Chemin de Compostelle en famille : le Camino Navarro

Chemin de Compostelle en famille : le Camino Navarro

Découvrir en famille le Camino Navarro est la continuité directe de l’aventure commencée au Puy-en-Velay sur les chemins de Compostelle. Ce camino commence donc à l’endroit où se termine la via podiensis, au col de Roncevaux. Ou plutôt, pour être exact, au col de Bentarte (1344 m), pile sur la frontière. Car Roncevaux est quelques kilomètres plus loin, en Espagne.

Le chemin navarrais descend ensuite vers le sud-ouest à travers la Navarre espagnole, via Pampelune, jusqu’à Puente-la-Reina. Cette bourgade est le point de départ du Camino Francés, le principal chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne. Le Camino Navarro est donc très court et ne mesure que soixante-quinze kilomètres.

Tout comme la voie du Puy-en-Velay, il suit le GR®65 qui se prolonge en Espagne.

Vous trouverez plus d’informations sur cette voie mythique dans notre article Chemin de Compostelle en famille : la voie du Puy-en-Velay.

Mais à partir de Roncesvalles, le camino navarro et le GR®65 se séparent, tout en se suivant à bonne distance, cap au sud-ouest.

Peu avant Puente-la-Reina, le camino aragonés, prolongement de la voie d’Arles, rejoint le camino navarro. A partir d’ici, les quatre principaux chemins historiques de France n’en forment plus qu’un seul : le camino francés.

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Puente-la-Reina (Aherrero – Flickr)

Pas à pas pour les adultes

ÉtapeDepuisJusqu’àDistance (km)Cumul (km)
1Col de BentarteRoncesvalles7,57,5
2RoncesvallesLarrasoaña2229,5
3LarrasoañaPamplona2049,5
4PamplonaPuente la Reina2473,5
Tableau des étapes conseillées dans la plupart des guides

En famille

Une première étape assez difficile

Etape longue et pentue

Puisqu’il n’y a pas vraiment de structure d’accueil au col de Bentarte, on doit ajouter les 15 km qui séparent Saint-Jean-Pied-de-Port de ce col. Cette étape trans-frontalière, à cheval sur la voie du Puy et le camino navarro fait donc 22,5 km, avec 1650 m de dénivelé. Un très gros morceau, donc. C’est en fait une des étapes les plus difficiles entre le Puy-en-Velay et Saint-Jacques-de-Compostelle.

Il est donc absolument nécessaire de trouver un moyen pour la morceler. Cette étape vers Compostelle sur le camino navarro est en effet irréalisable, telle quelle, en famille.

Une solution… en deux jours

Mais pas de panique, il existe plusieurs hébergements dans la grimpette vers le col de Bentarte. Ainsi, les plus intéressants pour saucissonner correctement cette étape difficile sont le refuge d’Orisson ou l’Auberge Borda, un peu avant le pic d’Orisson. Ce choix ne tient compte que du positionnement géographique de ces établissements. Rien d’autre. Mais ils permettent de faire 6,5 ou 7,5 km avec à peu près la moitié du dénivelé de l’étape entière.

C’est-à-dire qu’il est possible de réaliser l’étape Saint-Jean-Pied-de-Port – Roncevaux en deux jours :

  • Une première halte avant le pic d’Orisson, qui permet de faire un tiers du kilométrage et la moitié du dénivelé. Courte, elle permet d’arriver assez tôt à l’hébergement, de s’y reposer en prévision de l’étape du lendemain.
  • Une seconde journée tout aussi éprouvante mais avec des côtes moins raides, du plat et des descentes (qui font du bien au moral 🙂 ), surtout sur la fin. Il faut aussi savoir qu’il y a un refuge d’urgence dans la montagne, avant le col de Lepoeder. Cependant, « refuge d’urgence » signifie « spartiate, très sommaire, avec le strict minimum » mais aussi et avant tout « refuge, abri, toit, réconfort… » . De plus, cette baraque est le signe qu’on est à 5 km de Roncevaux et qu’on a très bientôt fini la grimpette.

