caverne est connue pour être le lieu de naissance de Zeus.

Pourtant, nous l’avons vu, le Maître de l’Olympe serait né dans le Péloponnèse, pas très loin du Mont Érymanthe ! Il faudrait savoir, à la fin… En fait, cela dépend de la tradition et de l’auteur des récits (Homère ou Hésiode)… Mais, quoi qu’il en soit, Zeus grandira sur les pentes du Mont Ida, au centre de la Crète, caché de l’appétit vorace de son père Chronos.

Les vestiges trouvés ici permettent de dater la grotte de la fin de l’époque minoenne. C’est pourquoi les archéologues pensent que les Minoens se sont réfugiés sur ce plateau inaccessible quand les Grecs ont envahi la Crète vers 1100 avant J.-C. Bref, c’est le début de la fin pour ce peuple qui a construit les palais de Knossos et Phaistos (entre autres).

Nous retrouverons d’ailleurs les Minoens un peu plus loin, sur le Mont Karfi, lors de notre randonnée à Lassithi.

Alors que cette randonnée à Lassithi nous fait voyager dans la Crète antique, notre escapade à Katholiko nous fait découvrir des évènements un peu plus récents.

Le départ

Du parking, nous rejoignons la petite route qui fait le tour du plateau. Nous partons vers l’ouest et Pinakiano/Πινακιανό, délaissant la direction d’Agios Georgios/Άγιος Γεώργιος plus au sud.

Il y a beaucoup de soleil aujourd’hui. C’est pourquoi nous sortons les casquettes. Mais quelque chose nous dit que ce temps magnifique ne va pas durer. En effet, le ciel se voile sur le sud. Cependant, nous n’avons pas jugé bon d’emporter les capes de pluie.

Nous passons devant la maison de santé et la petite chapelle dédiée à la Panagia Gerontissa. Quelques minutes plus tard, nous sommes sur un chemin d’exploitation qui part tout droit dans un virage de cette petite route. Il nous emmène jusqu’à une barrière, juste après une ferme.

Les premiers pas dans la montagne

Là, le chemin commence à monter et devient très caillouteux. Les flèches bleues qui le balisent nous indiquent qu’il est ouvert à la randonnée. Toutefois, nous allons à contre-sens, ce qui n’est pas grave du tout.

En fait, nous constatons que ce large chemin devait être entièrement pavé. Il zigzague tout en montant dans la forêt de chênes verts. La végétation assez basse nous permet même d’apercevoir le plateau de Lassithi en contrebas ; cette randonnée commence très bien.

Les arbres nous protègent du chaud soleil de midi. Cependant, la forêt, clairsemée au début de la montée, disparaît à mesure que nous grimpons. Dans le même temps, le soleil lui aussi s’efface de plus en plus souvent, jouant à cache-cache derrière les nuages.

L’état du chemin, lui aussi se transforme : il est de moins en moins carrossable mais rien de dramatique.

De grands rapaces que nous ne savons pas identifier (vautours ? Aigles ?…) survolent et surveillent les pentes dénudées du Mont Karfi. Leur vol planant est perturbé dès qu’ils descendent un peu trop. En effet, des corneilles (qui n’ont pas froid aux yeux) les attaquent systématiquement. Elles doivent sans doute ainsi protéger leur nichée ou leur progéniture.

Les vieux moulins

Nous arrivons alors aux vestiges des vieux moulins qui surplombent ceux du col de Séli Ambelou le barrage d’Aposelémis/Φράγμα Αποσελέμη. C’est un très joli point de vue d’où nous découvrons aussi la mer. Mais ici, les moulins n’ont rien à voir avec les petites éoliennes du plateau de Lassithi. Ici, ces bâtisses servaient vraiment à moudre. Nez au vent dominant et ne pouvant tourner sur eux-mêmes, ils ne fonctionnaient que lorsque le vent d’ouest soufflait.

Nous changeons donc tranquillement de versant et continuons vers le nord. Encore quelques mètres de montée et nous quittons le pré dans lequel nous sommes entrés au début de la randonnée, quand nous quittions le Plateau de Lassithi pour attaquer la grimpette.

La petite chapelle et les moutons

Nous sortons d’un pré… pour entrer dans un autre. En effet, en passant la barrière, nous entendons déjà les clochettes des moutons qui paissent de ce côté. Le chemin redescend légèrement pour nous emmener à un croisement. Sur la droite, les hauteurs ; sur la gauche, en contrebas, la petite chapelle et son site exceptionnel.

Comme elle est à moins de 200 m de notre itinéraire, nous décidons de lui rendre visite. Des moutons broutent à deux pas du chemin qui y mène. D’autres nous attendent à l’entrée de l’enclos alors que des mères et leurs petits sont à l’intérieur, cherchant l’ombre des tables de ce petit parc. Notre arrivée, malheureusement, les fait tous fuir par un passage donnant sur un grand pré.

La vue depuis ici est vraiment splendide. Nous profitons alors pendant quelques instants du calme et de la sérénité des lieux avant de rejoindre notre chemin. Celui-ci nous mène bien vite au parking du site archéologique de Karfi.

