Nous allons voir dans cet article comment s’orienter avec une boussole. Cela fait maintenant quelques mois que nous publions des articles sur la randonnée et nous n’avons pas encore abordé ce thème.

Et même si nous considérons qu’il est essentiel de savoir bien lire une carte IGN, il est tout aussi important de savoir s’orienter à la boussole.

C’est même, avec le sac et les chaussures de randonnée, un des grands symboles du randonneur et de la randonneuse.

Et si pour certains-es c’est un vrai plaisir, pour d’autres, c’est une bête à chagrin. Et s’orienter avec cette boussole de malheur est alors une vraie prise de tête, voire une torture intellectuelle !

Nous allons donc essayer de dédramatiser tout cela, expliquer comment ça marche et détailler les méthodes de base.

La boussole de randonnée

Il existe différents types de boussoles. Pour la pratique de la randonnée, nous vous conseillons d’utiliser une boussole à plaquette, simple et pratique à utiliser.

Voici comment se présente une boussole de randonnée :

• La plaquette rectangulaire, en plastique transparent, sur laquelle se trouvent tout plein de renseignements :
  • Une flèche directionnelle
  • Une règle graduée permettant de mesurer directement les distances en mètres sur une carte au 1/25000
  • Une autre permettant de mesurer directement les distances en mètres sur une carte au 1/50000
  • Une troisième en centimètres et millimètres
  • Un trou rond et un trou triangulaire pour tracer des repères sur la carte
  • Une mini-loupe
• Sur cette plaquette de base, est fixée la boussole proprement dite :
  • Un boîtier transparent rond avec un cadran gradué en degrés de 0° à 360° où sont indiquées les directions N, E, S et O (ou W, en anglais). Il peut être fixe ou tourner par rapport à la plaquette. Sur notre boussole, il tourne. C’est ce que nous appelons plus loin le cadran mobile.
  • A l’intérieur, l’aiguille aimantée pivote librement sur un petit axe de rotation. Elle est souvent de deux couleurs : le côté coloré (généralement rouge ou orange, bien visible) indique le Nord. Parfois, seule la pointe aimantée est peinte. Quoiqu’il en soit, la pointe de l’aiguille indiquant le Nord se repère très vite.
  • Le boîtier peut être rempli d’un liquide transparent. Nous vous conseillons d’ailleurs vivement de choisir une telle boussole car l’aiguille se coince moins.
  • Autour, il y a une bague. Elle aussi graduée en degrés. Si le boîtier qui est fixe, elle tourne. Si le boîtier tourne, la bague est fixe (ce qui est donc notre cas).

En fait, si vous avez une boussole sans plaquette, vous avez l’essentiel. Sur une boussole de randonnée, la plaquette est une aide (précieuse !) qui permet de mieux s’orienter. Plus facilement.

Quelques petites précautions à prendre

Du fait que l’aiguille est aimantée, il faut faire attention à ce qu’il n’y ait pas d’aimant à proximité quand on la range.

Il faut aussi être vigilant-e lors de son utilisation. Approchez un objet métallique ou magnétique, et votre mesure est fausse ! Pour info, il a fallu faire très attention lors des prises de vue de cet article : l’aiguille a dévié sur plusieurs d’entre elles à l’approche de l’appareil. Il a donc fallu refaire ces photos !

D’autre part, pour bien s’orienter, il est vraiment indispensable de tenir la boussole bien horizontale. Quand elle est trop inclinée, l’aiguille se bloque et n’indique pas forcément le nord.

Maintenant que les présentations sont faites, nous allons passer à quelques manipulations de base.

Application n°1 – Orienter sa carte IGN

Pour quelle utilisation ?

Orienter sa carte peut être très utile pour faire le point en cours de randonnée. Cela permet de faire correspondre les éléments du paysage avec ce qui est représenté sur la carte. Et surtout, c’est la manipulation préalable lors de chacun des exercices suivants.

Quand ?

Connaissant votre position, vous pouvez vérifier rapidement si tout est correct. Si tous vos repères visuels sont bien au bon endroit sur la carte.

