Lire une carte IGN : un peu de pratique

Lire une carte IGN : un peu de pratique

Savoir lire une carte, c’est bien mais la théorie sans la pratique, c’est comme la Bourgogne sans vin, cela n’a pas de sens. C’est bien joli de connaître les essentiels d’une carte et d’apprendre des tas de choses sur le relief mais, concrètement, qu’est-ce que ça va nous apporter?

Nous allons voir en deux exercices que nous pouvons connaître de nombreuses choses à propos d’un parcours. Et notamment, le plus important, ses difficultés (voire même ses passages dangereux). Nous pouvons même déterminer les pentes, ce qui peut être très utile en montagne. Pour raison de sécurité, qui plus est.

Tout ceci paraîtra sans doute rébarbatif, surtout au début. Et surtout qu’on peut trouver toutes ces infos ailleurs, plus rapidement et plus facilement. GPS et smartphones sont aussi là pour ça. Sans aucun doute, et il est hors de question ici d’oublier ces alliés-là, ou d’abandonner ces technologies. Mais qui ne s’est jamais retrouvé avec un appareil qui beugue, un réseau absent, une batterie faible (de moins en moins grâce aux chargeurs externes 😉 ) ou un écran cassé ou dé-pixelisé ?

C’est pourquoi nous pensons qu’il est nécessaire et pratique de savoir lire une carte de randonnée. Et de savoir en tirer les informations essentielles. C’est ce que nous allons découvrir sans plus attendre.

1 – Préparation d’une randonnée

Dans l’exercice suivant, nous imaginons faire une randonnée près d’Ornans (Doubs), dans la haute vallée de la Loue.

Premièrement, sans même regarder la carte, nous savons que ce sera une très chouette randonnée : ce petit coin des contreforts du Jura est en effet un véritable paradis pour les amoureux du grand air ! Que ce soit pour la pratique de la randonnée pédestre, du VTT, de l’escalade, du parapente, du canoë, de la spéléologie ou même de la pêche à la mouche… cet endroit ravira tout le monde.

Mais revenons à nos moutons et préparons cette petite expédition.

Etape n°1 : la vue d’avion

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Dans un premier temps, nous jetons un œil rapide à la carte. Ornans est en haut à gauche. Cette vue d’avion permet de nous rendre compte de la topographie générale du secteur. En l’occurrence, le relief est torturé et la randonnée promet d’être sportive !

Etape n°2 : les dénivelés et la végétation

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Après cet aperçu rapide, nous faisons un zoom sur la zone qui nous intéresse. Nous souhaitons aller du parking (à gauche) au belvédère (la « fleur » magenta) au-dessus de la fontaine en bas à droite de la carte. Ce parcours fait grosso modo 2,5 km de longueur et on passera de 340 à 510 m d’altitude, soit environ 170 m de dénivelé. Vu la configuration du terrain, on peut tabler sur environ 200 m de dénivelé positif.

Au passage, on en profite pour regarder la végétation pour savoir si l’escapade sera ombragée ou au contraire au soleil. Ici, l’essentiel se passe en forêt, jusqu’aux lignes à Haute Tension.

Etape n°3 : l’équidistance des courbes de niveau

Ensuite, nous nous intéressons à l’équidistance des courbes de niveau. En prenant le point coté à 471 m et la ligne des 500 m, on en déduit que l’équidistance est ici de 10 m.

Pour nous qui sommes habitués à lire des cartes avec des paliers de 5 m, nous imaginons une ligne supplémentaire dans chaque intervalle. Et là, on se rend compte que ça grimpe vraiment à certains endroits.

Etape n°4 : l’analyse du parcours

Une bonne grimpette

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  • Entre les points 1 et 2, le chemin est à peu près parallèle aux courbes de niveau et descend un peu avant la cote de 334 m : il est quasiment horizontal. Donc aucune difficulté.
  • Du point 2 au point 3, ça monte sur une centaine de mètres. On passe de 334 m à près de 360 m. Petite difficulté.
  • Ensuite, entre 3 et 4, on part horizontalement ou presque, parallèlement aux courbes de niveau.
  • Arrivé au point 4, on croise la courbe des 360 m et le chemin attaque la pente perpendiculairement aux courbes de niveau. Et ce, jusqu’au point coté à 371 m (repère 5), c’est-à-dire pendant 500 à 600 m. Pour faire simple, on monte de 110 m pour une distance parcourue de 550 m, soit une pente de 20%. C’est LA difficulté du jour !
  • Au point 5, le chemin tourne à angle droit, monte toujours mais très doucement car il est quasi parallèle aux courbes de niveau.

L’arrivée au sommet

  • Puis, entre les repères 6 et 7, c’est carrément plat sur 200 m. A noter qu’à ce niveau, il faudra sans doute faire attention aux plus jeunes car le chemin longe un dévers, un abrupt de quelques mètres. A voir sur le terrain ce que c’est vraiment. Ce danger potentiel est surligné en rouge sur l’extrait de carte.
  • C’est ensuite reparti pour une montée, mais très modérée car le chemin passe en biais par rapport aux courbes de niveau. Au bout d’environ 200 m, le chemin coupe deux fois la ligne des 510 m : il monte un peu au-dessus, puis redescend tout de suite. Le point 8 correspond donc à un point haut.

