Les chemins de Compostelle depuis la France

Les chemins de Compostelle depuis la France

Quand nous avons décidé de nous lancer sur les chemins de Compostelle, nous ne connaissions rien de ce pèlerinage. C’était au début des années 2000. Comme nous l’avons expliqué dans notre article Vivre les chemins de Compostelle en famille, nous avons trouvé des informations dans des livres ou par l’intermédiaire de conférences. A l’époque, internet était très jeune (nous aussi 😉 ). Et les données qu’on y trouvait étaient encore très pauvres.

Nous pensions alors qu’il n’y avait qu’un seul chemin de Saint-Jacques : la Voie du Puy-en-Velay. Il s’est avéré qu’elle n’était qu’un des itinéraires historiques vers Compostelle.

Les chemins historiques vers Saint-Jacques-de-Compostelle

Il faut savoir que l’on n’a pas inventé ni créé ces voies de toutes pièces.

Les associations jacquaires se sont en effet attelées à une tâche titanesque : retrouver les traces des anciennes voies de pèlerinage.

Leur enquête les a mené sur différentes pistes.

Dans les écrits anciens, d’abord : témoignages, recensements divers et surtout le précieux Guide du Pèlerin, d’Aimery Picaud, un moine du XIIème siècle.

Sur le terrain ensuite, où l’on retrouve la trace du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle : coquilles sculptées, représentations de Saint-jacques ou présence d’anciens hôpitaux…

Sur le terrain encore, mais d’une manière plus indirecte : par certaines fêtes ou traditions liées à la pérégrination.

Bref, tout ce travail des bénévoles a conduit à tracer les chemins dits « historiques » tant en Espagne qu’en France.

Les chemins de Compostelle en Espagne

Les itinéraires menant à Saint-Jacques-de-Compostelle sont nombreux dans la péninsule ibérique. Des chemins venant de Séville, Madrid, Valence, Barcelone et Lisbonne sillonnent en effet l’Espagne et le Portugal.

Cependant, Aimery Picaud, dans son Guide du Pèlerin, n’aborde que les chemins venant de France et ne présente donc que le camino francés, partant de Puente-la-Reina.

Le réseau des chemins de Compostelle en France

Il y a, en France, quatre chemins historiques. Ils partent d’Arles, du Puy-en-Velay, de Vézelay et de Paris.

Avant de nous lancer, nous avons aussi découvert que de nouveaux chemins se greffaient plus en amont à ces grandes voies compostellanes.

En ce qui nous concernait, un chemin balisé avec les coquilles Saint-Jacques reliait nouvellement Cluny au Puy-en-Velay. Cet itinéraire passait par Roanne, les Monts du Forez et de la Madeleine puis la haute vallée de la Loire.

Ainsi, le réseau primitif était en train de s’étoffer, de s’enrichir. Il allait bientôt couvrir toute la France.

Le réseau européen des chemins de Compostelle

Bien sûr, ce réseau s’est depuis étendu et modernisé, équipé et balisé avec un peu partout la coquille jaune sur fond bleu.

Les grandes voies jacquaires européennes ont donc naturellement commencé à se dessiner en amont des itinéraires français.

Ce réseau de chemins vers Compostelle est maintenant bien établi. Et il couvre toute l’Europe !

carte du réseau européen des chemins de Compostelle
©jakobswege-europa.de

Ainsi, aujourd’hui, on peut rallier Compostelle depuis le fin fond de l’Europe.

Des chemins balisés viennent en effet d’Angleterre, de Belgique, de Suisse ou encore d’Italie.

Allez ! On s’éloigne encore « un peu » : il y a aussi des départs aux Pays-Bas, au Danemark, en Allemagne, en Pologne et en Hongrie. Juste histoire de se rendre compte des distances : près de 3400 km séparent Budapest et Saint-Jacques-de-Compostelle. Ça commence à faire une belle randonnée 😉 !

Et ce n’est pas tout : il y a même des chemins balisés qui joignent Kretinga et Kaunas en Lituanie à Compostelle ! 4200 km : une véritable aventure…

Arrêtons-là cette présentation succincte des réseaux de voies de pèlerinage en Espagne, en France et en Europe. Et intéressons-nous maintenant aux chemins historiques qui permettent d’aller à Compostelle depuis la France.

Zoom sur les chemins historiques entre la France et Compostelle

carte des chemins historiques de Compostelle et du réseau européen
©Manfred Zentgraf – GFDL and CC-BY-SA

Les chemins de Saint-Jacques en France

Nous l’avons dit : il y a en France quatre chemins historiques. Ces quatre itinéraires sont présentés en bleu sur la carte ci-dessus. Tous ces chemins sont balisés avec la coquille jaune sur fond bleu, dans un seul sens. Forcément : on fait le pèlerinage du Puy-en-Velay vers Compostelle, non l’inverse. Même si certains pèlerins reviennent chez eux à pied !

On les retrouve aussi indiqués sur les cartes TOP25 de l’IGN.

