Avant même d’entrer en Grèce, nous avions prévu une randonnée dans les Météores / Μετέωρα. Ces incroyables formations géologiques comptaient en effet parmi les rares destinations programmées de ce voyage.

Pourtant, au tout début de cette aventure, nous ne connaissions rien de cette région hors du commun du centre de la Grèce. Mis à part de magnifiques photos, bien entendu. Nous ne savions même pas où elle se situait exactement.

Les Météores, nichés en Thessalie, sont pourtant une des destinations incontournables des randonneurs en Grèce. En fait, leur beauté incomparable et leur nature encore sauvage en font un vrai petit paradis des marcheurs.

C’est aussi pour ces raisons que le Parc National des Tzoumérka, de la vallée de l’Achelóos, des Ágrafa et des Météores a vu le jour en 2018. Pourtant, dès 1988, l’UNESCO intègre les Météores sur sa liste du patrimoine mondial, en tenant compte du critère naturel, bien sûr, mais surtout de leur valeur culturelle. En effet, dès 985, des moines ascètes viennent se recueillir dans cette région à la beauté époustouflante. Leurs successeurs, quatre siècles plus tard, construiront les premiers monastères « suspendus au ciel ».

Les Météores : petite présentation avant de partir en randonnée

Pourquoi ce nom de « Météores » ?

Le nom de « Météores » semble renvoyer à leur origine Céleste, à prendre au sens divin du terme. En effet, selon certaines légendes, en accord avec l’étymologie, ces pitons rocheux auraient été envoyés du Ciel par la Providence pour accueillir les ermites.

Par ailleurs, d’autres traductions amènent à la notion de « monastères suspendus dans le ciel ».

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Un peu d’histoire

Agias Meteora / Αγίας Μετέωρα (les Saints Météores) comme la région est parfois appelée ici, est une terre incontestablement spirituelle.

En effet, c’est vers 985 que les premiers ermites viennent occuper les grottes naturelles ouvertes dans les falaises.

Il faudra alors attendre quatre siècles pour voir la construction du premier de ces monastères coiffant ces pitons rocheux. Leur présence tout là-haut renforce d’ailleurs l’aspect surnaturel de ces falaises surplombant Kalambaka / Καλαμπάκα et Kastraki / Καστράκι.

On en comptera plus d’une vingtaine. Mais beaucoup seront abandonnés au XVIII^ème siècle. Les troupes ottomanes d’Ali Pacha en détruiront aussi, au début du XIX^ème siècle, lors des soulèvements qui mèneront à l’indépendance de la Grèce.

Au final, seule une dizaine de ces monuments est encore en (très) bon état, dont six ouverts aux visiteurs. Les autres, accrochés à leurs falaises, se « cachent » à l’écart des foules de touristes.

Mais comment ont-ils pu réaliser tout cela ?

L’audacieuse construction de ces ensembles architecturaux a dû requérir des moyens qu’il est difficile d’imaginer. Surtout quand on pense que tous les escaliers d’accès ont été construits au cours du XX^ème siècle !

Avant, on montait là-haut par des échelles en bois et quelques escaliers taillés dans la pierre, à flanc de falaise. Tout était hissé à la force des bras. La vie dans ces lieux devait alors être incroyablement austère.

C’est parti pour la randonnée : à nous les Météores !

Faux départ 🙂 !

En fait, avant toute chose, avant même de nous lancer dans cette randonnée dans les Météores, nous commençons par la visite du Monastère d’Agios Nikolaos Anapafsas / Μονή Αγίου Νικολάου Αναπαυσά (Monastère Saint Nicolas Anapafsas). C’est le plus proche de notre point de départ.

Un des buts de cette randonnée est en effet de visiter au moins un monastère parmi les trois que nous trouvons sur notre parcours. Or ils ferment tous assez tôt (en général en milieu d’après-midi). De plus, il faut prévoir du temps pour la visite et pour monter les escaliers qui y mènent. Nous préférons donc commencer par découvrir ce monastère, le plus petit des six ouverts à la visite.

Nous nous régalons de cette visite. Nous ne savons pas combien de moines habitent dans ces lieux mais l’organisation des espaces de vie et de circulation a l’air très bien pensée. La vue sur Kastraki, depuis la plate-forme supérieure où se trouve le clocher, est vraiment incroyable.

