Ethique en rando, un cadeau à nos enfants

Ethique en rando, un cadeau à nos enfants

Du fait même de son côté nature, la randonnée demande de respecter une certaine éthique et quelques règles vis-à-vis de Dame Nature bien sûr mais aussi envers les autres, qu’ils soient randonneurs, baliseurs, agriculteurs, élus locaux ou bénévoles d’associations.

En effet, randonner sur des chemins balisés et entretenus n’est possible qu’avec le concours et le travail de nombreuses personnes. Si nous souhaitons que ça continue, que nos enfants en profitent encore longtemps, respectons la nature et respectons ce travail. Sans même parler de toutes les lois, règlements et contraintes diverses qui encadrent certaines pratiques et protègent certains sites comme les parcs nationaux.

Cette approche éthique de la randonnée est résumée dans la charte du randonneur élaborée par la FFRandonnée, en 12 points volontairement très laconiques.

Nous souhaitons ici reprendre un peu plus en détail ces recommandations pour mieux les comprendre.

Respectons les espaces protégés

Il faut savoir que tout site naturel sensible est généralement protégé par une réglementation plus ou moins stricte. On ne parle plus ici de recommandations mais bien de lois. Lois adoptées, votées, officielles. Et ces lois, comme de bien entendu, sont accompagnées de leurs sanctions en cas de constat d’infraction.

Et, en fin de compte, ils sont assez nombreux, ces espaces protégés. Il y a bien sûr les parcs nationaux et régionaux, mais aussi marais, dunes, tourbières, pelouses calcicoles, certains bords de rivière…

La FFRandonnée recommande de se renseigner avant de partir. Oui, mais ce n’est pas forcément facile de trouver les infos nécessaires sur internet. Pour les parc nationaux, les sites internet sont en général bien complets. Mais pour aller ailleurs, le mieux est peut-être de contacter la maison du parc ou les offices de tourisme. Quoiqu’il en soit, sur place, vous trouverez souvent des panneaux explicatifs.

Restons sur les sentiers

Nous pensons ici surtout aux espaces naturels où la végétation a du mal à s’accrocher. Ainsi, la montagne, les garrigues ou les dunes sont des milieux très fragiles. Piétinée, leur flore (et la faune qui y est associée) peut malheureusement disparaître très rapidement.

Chemin à travers les dunes

Et le pire, c’est que dans ces milieux extrêmes, il est parfois plus facile de marcher en dehors des chemins. En effet, les cailloux ou le sable maintenus par des herbes ne roulent pas et ne glissent pas sous les semelles. On a donc tendance à marcher plus volontiers sur l’herbe que sur les chemins qui, en plus, peuvent être profonds. On trace alors un deuxième chemin à côté du premier. Puis un troisième et plus rien du tout parce que le terrain est complètement saccagé…

Les milieux humides semblent mieux protégés du piétinement. En effet, la plupart des tourbières sont aménagées. On y chemine généralement sur des pontons et s’il n’y a rien, personne n’est vraiment tenté d’aller patauger.

Nettoyons nos semelles

Sans s’en rendre compte, on en trimbale des graines sous nos chaussures ou sur nos vêtements. C’est un des nombreux moyens inventés par Dame Nature pour multiplier les espèces. Et ça marche ! Même très bien, au point que certaines plantes deviennent indésirables à certains endroits.

C’est d’ailleurs pour cette raison que certains pays demandent que l’on nettoie les chaussures et les pneus des véhicules avant d’entrer sur leur territoire. L’Australie est un des exemples les plus connus.

Mais il faut bien avouer que, perso, nous ne faisons pas souvent le ménage en fin de randonnée, avant de revenir à la maison. Il est vrai qu’on enlève le plus gros de la boue collée aux godasses mais c’est plus pour ne pas trop salir la voiture qu’autre chose. On enlève bien les graines de gaillet gratteron ou de bardane agrippées aux vêtements mais c’est une préoccupation esthétique. Quant à la tente, elle est vidée des herbes, feuilles et graines à la maison et c’est quasi systématique…

Refermons les clôtures et les barrières

Voici donc les agriculteurs dont nous parlions en introduction. Eh oui ! certains chemins balisés traversent des prés. Un grand merci à tous les éleveurs qui l’autorisent. En contrepartie, nous, randonneurs, n’avons qu’à respecter des règles de conduite simples : refermer les barrières, tenir nos chiens en laisse et ne pas perturber la vie paisible des troupeaux. Les agriculteurs, eux, ne mettront pas d’animaux dangereux dans ces prés. Attention tout de même à ne pas trop approcher des petits : ça pourrait inquiéter leurs mères.

Rencontre avec une vache dans un pré

Gardons les chiens en laisse

« Nous le considérons comme un ami, les animaux sauvages le perçoivent comme un prédateur ! » Tout est dit. Toutefois, à chacun de voir en fonction de son chien. En revanche, toujours avoir la laisse à portée de main.

