Nous abordons Gubbio, à une trentaine de kilomètres au nord d’Assise et de Pérouse, pour une Petite Randonnée de 8 km, de difficulté modérée, avec un peu de grimpette, mais sur des chemins du Club Alpin Italien, donc normalement bien balisés.

N’ayant pas de connexion internet, nous partons sans rien connaître de cette petite ville de l’Ombrie, au centre de l’Italie. Et, surtout, nous ne pouvons pas vérifier les dires de notre guide de randonnée. Nous faisons confiance et comptons sur notre expérience.

Tout comme à Termini, la seule donnée précise que nous connaissons, c’est la météo : soleil et douceur, sans risque d’évolution pour la journée et même le lendemain. Nous savons aussi que Gubbio se situe à une altitude de 500 ou 600 m, bien en dessous de la neige que nous voyons sur les montagnes, au-dessus de 1800 m.

Gubbio

Gubbio est en fait une petite cité médiévale qui, contrairement à San-Gimignano, n’est pas construite au-dessus d’une colline mais accrochée à son flanc.

Les rues, pour la plupart pentues, forment un petit labyrinthe dans lequel on déambule.

Le Palazzio dei Consoli (le Palais des Consuls), imposante bâtisse médiévale abrite le Museo Civico. Il donne sur la Piazza Grande qui surplombe la ville et les environs.

Gubbio et Saint François d’Assise

Cette bourgade est très connue pour une anecdote de la vie de Saint François, le saint patron de l’Italie.

C’est en effet dans les collines que notre allons traverser en randonnée que Saint François d’Assise aurait « dompté » tout en douceur un loup qui effrayait les habitants de Gubbio et des environs.

Gubbio et la Festa dei Ceri

Gubbio est aussi très renommée, dans toute l’Italie, pour sa Festa (ou Corsa) dei Ceri, la fête (ou Course) des Cierges.

Fête religieuse aux origines païennes ?

Cette fête religieuse et folklorique se déroule tous les ans le 15 mai. La tradition veut qu’elle commémore le don de cire que les corporations médiévales faisaient à Sant’Ubaldo, le saint patron de la ville. Certains grands historiens pensent qu’elle aurait en fait des origines païennes, liées au culte de l’antique déesse Cerere, afin de célébrer le printemps et le renouveau de la nature.

Déroulement de la fête

La journée commence par une messe de bénédiction et une procession qui amène les statues de Sant’Ubaldo, San Giorgio et Sant’Antonio au Palais des Consuls. Les trois saints et les trois ceri sont ensuite solennellement sortis du palais et assemblés sur la Grand-Place, bondée de monde, hystérique. Les ceri sont en fait des sortes de hautes colonnes de bois servant de piédestaux aux statues.

La course en elle-même commence ici. Les statues sont alors fixées en partie supérieure des ceri qui sont ensuite redressés et posés sur des brancards. Chaque ensemble pèse ainsi environ 300 kg et le saint culmine à près de 7 m, une fois le brancard sur les épaules des porteurs.

C’est pourquoi chacun des trois ceri est soulevé et manœuvré par une équipe de huit porteurs, qui seront relayés tout au long du parcours (à la volée, sans interrompre la course, bien entendu ! Cela serait trop simple sinon !). C’est donc parti pour plusieurs heures d’efforts dans la joie et la bonne humeur pour amener les saints à la basilique de Sant’Ulbaldo, 2,5 km plus loin et 300 m plus haut ! Une vraie performance athlétique !

L’esprit de la fête

Pourtant, la course se fait dans une ambiance bon-enfant, sans aucun esprit de compétition.

En effet, Ubaldo ouvre la « marche », suivi de Giorgio qui devance Antonio et les trois saints resteront dans cet ordre du début à la fin de cette procession très spéciale.

Départ de la randonnée sur la Piazza Grande de Gubbio

Nous démarrons la randonnée ici, sur la Grand-Place et empruntons la rue du 20 septembre. Cela commence bien : c’est tout plat.

Par contre, au bout de la rue, nous laissons la Porte San Marzial en contre-bas avec la gare du funiculaire juste derrière.

Le monastère San Gerolimo

Nous contournons l’église San Marzial et attaquons la première difficulté de notre escapade. Nous savons que nous montons, dans un premier temps, jusqu’au monastère San Gerolimo. Mais sur quelle distance et quel dénivelé, nous l’ignorons. Le balisage du parcours 253 du CAI indique simplement vingt minutes de marche.

Nous allons donc là-haut par une piste goudronnée en lacets fréquentée par les promeneurs de Gubbio.

En arrivant au monastère, nous passons devant les treize premières stations d’un chemin de croix monumental. La quatorzième se trouve dans la cour du couvent, abritée par une petite chapelle. Tout de suite derrière, il y a la petite église, très sobre, de ce monastère.

Les pentes du Monte Ansiano

Nous en repartons en continuant sur l’itinéraire 253 du CAI par le sentier empierré qui monte derrière le chemin de croix. Nous grimpons comme ça à travers la belle forêt méditerranéenne qui colonise les pentes du Monte Ansiano qui nous surplombe. Des trouées dans la végétation nous permet d’admirer Gubbio et sa région. Nous montons ainsi assez tranquillement jusqu’à une dernière grimpette un peu plus raide. Nous arrivons alors à un long replat, à flanc de montagne. La terre du chemin y est parfois retenue par des troncs couchés. Le sentier est par endroits si étroit que nous nous demandons comment les trois motos qui nous ont doublés tout à l’heure ont pu passer.