Nous avons vu, dans notre article lire une carte IGN : les bases que le haut d’une carte IGN TOP25 indique le nord.

Sachant cela, il est facile de bien orienter sa carte de randonnée en faisant coïncider le nord de la carte avec le nord indiqué par l’aiguille de la boussole. Une fois la carte tournée du bon côté, il n’y a plus qu’à vérifier si on y retrouve les éléments du paysage, aux bons endroits. Donc de valider sa position sur le terrain.

La méthode

• Dépliez votre carte et tenez-la (ou, mieux, posez-la) bien à plat, à l’horizontale.
• Mettez votre boussole dessus.
• Tournez votre carte de façon à avoir les traits du quadrillage bleu parallèles à l’aiguille, le haut de la carte vers le nord.

Application n°2 – Choisir un chemin parmi plusieurs

Pour quelle utilisation ?

Cet exercice permet de trouver le bon chemin à une intersection un peu compliquée.

Quand ?

Vous arrivez à un carrefour d’où trois chemins partent en patte d’oie. Malheureusement, sur votre carte, deux seulement sont indiqués. Alors, lequel prendre ?

La méthode

• Dépliez la carte, bien à plat, à l’horizontale.
• Orientez-la (voir l’application n°1).
• Tournez la boussole pour que la flèche directionnelle soit parallèle au chemin que vous devez prendre.
• Faites coïncider le Nord du cadran mobile avec le Nord de l’aiguille.
• Pour plus de facilité, prenez maintenant la boussole en main et repositionnez bien l’aiguille en face du Nord du cadran mobile : la flèche directionnelle vous montre alors le chemin à suivre.

Application n°3 – Déterminer votre position sur un chemin

Pour quelle utilisation ?

Cet exercice permet de connaître sa position sur un chemin et donc de savoir la distance qui reste à parcourir (ou celle déjà faite) sur ce chemin.

Quand ?

Vous savez sur quel chemin vous êtes et vous souhaitez déterminer le lieu où vous vous trouvez exactement.

La méthode

• Dépliez la carte, bien à plat, à l’horizontale.
• Orientez-la (voir l’application n°1).
• Tournez la boussole pour que la flèche directionnelle pointe vers un lieu du paysage (montagne, hameau, ferme isolée…). Ce repère doit aussi être sur la carte.
• Déplacez votre carte de façon à aligner votre repère (réel), sa représentation sur la carte et la flèche directionnelle de la boussole.
• Une fois cette opération un peu délicate (car la carte doit rester orientée !) réalisée, prolongez la ligne joignant les repères jusqu’à votre chemin. Vous avez votre position. C’est magique 😉 !

Application n°4 – La triangulation

Pour quelle utilisation ?

Cet exercice permet de savoir où l’on est.

Quand ?

Vous ne connaissez pas du tout votre position (en gros, il faut bien l’avouer, vous êtes un peu perdu-e) mais vous savez reconnaître précisément des éléments du paysage.

La méthode

• Dépliez la carte, bien à plat, à l’horizontale.
• Orientez-la (voir l’application n°1).
• Prenez un repère dans le paysage (montagne, éolienne, hameau…). Il va servir de premier point de construction pour la triangulation. Pour cela :
  • Prenez la boussole en main, pointez la flèche en direction de l’élément que vous avez choisi.
  • Faites correspondre le Nord du cadran mobile avec le Nord indiqué par l’aiguille. Vous pouvez alors lire la valeur de l’angle qu’il y a entre le Nord et la flèche directionnelle.
  • Reportez maintenant cet angle sur la carte. Pour cela, il faut que l’aiguille soit parallèle au quadrillage bleu. Tournez ensuite la boussole (toute la boussole, pas seulement le cadran) pour que l’aiguille indique le Nord du cadran. Enfin, déplacer la boussole pour qu’un des bords de la plaquette passe par votre repère.
  • « Tracez » alors la ligne passant par ce repère. Si vous avez oublié votre kit de géométrie ou que vous ne voulez pas griffonner votre carte, vous pouvez prendre un brin d’herbe droit, un lacet, le bord d’une feuille de papier… pour matérialiser la ligne.
• De même, faites un second tracé avec un autre élément du paysage, suffisamment décalé par rapport au premier.
• Vous obtenez deux lignes qui se croisent. Le point d’intersection indique votre position.
• Vous pouvez vous en tenir là pour la triangulation. Mais nous vous conseillons très fortement de faire une troisième mesure, pour contrôler que vous n’avez pas fait d’erreur. Normalement, les trois droites doivent se couper en un point unique… aux erreurs de visée et de traçage près 😉 !