Les broussailles et la prairie

Une fois la visite du monastère terminée, nous retournons au parking de départ. La randonnée démarre alors sur un sentier qui s’en va sur un talus couvert de broussailles.

Nous allons droit sur des falaises avec le monastère d’Agios Nikolaos sur notre droite. Ainsi, ce parcours de randonnée nous permet d’admirer de nouveau ce monastère sur fond de Météores.

Nous prenons ensuite à gauche à la première intersection et passons alors dans un creux. Le sentier se dirige maintenant vers l’ouest pour ensuite descendre vers le sud en longeant une petite prairie. Nous avons là, encore une fois, une belle vue sur le monastère et les Météores.

Puis le chemin s’engage à droite à travers une (mini) « forêt » de fougères pour rejoindre un petit pré que nous contournons par la droite.

Nous nous retrouvons ainsi sur une toute petite route que nous prenons à droite.

En haut de la côte, le parcours continue ensuite sur un large chemin en légère montée. Nous arrivons ainsi bien vite au pied des premiers pitons rocheux.

La tortue ^^ !

C’est là que nous voyons, juste devant nous, une tortue d’Hermann. Et c’est bien la toute première fois que nous croisons le chemin d’une tortue sauvage 🙂 . Le Parc National des Météores est en effet connu pour abriter une grande colonie de ces tortues.

Nous passons alors entre les pitons rocheux et entrons bientôt dans la forêt. Au début, de larges trouées dans la végétation nous permettent d’entrevoir les Météores sur notre droite et le paysage vallonné de l’autre côté. Mais assez vite, la forêt méditerranéenne se transforme en forêt de chênes chevelus. Son ombre bienfaitrice nous protège tout le temps que nous longeons les massifs rocheux, pratiquement sans interruption.

Les Météores et les environs de Kalambaka et Kastraki, font sans aucun doute partie endroits à part, avec un côté presque irréel ; toutefois, si vous souhaitez découvrir d’autres spots de randonnée en Grèce, nous avons préparé un petit récapitulatif de nos meilleures escapades…

En sortant de la forêt…

Juste avant de sortir des bois et d’arriver à un large chemin empierré, nous nous arrêtons quelques instants. En effet, des girolles en bord de chemin, ça ne se refuse pas 😉 !

Cette piste empierrée est suivie par l’E4. Ce sentier européen de Grande Randonnée (qui part de la péninsule ibérique !) traverse les Météores. Et nous l’avons aussi rencontré sur le plateau de Lassithi, en Crète. Malheureusement, il n’est présent que sur les cartes : nous ne voyons aucun balisage qui l’indique sur le terrain. C’est un peu dommage d’être sans arrêt en train de vérifier sa carte ou son GPS.

Le monastère d’Ypapanti / Μονή Υπαπαντής

Nous le suivons donc et arrivons très vite à une des plus belles surprises de cette journée : le monastère d’Ypapanti. En préparant la randonnée, nous ne l’avions pas repérée, cette petite dépendance du Saint Monastère du Grand Météore / Ιερά Μονή Μεγάλου Μετεώρου. Et pourtant, cela en vaut la peine ! Accroché à la falaise, ce monastère est complètement à l’écart du tourisme de masse. Nous sommes ici hors des sentiers battus, ce qui ajoute au charme de ce petit coin de Paradis.

Après une petite pause, nous reprenons le grand chemin. Mais, dans le grand virage à gauche, nous continuons tout droit sur le sentier creux.

Thymios Vlachavas

La piste, elle, permet de monter à la statue que l’on voit tout là-haut sur la gauche. C’est en fait un monument en l’honneur de Thymios Vlachavas, le Robin des bois des Météores. Le site est à 200 m de notre itinéraire.

Tout à la fois guerrier et klephte (voleur qui prenait aux riches et redistribuait aux pauvres), ce prêtre a mené la révolte et organisé la résistance contre l’occupant ottoman. Pendant 3 ans. Trahi, il s’est fait capturer ici avant d’être torturé et cruellement exécuté par les forces d’Ali Pacha. C’était en 1809, c’est-à-dire douze ans avant le début de la Guerre d’Indépendance de la Grèce dont nous parlons un peu dans notre article sur la randonnée au Monastère de Katholiko.

Nous sommes maintenant au plus loin de la randonnée. Le sentier monte toujours et passe un court instant en sous-bois.