Récupérons nos déchets

« Le meilleur déchet est celui que nous ne produisons pas. Choisissez les produits que vous utilisez. » Nous sommes entièrement d’accord avec ces recommandations. Et nous essayons de préparer biscuits et boissons rafraîchissantes pour nos petites randonnées. En plus, les petits marmitons adorent ça. Mais tout ceci n’est possible que pour de la Petite Randonnée.

C’est même inimaginable en Grande Randonnée. On achète alors ce qu’on mange. Et là, c’est la cata : boîtes en carton + cellophane + barquette en plastique + emballage individuel. Et tout ça rien que pour un cookie (même bio) ! C’est honteux. A moins bien sûr de se dire qu’on part pour 2 ou 3 semaines de survie douce (comme Vianney Clavreul, mais lui, c’était pendant plusieurs mois !). A moins de tomber sur une épicerie en vrac…

En fait, en Grande Randonnée, nous nous devons de trimbaler nos inévitables déchets, jusqu’à trouver une poubelle ou si on est chanceux un espace de tri.

Partageons les espaces naturels

Sur les chemins, nous ne sommes pas les seuls, nous pouvons croiser des VTT, des cavaliers, des soucoupes volantes, des exploitants forestiers, des motards, des quads…

Autant de raisons pour faire attention et se respecter mutuellement. A nous randonneurs de nous écarter un peu, à eux de ralentir, de passer au pas ou de relâcher les gaz.

Laissons pousser les fleurs

En ce qui nous concerne, nous ne cueillons jamais de fleurs pour faire de bouquet. Nous préférons les photos, ça dure plus longtemps ! Il y a quand même eu quelques exceptions, quand les filles étaient petites.

fleurs blanches de montagne

Quant à arracher une plante dans la nature, ça ne nous viendrait même pas à l’idée ! Il faut d’ailleurs savoir que dans la plupart des milieux naturels sensibles, cueillette et arrachage sont strictement interdits.

Pourtant, nous cueillons et ramassons fruits (compotes, conserves…), champignons (omelettes, assaisonnement…), feuilles et fleurs (tisanes) autour de chez nous, mais hors contexte de randonnée. Sauf bien sûr pour le premier défi que nous nous sommes lancés sur ce blog : la survie douce dont la réussite dépend de la cueillette.

Et pour que notre démarche soit très claire, voici les quelques règles que nous appliquons :

  • Nous cueillons toujours dans des espaces naturels non protégés, où la cueillette est libre et autorisée.
  • La priorité dans la cueillette ou le ramassage revient aux fruits. Viennent ensuite les herbes.
  • La survie douce n’étant pas une science innée (pour nous en tout cas), nous ne cueillons que les herbes que nous connaissons. C’est-à-dire des plantes très communes.
  • Nous veillons à ne récolter qu’une petite partie de chacune des espèces que nous voyons. Si une espèce n’est que trop peu représentée, nous n’en cueillons pas.
  • Nous ne prélevons que ce dont nous avons besoin : pas grand-chose. C’est uniquement pour notre consommation personnelle, le jour de la randonnée.

Soyons discrets

En effet, rencontrer des animaux sauvages est un des plaisirs de la randonnée. Et il est facile de voir insectes, écureuils, lapins, serpents, campagnols, oiseaux ou même chevreuils et renards.

Une salamandre noire

Les observer est une autre paire de manches ! Et pour ça, il faut être vraiment très discret, extrêmement patient et connaître quelques petites techniques d’approche.

Mais notre discrétion permet avant tout de ne pas les déranger et de ne pas les inquiéter.

Ne faisons pas de feu

Le feu est dangereux, voire très dangereux, surtout dans les zones desséchées par le soleil. Tous les ans, le midi de la France est ravagé par des incendies, parfois meurtriers. Il faut faire très attention. C’est pourquoi, par exemple, il est strictement interdit de faire du feu (et même de fumer une cigarette !) dans les calanques, toute l’année.

Mégot de cigarette sur des herbes sèches

Nous ne faisons jamais de feu en randonnée. Jusqu’ici, la seule exception a été lors de notre deuxième sortie en survie douce. Pour la première, nous n’avions pas réussi…

Nous respectons les consignes suivantes :

  • Toujours avoir de l’eau à proximité.
  • Choisir un endroit bien vert, où la végétation n’est pas desséchée.
  • Délimiter le feu de camp avec des pierres pour limiter les risques de propagation.
  • Ne pas utiliser de végétaux qui pourraient former des flammèches.
  • Constamment avoir un œil sur le feu.
  • S’assurer qu’il est bien éteint quand on quitte les lieux. Au besoin, verser de l’eau sur les dernières braises.

Préservons nos sites

Et bien dites donc, nous n’avions jamais entendu parlé du programme Suric@te. Incroyable ! Plus de 25 ans de randonnée et nous le découvrons… Nous avons donc eu l’occasion de croiser de nombreux panneaux cassés, autocollants arrachés, balises quasi effacées. Autant d’infos disparues que nous n’avons jamais signalées, faute de savoir comment faire.