Pas-à-pas en famille

motiver-enfants-marcher

Ainsi, nous venons de voir comment réorganiser la première étape du camino navarro : le passage des Pyrénées vers Compostelle est un chouillat compliqué mais réalisable, même en famille.

Il faudra en faire de même avec le reste du parcours en respectant ces quelques règles, pour un voyage en complète autonomie (avec une ou deux tentes) :

  • Les étapes ne doivent pas dépasser 15 ou 16 km. Prévoir une moyenne quotidienne de 13 ou 14 km.
  • Ne jamais dépasser 20 ou 21 km. Des étapes aussi longues doivent rester exceptionnelles.
  • Intercaler de temps en temps des étapes repos. Soit un arrêt complet d’une journée, le temps de visiter une ville par exemple. Soit, ce que nous préférons souvent, une étape très courte, de 4 à 6 km, qui permet d’avancer un peu et de se requinquer quand même.

Les chemins de Compostelle en famille : ça vous tente ? Nous vous proposons de découvrir les autres chemins existants

À ne pas rater

Outre les grands espaces sauvages que vous traverserez sur le camino navarro, vous pourrez admirez en chemin :

Col de Bentarte, à 1344 m. Le chemin passe juste en dessous.

Col de Lepoeder (Orbaitzeta), à 1429 m. Point culminant du camino navarro. Attention, le col est interdit en période hivernale (voir la variante par Valcarlos).

Col de Sabukadi, à 1138 m. Proche du chemin, la abuela (la grand-mère), un hêtre centenaire.

Roncevaux (Orreaga-Roncesvalles). Collégiale royale avec l’église gothique de Santa María la Real, les chapelles gothiques de San Agustín et de Santiago et la chapelle romane Sancti Spiritus.

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Roncevaux (ElCamino2006 – flickr)

Viscarret-Gerendiain. Église San Saturnino.

Lintzoain. Église de Saint Saturnin de Toulouse, du XIIIème siècle (de période gothique, donc, mais de style roman).

Zubiri. Puente de la rabia, le pont de la rage.

Larrasoaña. Pont des bandits, à l’entrée du village. Église de San Nicolas.

Villava-Atarrabia. Hospice et chapelle de Trinidad de Arre.

Pampelune (Pamplona, en espagnol – Iruñea, en basque), la capitale de la Navarre (voire du Pays Basque, pour certains). Citadelle. Cathédrale gothique de Santa Maria, du XIVème siècle. Les fêtes de San Fermín, suivies tous les ans par 3 millions de personnes du 6 au 14 juillet.

Cizur Menor. Eglise romane de San Miguel Arcángel.

Alto del Perdón (770 m). Sculpture monumentale moderne des Pèlerins en marche.

Obanos. Village où le camino aragonés, continuité de la voie d’Arles, rejoint le camino navarro, 3,5 km avant Puente-la-Reina.

Puente-la-Reina (Gares, en basque). Rúa Mayor (grande rue). Pont des pèlerins. Eglise romane de Santa Maria de las Huertas, plus connue sous le nom d’église du Crucifix. Eglise de Santiago, du XIIème siècle, avec un portail dont certains éléments sont inspirés de l’art musulman. Statue (moderne) du Pèlerin, à l’entrée de la ville en venant d’Obanos.

Et après Puente-la-Reina ? Vous pouvez (re)lire nos articles sur le Camino Francés jusqu’à León et le Camino Francés au-delà de León.

Variantes

  • Une variante par Luzaide-Valcarlos est proposée dès le départ de Saint-Jean-Pied-de-Port. Cette alternative semble toute aussi difficile, physiquement parlant avec une distance et un dénivelé comparables. Cet itinéraire, qui passe par le col de Roncevaux, présente toutefois deux avantages :
    • Il y a sur ce parcours de plus nombreux points de ravitaillement (ce qui signifie des sacs moins chargés au départ). Et il en est de même avec les hébergements.
    • Comme cet itinéraire suit la route, il est aussi possible de faire du stop, au cas où.