Un peu plus loin, juste après une petite fontaine, on prend à droite. C’est ici que l’on attaque la partie la plus difficile de la randonnée : jusqu’ici, depuis le Plateau de Lassithi, la pente est restée assez douce. Mais il ne faut pas s’imaginer quelque chose d’impossible. Ici, c’est juste un peu plus pentu sur 300 ou 400 m. Rien qui soit très compliqué, ni bien dangereux.

Le plateau de Lassithi est une des destinations phares de la Crète ; toutefois, si vous souhaitez découvrir d’autres spots de randonnée en Grèce, nous avons préparé un petit récapitulatif de nos meilleures escapades…

Le site archéologique de Karfi

En fait, cela se calme quand on arrive aux premiers murets du site archéologique, tout en haut. C’est ici, dans ces montagnes, que les Minoens se sont réfugiés vers 1100 avant J.-C., quand les Grecs ont envahi l’île. La petite cité de Karfi, construite autour d’un temple existant, a ensuite été abandonnée, au fil du temps, dans le calme et sans violence. En effet, les archéologues n’ont pratiquement rien trouvé dans les maisons, ni aucune trace d’incendie ou de mise à sac.

Là-haut sur la montagne…

En plus de ce petit site minoen perché dans les hauteurs, nous profitons de vues magnifiques sur la mer et les montagnes environnantes. Il y a aussi ici quelques moutons et une chèvre qui broutent les rochers 🙂 : le reste du troupeau que nous avons aperçu tout à l’heure près de la chapelle. Par contre, tous les petits semblent être restés en bas.

La brise qui nous accompagne depuis notre départ s’est peu à peu renforcée. Le vent est maintenant tellement fort que nous décidons de poser les casquettes. En plus, les nuages sont de plus en plus épais. Quelques gouttes commencent même à tomber. Il ne faut donc pas trop s’attarder dans les hauteurs. Nous pensions que le temps changerait, mais pas si vite.

Si vous aimez châteaux et vieilles pierres, vous serez sans intéressé par notre escapade au château de Larissa à Argos, entre Mycènes et Nauplie.

La descente vers le plateau de Nissimos

Nous attaquons ainsi la descente et arrivons très rapidement à la porte de sortie du pré. Le chemin, à peine visible dans les rochers qui coiffent la montagne devient maintenant très marqué. Le sentier suit en effet une jolie combe couverte d’herbes. Nous sommes maintenant sur l’adret (le versant sud de la montagne) et le contraste est saisissant avec la végétation pauvre qui pousse en ubac.

De plus, nous sommes maintenant sur le chemin de Grande Randonnée E4, du moins sur une variante qui propose un aller et retour vers Karfi depuis le plateau de Lassithi. Nous suivons aussi une partie de cet itinéraire lors de nos randonnées dans les Météores, au départ de Kastraki et aussi depuis Kalambaka.

Depuis le haut, nous voyons au loin la chapelle de Timiou Stafrou, toute blanche sur butte au-dessus de Tzermiado. Par contre, il faudra descendre un petit peu avant d’apercevoir celle d’Agias Ariadnis sur le plateau de Nissimos que nous allons traverser avant de rejoindre celui de Lassithi.

La petite route

Si nous étions tout à l’heure au pays des moutons, nous nous trouvons maintenant chez les chèvres. La petite route qui descend en tortillant jusqu’à Tzermiado est bordée de prés où nous entendons leurs bêlements et leurs clochettes. Nous les voyons aussi régulièrement. Et nous avons même droit à un combat de boucs.

En ce qui concerne la météo, nous avons eu beaucoup de chance. La pluie que nous avions prévu depuis le départ de la randonnée a été très sage. Elle a en effet attendu notre retour sur le plateau de Lassithi pour se faire plaisir et s’en donner à cœur joie.

Cette randonnée en Crète, au Plateau de Lassithi, en bref :

Cette escapade autour du Mont Karfi nous en a mis plein les mirettes : décors de montagne, vue sur la mer, découverte de cet extraordinaire Plateau de Lassithi…

Nous regrettons toutefois de ne pas avoir vu les petits moulins tourner, ailes déployées. C’est peut-être une question de saison. Les voiles blanches sont probablement de sortie quand il y a besoin d’eau, à la saison sèche.

Quoi qu’il en soit, cette randonnée à Lassithi peut être couplée avec de nombreuses autres découvertes ; en effet, visiter la Crète, ici, c’est aussi voir :

• L’énorme platane de Krasi
• Le petit musée de l’Homo Sapiens (et ses moulins), à Ano Kera/Άνω Κερά
• La mythique grotte de Zeus, à Psychró
• L’ancien barrage d’Aposelémis

N’oubliez pas non plus de faire un mini détour par le centre de Tzermiado. Ce village est en effet réputé pour son artisanat traditionnel. Vous découvrirez aussi à Agios Georgios/Άγιος Γεώργιος, quelques kilomètres plus au sud, une atmosphère crétoise des plus authentiques…

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