Carte IGN avec balisage chemins de Compostelle du côté de Vézelay

Le plus méridional de ces chemins part d’Arles, porte d’entrée de la Camargue.

Un autre démarre au Puy-en-Velay. C’est le plus anciennement balisé et le plus connu. C’était le seul dont nous avions entendu parlé avant de nous renseigner sur les chemins de Compostelle.

Les deux derniers partent de Vézelay et de Paris.

La voie d’Arles

Cette voie jacquaire, aussi appelée « via tolosana » démarre en Provence, et s’en va plein ouest.

C’est la voie du sud de la France. Elle part donc de la vallée du Rhône, longe le Golfe du Lion, traverse les vignobles méditerranéens et les forêts du Haut-Languedoc avant de rejoindre Toulouse et la vallée de la Garonne puis d’entrer en Gascogne. C’est à Oloron-Sainte-Marie qu’elle oblique au sud et s’attaque aux Pyrénées pour passer la frontière au Col du Somport (1632 m).

La voie du Puy-en-Velay

C’est sans conteste LE chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle le plus connu et le plus « couru ». C’est aussi le plus ancien. Il a donc eu tout le temps pour se construire et s’embellir. La via podiensis est maintenant réputée pour être la plus belle, tant pour son patrimoine naturel que pour son riche patrimoine architectural et religieux.

Elle commence au Puy-en-Velay et suit le fameux GR®65, en direction du sud-ouest. Ce chemin traverse ainsi la Margeride et le plateau de l’Aubrac, avant de rejoindre la vallée du Lot, puis celle de la Garonne. Ensuite, cette grande voie jacquaire chemine en Béarn et rencontre le Gers et l’Adour. Deux autres grandes voies historiques se joignent à elle à Ostabat, avant d’escalader les Pyrénées et de passer la frontière espagnole au Col de Roncevaux (1056 m).

Vous trouverez plus d’informations sur cette voie mythique dans notre article Chemin de Compostelle en famille : la voie du Puy-en-Velay.

La voie de Vézelay

Ce chemin, que l’on appelle aussi « via lemovicensis » , part de Bourgogne et rejoint les Pyrénées en allant pratiquement plein sud.

Il est sans aucun doute bien moins fréquenté que le chemin du Puy. Son aménagement logistique est assez récent et ne remonte qu’au début des années 2010. C’est à cette époque en effet que les structures d’accueil historiques ont été complétées avec de nouvelles installations, tant en hébergements qu’en restauration.

En ce qui concerne l’itinéraire, le chemin descend sur le Morvan et le Nivernais. Cette voie traverse ensuite le Limousin, le Périgord, la Gascogne et le Béarn. Elle rejoint la voie du Puy-en-Velay à Montréal-du-Gers.

Une variante berrichonne part de Vézelay et rejoint l’itinéraire principal à Gargilesse, après Châteauroux.

La voie de Tours

On la connaît aussi sous d’autres noms. Historiquement, c’est la via turonensis car elle passe par Tours. Au fil des siècles, on lui a aussi donné les surnoms de « grand chemin de Saint-Jacques » ou de « chemin dallé des pèlerins » . C’est dire l’importance de cette cette voie jacquaire.

Comme son nom ne l’indique pas, son départ officiel est à Paris 😉 !

Elle aussi file droit vers le sud, mais à travers l’Orléanais, la Touraine, le Poitou-Charentes, la Saintonge, le Bordelais, les Landes et le Béarn. Elle arrive à Ostabat, au Pays basque, et se joint aux voies du Puy-en-Velay et de Vézelay.

Les voies secondaires

À ces chemins historiques décrits par Aimery Picaud au XIIème siècle, nous pouvons ajouter deux voies de moindre importance :

  • La voie des Bretons venant du Mont-Saint-Michel ou de Sainte-Anne-d’Auray suit ensuite le littoral atlantique jusqu’à Hendaye.
  • La voie du piémont pyrénéen qui part de Montpellier pour rejoindre Carcassonne, puis le pied des Pyrénées qu’elle longe à travers la Gascogne jusqu’à Oloron-Sainte-Marie, étape de la voie d’Arles.

Les chemins de Saint-Jacques en Espagne

carte des chemins historiques de Compostelle et du réseau européen
©Manfred Zentgraf – GFDL and CC-BY-SA

Pour la plupart, les pèlerins venant de France empruntent en Espagne le camino francés, la suite logique des quatre grandes voies compostellanes de France. Cet itinéraire est présenté en rouge sur la carte ci-dessus. Ce chemin, comme les autres voies jacquaires espagnoles, est balisé avec des flèches jaunes, dans un seul sens. Ce qui n’empêche pas de rencontrer quelques coquilles stylisées 🙂 .

Nous abordons le balisage des chemins de Saint-Jacques dans notre article Le balisage des chemins où nous vous disons tout sur le marquage des sentiers et les différents styles de balises en randonnée pédestre, équestre ou VTT.

Le camino francés

Puente-la-Reina, vous connaissez ? C’est en Espagne une étape aussi importante et symbolique qu’Ostabat en France. En effet, c’est ici que se fait la jonction de tous les chemins historiques français.