Les balcons des Météores

Nous arrivons ensuite sur la roche et la transition est nette. Nous sommes donc au-dessus des pitons rocheux qui entourent le météore d’Ypapanti. De courts sentiers nous invitent d’ailleurs à sortir de l’itinéraire principal pour aller admirer ce décor hors normes, grandiose, au bout des promontoires rocheux.

Ensuite, le chemin repasse en forêt et grimpe toujours, tout tranquillement. En sortant des bois, le chemin s’aplanit un peu et nous découvrons au loin les monastères de Varlaam / Βαρλαάμ et Roussanou / Ρουσάνου. Nous ne nous lassons pas de ces paysages magnifiques…

Les Monastères de Varlaam et Roussanou

Nous arrivons donc aux sites ouverts au public. D’ailleurs, nous trouvons qu’il y a encore beaucoup de monde, sachant que le Monastère du Grand Météore est exceptionnellement fermé.

Le chemin nous mène directement sur son parking. La vue est vraiment impressionnante et les Météores nous laisseront un souvenir impérissable.

Le Monastère du Grand Météore

Le Grand Météore est en fait le premier à avoir été construit et organisé en communauté. Il est aussi le plus important et semble être considéré comme une sorte de guide par les autres monastère.

Ses bâtiments sont fermés, certes, mais les portes du site sont ouvertes. Nous pouvons donc descendre dans la gorge qui sépare le parking du piton où se trouve le monastère. Le chemin se transforme alors en escalier très raide. Les marches sont glissantes. C’est vraiment pentu et le dénivelé important, ce qui n’arrange pas les choses.

Mais nous sommes ici de nouveau à l’ombre et pouvons aller tranquillement. En fait, nous ralentissons par mesure de prudence. C’est en effet le genre d’endroits où il est nécessaire de prendre toutes les précautions possibles pour ne pas se blesser.

Nous arrivons enfin au fond, au niveau du ruisseau et passons sur l’autre rive. Le chemin longe maintenant le ruisseau et continue de descendre.

Le Monastère de Varlaam

Une voie dallée remonte vers le monastère de Varlaam. Les plus courageux peuvent y faire un aller et retour. Mais pas de panique, c’est beaucoup moins raide que l’escalier du Grand Météore. Ça n’a vraiment rien à voir 🙂 .

Une autre façon de voir Varlaam depuis le Grand Météore est de prendre la route et de descendre ensuite ici. Cette solution est :

• plus rapide
• moins fatigante, car il y a moins de dénivelé
• moins agréable, le long de la route et au milieu de la foule

Le chemin du retour

À partir de l’intersection avec le sentier de Varlaam, notre randonnée dans les Météores continue de descendre doucement. Nous passons un joli petit pont en pierre.

Ensuite, la route vers Agios Nikolaos est toute proche. Cependant, nous ne la suivrons pas. Nous préférons en effet la traverser pour être au calme sur le grand chemin qui descend vers Kastraki. Juste avant le monastère, un sentier remonte sur la route que nous devons suivre quelques instants pour retourner au parking de départ.

Cette randonnée dans les Météores à partir de Kastraki, en bref :

Cette escapade dans les Météores a été une succession de paysages hors du commun. Et la présence de tous ces monastères au-dessus des pitons rocheux ne fait que renforcer l’impression surréaliste qui se dégage de cet ensemble.

Et, en prime, nous avons eu droit à deux belles surprises :

• une tortue d’Hermann est passée juste devant nous. C’est la première fois que nous voyons ce genre d’animaux en randonnée.
• le monastère d’Ypapanti, lui aussi totalement inattendu

Pour terminer, cette randonnée au départ de Kastraki offre de très jolis points de vue sur le nord des Météores. Il y a un peu de dénivelé mais c’est la plupart du temps en pente douce, sans difficulté. De plus, ce parcours alterne soleil et longues plages d’ombre. Ce qui n’empêche pas de prendre beaucoup d’eau, protection solaire et compagnie et… de relire notre article sur la canicule 😉 .

Pour finir, il est possible de coupler cette escapade avec celle de Kalambaka (par le chemin bleu sur la carte). Ces boucles sont séparées de 200 m. Le parcours total fait donc 13,5 km avec un dénivelé de 917 m. Les plus courageux pourront ainsi découvrir l’ensemble des Météores en une seule fois !

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