Cependant, du 1er novembre au 31 mars, il est OBLIGATOIRE de prendre cette variante. En effet, le col de Lepoeder est interdit, sous peine d’amende.

  • Au col de Lepoeder, quelques kilomètres après la frontière, une alternative quitte le GR®65 et gagne Roncesvalles par la route Napoléon (GR®11 et 12). C’est la route que l’on suit depuis Saint-Jean-Pied-de-Port. Mais ici, cette voie stratégique utilisée par Napoléon lors de sa campagne d’Espagne, n’a rien d’une voie impériale ! Parler de « chemin goudronné » serait ici plus exact. Quoi qu’il en soit, cet itinéraire passe par le col de Roncevaux (Puerto de Ibañeta) où se trouve le monument de Roland et la chapelle San Salvador. C’est ici que l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne, commandée par son neveu Roland, se serait fait étriper par les Vascons.

Pampelune, début juillet…

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San Fermin Pamplona Navarra – Unsplash

Les fêtes de San Fermín

Pampelune, ville de 200000 habitants, organise les fêtes de San Fermín. C’est en fait une fiesta monstrueuse, suivie tous les ans par 3 millions de personnes, du 6 au 14 juillet. Donc, pour situer cet événement, c’est la troisième plus grosse manifestation mondiale après le carnaval de Rio et la fête de la bière de Munich ! Feria, courses de taureaux dans les rues et processions le jour, bars (très) animés la nuit, pendant 8 jours !

Il n’est donc même pas envisageable de pouvoir faire un bon gros dodo à Pampelune-même pendant cette semaine de festivités. Soit parce que l’on aura des difficultés pour trouver un hébergement, soit parce qu’il risque d’y avoir un petit peu de bruit dans les rues du centre-ville.

« Notre » encierro

Quant à nous, loin du Camino Navarro, nous avons eu l’honneur de suivre à la télé l’encierro en compagnie d’une famille basque : c’était sur le Camino del Norte, un autre chemin de Compostelle.

L’encierro, c’est la fameuse course taureaux dans les rues de Pampelune, sur 800 m de longueur. Et tout le monde se presse pour voir ceux qui ont l’honneur de courir devant les taureaux, au risque de se faire piétiner.

Il est vrai que ça a été difficile à encaisser au petit-déjeuner 🙁 . Mais nous ne pouvions pas refuser l’invitation des propriétaires du camping : ils étaient tellement fiers de nous montrer ça. En fait, nous avons senti que c’était vraiment très important pour eux, une sorte de tradition suivie depuis la nuit des temps. Tout un pan de leur culture.

C’est aussi ça, les chemins de Compostelle : découvrir d’autres cultures 🙂 .

Découvrez le début de notre aventure sur le chemin de Compostelle en famille en partant de chez nous pour rejoindre le Puy en Velay.

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4 réflexions sur « Chemin de Compostelle en famille : le Camino Navarro »

  1. Une belle balade en perspective ! A partir de quel âge puis-je songer à la faire avec mon bébé qui marche a peine ? J’imagine qu’il vaut mieux qu’il marche un peu pour éviter de trop porter

    1. Nous sommes partis avec Marianne, notre aînée quand elle avait 4 ans et demi. C’est plutôt un bon âge, à condition qu’il soit bien préparé. Cela permet de bien les habituer à la marche mais aussi de voir s’ils sont prêts à marcher sur plusieurs jours d’affilée. Il y aura beaucoup de portage. A cet âge-là, ce qui leur importe le plus, c’est d’être avec leurs parents. Et si le doudou est du voyage, tout va bien.
      Notre cadette, quand à elle, ne marchait pas encore donc nous la portions tout le temps. Tout s’est très bien passé. Le soucis est le surplus de matériel que ça implique, en l’occurrence les couches. C’est un choix à faire mais rien d’impossible 🙂

  2. Ton récit me rappelle les randonnées dans les Pyrénées que je faisais avec mes parents quand j’étais petit. J’en garde de très bons souvenirs. Je n’ai pas encore d’enfant mais, à mon sens, ses moments entre parents et enfants sont très importants.
    Bonnes balades 😉

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