A y regarder de plus près, Suric@te ne fonctionne « que » depuis début 2014. Pour être précis, octobre 2013 dans sa version test. Huit années quand même sans en avoir entendu parler !

Nous nous sommes donc renseignés un petit peu sur cette belle initiative et vous en proposons un petit bilan au terme de huit ans de fonctionnement :

  • 4150 problèmes ont été signalés, soit près de 520 par an.
  • 1486 sont en cours de traitement, soit environ 36% des cas.
  • 639 sont résolus, soit plus de 15% des problèmes.
  • 463 ont été classés sans suite, ce qui représente plus de 11% des signalements.
  • Il reste donc 1562 cas qui n’ont pas encore été abordés, c’est-à-dire un peu plus de 38% des cas.

Pour nous, c’est un dispositif qui manquait jusqu’alors et qui permet maintenant de pouvoir signaler tout problème rencontré lors de nos activités nature. Que ce soit un panneau abîmé, un marquage effacé, un arbre en travers du chemin, un éboulis ou même une rencontre un petit peu problématique avec un patou, tout peut être signalé.

Deux patous dans un pré

Par contre, Suric@te ne traite pas les vraies urgences qui restent du ressort des pompiers, de la gendarmerie ou du SAMU.

Privilégions le covoiturage et les transports en commun

Oui ! Super ! Génial ! Moins de pollution et on préserve Dame Nature.

Sauf que (n°1) : en ce qui concerne la randonnée familiale, le covoiturage n’est pas vraiment LA solution. En effet, que la famille parte dans sa voiture ou en covoiturage ne change rien (pollution, temps de trajet…). En plus, certains covoitureurs rechignent à emmener des enfants, même accompagnés.

Sauf que (n°2) : nous sommes en France et ce beau pays a enlevé toutes ses petites lignes de train. Sans apporter de nouveaux services de transport, bien sûr. Dans nos campagnes, il n’y a pratiquement plus de bus. Un aller et retour par jour ouvré, et encore, quand on est chanceux. Résultat, en France, le train et le bus, c’est très bien… quand on n’a pas à s’en servir localement. C’est vraiment dommage.

Un train de retard…

En comparaison, voici trois expériences que nous avons vécues :

– En 2014, nous sommes allés (en vélo) de Gabarret (à mi-chemin entre Agen et Mont-de-Marsan), jusqu’à Hendaye. Pour remonter de la frontière espagnole, nous avons dû prendre le train jusqu’à Ondres, y coucher une nuit pour aller, via Dax, le lendemain à Morcenx (40 km au nord de Dax). Ensuite, train pour redescendre sur Mont-de-Marsan. Nous avons donc fait 80 km entre Dax et Mont-de-Marsan au lieu de 45-50 km de Dax quand la ligne de train existait. Ceci va dans la logique financière de la SNCF, puisque le tarif d’un billet est en fonction des kilomètres. Ensuite, c’est le bus jusqu’à Gabarret, après avoir longuement parlementé avec le chauffeur de bus qui ne voulait pas prendre les vélos (alors que le bus était équipé de porte-vélos) parce qu’on ne savait pas que c’était un service sur réservation…

– Toujours en 2014, mais en Suisse, il y avait au moins 4 allers et retours de bus par jour, jusqu’en haut des cols des Grisons. Chaque trajet était ponctué de nombreux arrêts. Bref, tout ce qu’il faut pour donner un vrai sentiment de liberté, dans des régions pas particulièrement touristiques. Chapeau bas !

Arrêt de bus en montagne suisse

– En 2019, en Espagne, au pays basque pour être précis, des bus desservaient tous les villages. Et ce, toutes les deux heures, jusqu’à dix ou onze heures du soir ! A Elantxobe, un village de 350 habitants où le bus ne peut pas faire demi-tour, se trouve une plateforme tournante qui remet le bus dans l’autre sens ! On n’en croyait pas nos yeux !

Ainsi, il est possible de desservir les campagnes avec des transports en commun efficaces. Il semble donc qu’en France, les compagnies de bus et la SNCF aient un réel train de retard… Snif !

Le mot de la fin

Voici pour finir deux citations à méditer si nous voulons que nos enfants en profitent un petit peu…

« Traitez la terre, la nature et les animaux comme il se doit ; la terre ne vous a pas été donnée par vos parents, elle vous a été prêtée par vos enfants. » Seattle, chef amérindien du nord-ouest des Etats-Unis.

« Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » Antoine de Saint-Exupéry


Si cet article vous a plu ou si vous aimeriez avoir plus d’explications, vous pouvez nous le dire dans les commentaires 🙂

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2 réflexions sur « Ethique en rando, un cadeau à nos enfants »

  1. Merci pour cet article qui nous remet en mémoire tout ce que nous devons à la nature et comment en prendre soin.

  2. Des conseils pleins de bon sens qui méritent d’être rappelés ! Je suis né à la campagne, à la ferme même et je me rappel qu’on finissait par mettre, à tord, dans le même panier tout ces « gars de la ville » qui ne respectaient rien. Je me suis tjs promis de ne jamais en faire partie.

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