Application n°5 – Marcher dans une direction définie, droit devant soi

Pour quelle utilisation ?

Cet exercice permet de rejoindre un lieu que l’on a repéré, soit de visu (mais qui risque de disparaître derrière une colline, un bosquet, des maisons, un diplodocus…), soit sur la carte (et que vous ne voyez pas encore).

Quand ?

Imaginez-vous au milieu de nulle part : un pré immense, en région vallonnée. Vous souhaitez traverser ce pré pour rejoindre un hameau, une route, un gué… Le hic, c’est qu’une colline va bientôt cacher ce repère. C’est aussi la méthode à appliquer dans le brouillard ou la pénombre. Bref, à chaque fois qu’il faut se diriger sans voir son objectif.

La méthode

• Si vous avez repéré votre objectif de visu :
  • Pointez la flèche directionnelle de la boussole du côté de votre destination.
  • Tournez le cadran mobile pour faire correspondre le Nord de ce cadran sur le Nord indiqué par l’aiguille. Cette étape n’est pas absolument nécessaire et vous pouvez très bien caler l’aiguille sur l’azimut de votre choix. La faire pointer sur le Nord du cadran simplifiera l’étape suivante.
  • Avancez vers votre objectif, en pointant constamment la flèche vers votre objectif et en conservant l’aiguille calée sur le Nord du cadran mobile. Si vous avez choisi de laisser l’aiguille sur un azimut quelconque, vous aurez juste un peu plus de difficultés à vérifier votre cap, le repère du Nord étant en général plus visible.
• Si vous avez repéré votre destination sur la carte :
  • Orientez votre carte (voir l’application n°1).
  • Tournez votre boussole de façon à aligner le lieu où vous êtes, votre destination et la flèche directionnelle.
  • Tournez le cadran mobile pour faire coïncider les deux nords.
  • Lancez-vous vers votre destination en vérifiant votre cap très régulièrement.

La mise en oeuvre

Mine de rien, ce type de marche n’est pas aussi simple qu’il en a l’air : il faut vérifier en permanence que l’aiguille est bien sur le Nord du cadran. Et cela pose deux problèmes :

• En fait, pour bien faire, il faudrait avoir un œil par terre pour voir où on met les pieds, un œil droit devant soi pour repérer d’éventuels obstacles à venir et un autre sur la boussole pour vérifier son cap !!!
  Pour devenir ce caméléon à trois yeux multidirectionnels, il suffit de vous entraîner près de chez vous, au calme, en terrain connu.

• Cet exercice demande aussi d’avoir un minimum de confiance en soi. En effet, quand on est dans un endroit inconnu, trouver un lieu caché équivaut un peu à jouer les aventuriers, sans filet…
  Ce petit problème demande donc de se lancer, de se mettre au défi. D’abord dans de petites aventurettes. Puis, au fil du temps et des expériences, à mesure qu’on maîtrise un peu mieux le sujet, augmenter la difficulté et les distances.

Petit bilan

Quand on ne sait pas comment faire, s’orienter à la boussole peut paraître rébarbatif, voire carrément faire peur.

Il faut alors quand même se lancer, oser. D’abord près de chez soi, dans un milieu connu, rassurant où se tromper n’aura aucune conséquence fâcheuse. Et qui dit « se tromper, faire des erreurs« , dit aussi « apprendre de ses erreurs« . Progresser et prendre confiance en soi pour aller toujours un peu plus loin et peut-être un jour, qui sait, « abandonner », au moins en partie, la boussole et s’orienter différemment 🙂 …

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