La descente

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  • Et si on est au point haut, après, ça redescend. Mais tout doux. C’est en fait presque plat jusqu’aux lignes à Haute Tension.
  • Entre les points 9 et 10, le chemin est parallèle aux courbes de niveau : c’est plat, peut-être en légère descente.
  • Ensuite, le chemin va « toucher » la courbe de niveau pour tout de suite s’en écarter : le point 11 est un point bas.
  • Et qui dit point bas, dit remontée. Mais un tout petit peu. Aucune difficulté.
  • A partir du point 12, le parcours s’aplanit.
  • Au repère 13, on descend de nouveau, d’abord très peu, puis franchement dans la dernière partie entre la route et le belvédère.

Etape n°5 : la synthèse des informations recueillies

Voici donc l’analyse complète du dénivelé d’un chemin, pour bien faire comprendre les méthodes.

Sur ce parcours, vous l’aurez compris, les deux parties importantes à repérer sont la grande montée et la zone potentiellement dangereuse pour les petits, juste après. Le reste importe peu et peut être mis de côté.

Au début, se lancer dans une analyse aussi fine permet de s’entraîner. C’est important. Mais, avec l’expérience, vous vous rendrez compte que c’est inutile (et chronophage).

Donc, avec un chouillat de pratique, lire une carte de randonnée se résumera à :

  • Faire dans l’ordre les étapes 1 à 3.
  • Retirer l’essentiel de l’étape n°4 : longueur et dénivelé approximatifs des passages très pentus (que ce soit en montée ou en descente), les endroits présentant des dangers potentiels, les parties ombragées…
  • Ne surtout pas entrer dans le détail : s’il est important de savoir que l’on monte d’une centaine de mètres, il est en revanche totalement inutile de savoir si c’est de 97 m ou de 101,5 m !

2 – Mais comment distinguer les creux des bosses ?

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Voici un extrait de carte représentant la région à l’est du village de La Chaudière dans la Drôme, à 15 ou 20 km de Crest et de Die. La montagne, à cet endroit, est découpée en de multiples contreforts enserrant des vallons creusés par des ruisseaux. En fait, elle ressemble à cette souche dont les racines en nervurent la base.

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On pourrait aussi imaginer une espèce d’accordéon géant.

Mais où sont les vallées ? Où sont les crêtes ?

L’érosion a tellement « croqué » cette pente qu’il est difficile de distinguer sur la carte les lignes de crête des fonds de vallée.

Pour le savoir, voici une méthode toute simple, en deux étapes :

  • Dans un premier temps, trouvez l’aval et l’amont de ce versant.
  • Ensuite, il suffit de tracer des chevrons (des « V »), épousant la forme des courbes de niveau.

Pour savoir comment trouver le haut d’une pente, rendez-vous sur notre article Lire une carte IGN : tous les secrets du relief

On sait alors directement ce qu’il en est :

  • Si les pointes des chevrons sont dirigées vers l’amont, il s’agit d’un vallon, d’une combe. En montagne, on appelle ça un talweg (littéralement le chemin de la vallée). Ils sont tracés en bleu (pour rappeler les ruisseaux) sur la carte ci-dessous.
  • Si les flèches sont dirigées vers l’aval, il s’agit d’une dorsale. Elles sont dessinées en jaune. La ligne qui joint les pointes des chevrons jaunes est appelée ligne de crête ou ligne de partage des eaux.

Autres moyens de repérer les talwegs et les crêtes

Si vous voyez un ruisseau, il est forcément dans un fond de vallée.

Vous pouvez aussi jeter un œil à la toponymie. Des noms comme cluse, gorge, défilé, ravin, val, vallée, vallon, combe ou vau vous indiquent des creux.

Par contre, des noms tels que montagne, mont, serre, crête, crêt, chaume, calm, puy, puech signalent des lieux élevés.

Un cas particulier : le col

Le col est à la fois un sommet (c’est le point haut d’une route) et un point bas entre deux sommets.

Lire une carte, de la théorie à la pratique

Ainsi, avec quelques méthodes simples, il est possible de tirer de nombreux renseignements d’une carte de randonnée.

Et c’est comme partout, c’est en appliquant ces méthodes que l’on comprend tout ça. Et c’est quand on pratique que l’on voit comment réellement lire une carte.

Alors n’hésitez pas à sauter le pas, à vous entraîner, à mener l’enquête ! D’abord sur des chemins près de chez vous, pour des circuits assez courts, ceci permettant de vérifier rapidement vos conclusions. Ensuite, lancez-vous sur des parcours plus éloignés, plus compliqués… Et tous les bons réflexes pris lors de la préparation de vos escapades reviendront sur le terrain, si besoin.

N’hésitez pas non plus à nous laisser des commentaires ou à nous poser des questions sur le sujet. Nos prochains conseils pratiques aborderont la question de l’orientation en randonnée 🙂 .

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6 réflexions sur « Lire une carte IGN : un peu de pratique »

  1. C’est vraiment TOP cet article!
    Merci 🙂
    Je me sens à présent beaucoup plus en confiance de lire une carte IGN.

  2. Merci pour cet article très pédagogique. Un vrai pas à pas pratique, c’est top! Bravo, c’est très bien expliqué!

  3. C’est très bien expliqué ! J’avoue que je ne m’étais jamais vraiment penchée sur une carte IGN parce que je n’y comprenais pas grand chose donc je pense que ça va m’aider, merci !😃

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