Vivre les chemins de Compostelle en famille

Vivre les chemins de Compostelle en famille

Depuis de nombreuses années, nous marchons sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en famille. Notre périple n’a rien de rocambolesque, rien d’impressionnant. Nous avançons tranquillement en mode pépère. Quelques jours chaque année et encore pas toutes les années. L’exploit ne guide pas nos pas. Non. C’est juste une petite aventure humaine, familiale, devrais-je dire.

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Dans ce tout premier article, nous allons vous conter le début de notre aventure et dans les suivants, nous vous fournirons les infos nécessaires pour que cela devienne la vôtre.

La genèse du projet

Il y a bien longtemps, le chemin de nos vacances nous a conduit à Nasbinals en Lozère. Des pèlerins qui entrent et sortent de la très belle église attirent notre attention. Jusque là, les chemins de Saint-Jacques de Compostelle représentaient une notion très abstraite pour nous. Mais la curiosité nous pousse à étudier de plus près la carte du parcours.

Waouh ! Une aventure de plusieurs mois à travers les chemins de France et d’Espagne, sac au dos ! Et cette ambiance particulière qui règne en ces lieux. Notre cœur de randonneurs palpite très fort. Voilà une aventure pour nous !

Cependant, Marianne n’a que 6 mois. Emmener un bébé dans un tel périple nous fait un peu peur à ce moment-là. Il s’agit de notre premier enfant et l’inexpérience fait alors de nous des parents surprotecteurs.

De toute manière, nous voulons être mieux renseignés avant de nous lancer dans une telle aventure. Et surtout mieux entraînés bien évidemment.

Glaner des infos sur Compostelle

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A peine rentrés à la maison, nous nous lançons dans la course à l’information. A l’époque, nous n’avions pas internet et cela demandait beaucoup plus de temps. Nos sources étaient principalement les livres, les articles de journaux, les magazines, les documentaires, les expositions.

C’est surtout une rencontre avec d’anciens pèlerins qui nous apporte les plus précieux renseignements dont nous avons besoin. Ainsi, nous découvrons comment se passe une journée type de pèlerin, ce qu’il faut prévoir dans le sac, le budget quotidien pour une personne. Ils nous expliquent également que le pèlerin présente un document appelé créanciale (ou crédanciale) qui sera tamponné à chaque étape. Cela peut paraître bête mais nous n’en avions jamais entendu parlé auparavant. Nous apprenons où et comment se la procurer. De même, ils nous décrivent les différents chemins de Compostelle existants.

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La préparation physique

Nous n’étions pas de complets débutants dans le domaine de la randonnée car nous avions déjà réalisé des bonnes marches mais en duo. Nous savions lire les cartes et avions de bonnes connaissances en orientation. En revanche, nous n’avions jamais randonné sur plusieurs jours. Qui plus est, avec une enfant.

Nous commençons alors à faire des randonnées plus régulières avec Marianne. Même si ce n’est qu’un bébé, nous misons sur l’importance de l’immersion dans cet univers. De plus, cela participe à son éveil et est bénéfique pour sa santé.

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Progressivement, nous randonnons plus souvent et tous les jours quand c’est possible pour voir si nous sommes capables de réaliser une certaine distance de manière quotidienne.

Un peu plus grande, Marianne veut alors marcher. Notre rythme s’en trouve, d’un seul coup, ralenti et la distance diminuée. C’est normal. Un peu frustrant au début mais nous avons conscience que c’est à nous de nous adapter à elle et non le contraire.

Avec le temps, elle devient vite une vraie pro de la randonnée même si, comme nous l’avons expliqué dans notre article sur la marche avec un tout-petit, la lassitude la gagne par moment. Par conséquent, nous nous sommes mis à inventer des jeux pour la motiver.

Quand nous avons senti que les kilomètres parcourus quotidiennement n’étaient plus vraiment un problème pour nous, nous avons chargé nos sacs comme pour le grand départ.

L’aventure, oui, mais…

Nous voulions que tout soit parfait, surtout avec une enfant.

Sur la carte, nous avons repéré toutes les villes et villages que nous allions traversés. A chaque endroit, nous téléphonons aux mairies et aux offices de tourisme pour savoir s’ils disposent d’hébergements, tous types confondus : camping, chambre d’hôte, hôtel, gîte d’étapes. Pour ce dernier, nous l’évitons au maximum. On se dit qu’avec une jeune enfant, ce n’est pas l’idéal. Nous leur demandons également s’ils disposent de médecin, de pharmacie, d’épicerie ou même tout simplement de boulangerie ou de boucherie. Tout ce qui peut nous fournir de l’alimentation est bon à prendre.

Nous nous informons aussi des lignes de transport que ce soit train ou bus, pas seulement pour la fin de notre périple. Il est indispensable de prévoir les éventuels coups durs nous obligeant à arrêter notre voyage plus tôt.

En plus, nous nous renseignons de la présence de cabines téléphoniques. Et oui, le portable était beaucoup moins développé à cette époque et nous n’en étions pas équipés.

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Pour le plaisir et la détente de la petite, nous veillons à connaître tous les emplacements d’aires de jeu ou autres moyens de distraire un enfant après une journée de marche.