Puente-la-Reina est aussi le point de départ du camino francés, LE chemin de Compostelle emprunté par la plus grande majorité des pèlerins et des marcheurs venant de France. C’est en effet la voie jacquaire espagnole que beaucoup connaissent. C’est l’équivalent (et la continuité directe) de la voie du Puy-en-Velay. Le même chemin, avec encore plus de monde puisqu’il y a sur le camino francés les pèlerins venant des trois autres grandes voies jacquaires françaises et bon nombre de jacquets venant d’Espagne.

Le camino francés est donc la principale voie compostellane espagnole empruntée depuis la France. Ainsi, elle part de Puente-la-Reina et traverse tout le nord-ouest de l’Espagne, en allant plein ouest jusqu’à Santiago-de-Compostela.

En la suivant, on passe par la Navarre, le Pays Basque et la Rioja. C’est ensuite la province de Castille-et-Léon pour finir en Galice où se trouve Santiago.

Cet itinéraire, très emprunté, est sur toute sa longueur vraiment bien équipé en structures d’accueil, à tel point qu’il n’est pas nécessaire de réserver sa nuitée dans les auberges.

Les liaisons entre les voies françaises et le camino francés

Puente-la-Reina se trouvant à une petite centaine de kilomètres de la frontière, des liaisons existent entre les chemins de Compostelle français et le camino francés :

  • La liaison entre le col du Somport (sur la voie d’Arles) et Puente-la-Reina s’appelle le camino arragonés. Une fois au pied des Pyrénées, le camino part vers l’ouest, jusqu’à Puente la Reina.
  • Le camino navarro fait la jonction entre le col de Roncevaux (terminus des voies du Puy-en-Velay, de Vézelay et de Paris) et Puente-la-Reina.

Les voies secondaires

  • Le camino del Norte, appelé aussi la ruta de la Costa, fait suite à la voie littorale française venant de Soulac. Il commence à Irun, ville « jumelle » d’Hendaye, de l’autre côté de la Bidassoa. Ce chemin longe ensuite la côte atlantique jusqu’à Ribadeo et rejoint alors Arzua à une trentaine de kilomètres de Santiago. Il est beaucoup moins emprunté que le camino francés et est réputé plus difficile, physiquement parlant.
  • Le camino vasco del interior, aussi connu sous les noms de Ruta Jacobea Vasca et Via de Bayona joint Donostia-San-Sebastian à Burgos ou Santo-Domingo-de-la-Calzada, sur le camino francés.
  • Le camino primitivo, quant à lui, part de Gijon et rejoint le camino francés à Melide, à une quarantaine de kilomètres de Santiago.

Notre article Vivre les chemins de Compostelle en famille pourrait aussi vous intéresser.

Compostelle : la fin du voyage ?

Vous connaissez maintenant l’essentiel du réseau des chemins qui convergent vers Saint-Jacques-de-Compostelle. C’est vraiment immense. Et tout est balisé ! Et même très bien balisé. Les associations qui se sont occupées du marquage (entre autres) ont réalisé un travail la plupart du temps exemplaire.

Il est donc très simple d’aller jusqu’à Compostelle : tous les chemins y mènent 😉 !

Pourtant, Compostelle, bien qu’étant le but principal du pèlerinage, n’est pas une fin en soi. En tous cas, pas pour tout le monde. Certains choisissent en effet de rentrer chez eux à pied, d’autres préfèrent poursuivre jusqu’au Cabo Fisterra. C’est en effet ici, au Cap Finisterre, que se trouve la fameuse borne 0,000 km (assez cocasse quand on vient de faire des centaines de kilomètres !). On ne peut pas aller plus loin : on se trouve au point le plus occidental du continent européen.

Fisterra, c’est aussi et surtout l’endroit où, traditionnellement :

  • Le pèlerin trouve la coquille Saint Jacques qu’il accroche à son sac.
  • Il se jette nu dans l’océan, histoire de se purifier.
  • Il laisse les habits de sa pérégrination, symbole de sa vie passée.
  • Il part pour Muxia, à 30 km de là, symbole de son renouveau.

Non, Compostelle n’est pas une fin en soi. C’est même le début de quelque chose, sans doute le point de départ d’une vie nouvelle…


Seriez-vous prêt à partir sur ces chemins mythiques ? Peut-être l’avez-vous déjà réalisé… Racontez-nous dans les commentaires 🙂

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4 réflexions sur « Les chemins de Compostelle depuis la France »

  1. Je savais qu’il existaient plusieurs chemins de Compostelles maintenant je sais qu’il y en a 4 😉 merci pour ces informations.

  2. Génial ton article. J’ignorai qu’il pouvait y avoir autant de ramifications. C’est top que des associations prennent soin de ce patrimoine inestimable. Je n’ai jamais fais le chemin de Compostelle, mais ça me tente bien un jour. Il va juste falloir attendre que les enfants soient un peu plus grands. Mais ça doit être une superbe expérience en famille.

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