Nous poursuivons alors jusqu’à l’intersection de Parco di Coppo, à 770 m.

Le Parco di Coppo

D’ici, nous décidons de pousser jusqu’au Parco di Coppo, à dix minutes de là, en poursuivant sur le 253. Nous y trouvons un bar-restaurant, un parc avec tables de pique-nique, barbecues, points d’eau… Bref, il y a ici tout le nécessaire pour faire une pause et regonfler les réserves en eau.

Volontairement, nous délaissons la petite route qui pourrait nous emmener directement à Santa Margherita, un peu plus loin sur notre parcours. En fait, nous préférons revenir un peu sur nos pas, jusqu’à la croisée des chemins de Parco di Coppo et nous rendre à Santa Margherita par les sentiers. D’abord par le 251 vers Gubbio puis, cent mètres après, par le 257 en direction de la basilique Sant’Ulbaldo. Ce sentier nous fait sortir de la forêt puis monter vers la route à travers prés.

Santa Margherita

N’imaginez pas trouver ici d’église, de chapelle, ni même d’oratoire. Il n’y a là qu’un poteau directionnel du CAI.

Si la croisée des chemins de Parco di Coppo marque la bifurcation entre les parcours jaune et orange que nous proposons, Santa Margherita en représente le point de jonction.

La petite ville de Gubbio et ses environs nous ont vraiment conquis ; toutefois, si vous souhaitez découvrir d’autres spots de randonnée en Italie, nous avons préparé un petit récapitulatif de nos meilleures escapades, un peu plus loin d’Assise…

Le Monte Ingino

De Santa Margherita, à 770 m, nous nous élançons pour nous attaquer à l’ascension du Monte Ingino qui culmine à 880 m. Ce qui nous promet encore un peu de grimpette 😀 .

Dans un premier temps, nous suivons la route qui mène à Sant’Ubaldo, mais sur une petite centaine de mètres seulement. Ensuite, nous prenons le sentier qui surplombe la route et serpente ensuite, accroché aux pentes abruptes de cette grosse colline.

Nous arrivons alors à quelques ruines que nous traversons. La vue est vraiment magnifique.

La rocche (en italien dans le texte 🙂 ), c’est-à-dire le château qui couronne le Monte Ingino, est toute proche et les grosses difficultés sont maintenant derrière nous. À partir de maintenant, en effet, ça redescend.

L’échafaudage

Juste en dessous des vestiges du château, à une trentaine de mètres, se trouve un immense échafaudage. Il enjambe le sentier : nous passons donc dessous.

Cette structure démesurée est construite à flanc de montagne, bien haubanée et ancrée dans la pierre. Mais elle semble ne servir à rien. En effet, il n’y a aucun mur à crépir, aucun toit à réparer. Absolument rien !!!???

Sur le coup, nous ne comprenons pas l’utilité ce gigantesque assemblage. Il va encore falloir mener l’enquête pour résoudre ce mystère. Maintenant, nous savons que cet échafaudage de plusieurs tonnes sert à ça :

Le monstre d’acier soutient en fait l’étoile filante du sapin de Noël de Gubbio. Avec ses 650 m de haut et 450 m de large, c’est tout simplement le plus grand du monde. Des kilomètres de câbles électriques, des milliers de projecteurs. Le tout alimenté par des panneaux solaires. C’est vraiment impressionnant.

Et il est visible à cinquante kilomètres de Gubbio, bien au-delà d’Assise, qui n’est qu’à 35 km à vol d’oiseau : cette randonnée nous aura donc aussi montré qu’ils aiment faire les choses en grand, ici !

Bref, rien à voir avec notre mini sapin de Noël tutti rikiki…

La basilique Sant’Ulbaldo

Depuis l’échafaudage, nous apercevons déjà les toits de la basilique dédiée au saint patron de Gubbio. Elle est juste en dessous de nous.

Nous y arrivons donc très rapidement. C’est ici que se trouve la ligne d’arrivée de la Corsa dei Ceri.

La descente vers Gubbio

Nous terminons donc notre randonnée dans cette belle région d’Assise en descendant la route qui mène à Gubbio.

Nous faisons donc le chemin de la course des cierges, mais en sens inverse. C’est donc très facile : ça descend tout le long. Toutefois, nous essayons d’imaginer (sans vraiment y parvenir) les souffrances endurées par les porteurs de cette procession tout à fait hors du commun. C’est en tout cas une aventure qui doit souder à jamais les membres de chacune de ces équipes.

Nous entrons dans la ville par la porte Sant’Ulbaldo et longeons ensuite les remparts. Ceci nous amène rapidement à l’église San Marzial et donc au bout de la rue du 20 septembre.

Cette belle randonnée dans les collines de Gubbio, où vécut Saint François d’Assise, en bref :

Nous sommes partis pour cette petite boucle sans avoir pu faire toutes les vérifications nécessaires. En effet, hormis la météo et l’altitude, nous ne savions rien de cette escapade. En fait, nous avons découvert Gubbio sur place.

Certes, nous avons sans aucun doute rater des monuments. Mais nous avons ressenti dans cette cité médiévale une ambiance particulièrement positive.

Juste en suivant le balisage du CAI, alors que nous n’avions pas pu préparer notre randonnée comme nous l’aurions souhaité, nous ne nous sommes jamais perdus. Le Club Alpin Italien fait donc un excellent travail, au moins sur ce point-là. Chapeau bas !

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