Point très important : nous contactons aussi la gendarmerie locale ou à défaut la mairie pour leur demander où poser la voiture pour plusieurs jours. Cela permet également qu’ils soient au courant de sa présence.

La première année : année test

Nous avons fait le choix de partir de chez nous plutôt que d’un lieu de départ « officiel ». Nous voulions faire comme les pèlerins autrefois qui partaient de chez eux. A cet époque, le balisage avec les fameuses coquilles commençait à Cluny à 60 km de chez nous.

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Pour notre périple en famille sur les chemins de Compostelle, nous avions prévu de faire une quinzaine de kilomètres par jour et réservé un hébergement à chaque étape. C’est beau l’innocence…

Par chance, cette année-là, nous n’avons pas eu froid : c’était une année de canicule 🙁 !!! Il n’y avait quasi personne sur les chemins. On nous a dit que beaucoup de randonneurs avaient annulé leur réservation dans les campings et les gîtes à cause de la chaleur.

Mais nous avons su adapter nos journées à cette contrainte en partant très tôt le matin et en finissant en tout début d’après-midi.

Cette année fut pour nous une année test qui nous permit de faire les premiers ajustements que nous vous expliquerons dans un prochain article.

Vers Compostelle en famille

Nous sommes partis quand Marianne avait 4 ans et demi.

Marcher sur les chemins de Compostelle en famille durant plusieurs mois ne nous a pas semblé la solution idéale autant pour la petite que d’un point de vue professionnel. Ainsi, nous avons fait le choix de fragmenter le parcours sur plusieurs années.

Nous n’avons jamais rien regretté et c’est devenu notre façon de partir en vacances. La petite sœur a rejoint la troupe, quelques années plus tard. Elle a commencé encore plus jeune que Marianne et tout s’est bien passé.

Partir en famille sur les chemins de Compostelle demande, certes, de l’organisation. Il est bien de savoir sur quoi on s’engage et d’avoir de bonnes informations pour éviter les mauvaises surprises.

Mais cela demande également un petit brin de folie 😉 .

Combien de personnes autour de vous ne le feront jamais ? Combien vous traiteront de parents irresponsables ? Pourquoi ? Tout simplement parce que vous avez osé, et eux non.


Racontez-nous, dans les commentaires, les petites et grandes aventures que vous avez mené sur les chemins avec vos enfants ou, tout simplement, dites-nous ce que cet article vous a apporté 🙂 .

Si vous avez aimé cet article, vous êtes libre de le partager :)

10 réflexions sur « Vivre les chemins de Compostelle en famille »

  1. Je randonne en itinérante avec mon conjoint depuis 10 ans; avec les enfants, avant, c’était à la journée. J’ai vu très peu de gens randonner sur les GR ou Compostelle avec un ou des enfants. C’est audacieux mais riche d’expériences. Je vous souhaite de belles aventures.

    1. Merci beaucoup. Marcher à deux est une belle expérience aussi. Cela soude davantage le couple. Pour Compostelle, nous n’avons, personnellement, jamais croisé de familles. Voyager sur plusieurs jours peut sembler impressionnant et décourage bien souvent les gens. C’est pourtant tellement enrichissant.

  2. Bonjour ! Chouette aventure ! Ça donne envie d’en savoir plus sur le reste du périple 👍👍

  3. Bonjour,
    Ma maman rêvait de faire le chemin de Compostelle mais n’osait pas se lançait. Nous lui avons donc mis le pieds à l’étrier en lui offrant je ne sais plus combien de nuitées pour débuter le chemin. Et elle l’a fait! Elle était seule et l’a fait en 3 ou 4 fois, je ne sais plus.
    Moi, je ne rêve pas de le faire, par contre, je rêve de partir en trek avec les loulous et la tente!

    1. Quelle belle histoire ! C’est bien de l’avoir encouragée. Le plus dur, ce sont les premiers pas. Si elle ne l’avait pas fait, elle l’aurait probablement regretté.
      Emmener les enfants en trek, c’est extra ! Ils en garderont de tellement beaux souvenirs !

  4. Wouah ! Votre histoire est belle.
    Je n’ai pas parcouru le chemin de saint Jacques de Compostelle mais les quelques villages que j’ai eu la chance de visiter étaient vraiment magnifiques. Coup de coeur pour Saint-Guilhem-le-Désert.
    Vous avez du vous en mettre plein la vue 🥰

    1. Nous n’avons pas traversé Saint-Guillhem-le-Désert. Notre parcours a été quelque peu original… mais nous raconterons tout cela dans un autre article. Merci pour ton retour

  5. C’est une jolie histoire! De mon côté depuis la naissance de notre petit garçon on n’est pas très courageux pour les vacances, ça fait 2 ans qu’on va seulement dans la maison de famille en Normandie… il faut qu’on se motive!!

    1. Compostelle a été notre aventure la plus audacieuse. Nous ne sommes même pas partis chaque année et depuis le covid, nous hésitons à partir (et si les frontières se referment…). Ce n’est pas finalement si grave même si ça nous manque. Nous faisons d’autres projets, à la place, qui nous tiennent à cœur. Si pour vous, passez du temps dans la maison familiale vous convient pour l’instant, alors, c’est parfait. Il y a un temps pour chaque chose.
      Merci pour ton commentaire

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