Première randonnée en survie douce

Première randonnée en survie douce

Et voilà ! Nous avons fait notre première randonnée en survie douce !

C’était plutôt sympa, sauf que…

Les choses se sont gâtées euh… dès le début, chez nous la veille.

Préparatifs hâtifs

Je me lance donc activement dans la préparation des sacs, je réunis sagement tout notre matériel : sacs à dos, sacs de couchage, couvertures de survie, ponchos – Ah, il y en manque un, normal Luc s’est servi du sien plus récemment, je lui redemanderai plus tard – je rassemble les dernières choses nécessaires, je descends tout l’ensemble afin de faire les sacs là où il y a plus d’espace.

Panique à bord, je commence à tout revérifier : je ne retrouve qu’une seule couverture de survie. Je remonte, je mets tout sens dessus dessous. En haut, en bas, rien.

Bon, je reviendrai là-dessus plus tard, me dis-je. Mais l’affaire ne s’arrête pas là car je constate qu’il me manque deux ponchos. A devenir fou. La thèse des lutins farceurs égarant les affaires des humains devient d’un coup tout à fait plausible dans mon esprit désespéré.

Je sonne le clairon pour rassembler les troupes.

Chaque recoin est exploré et nous retrouvons l’un des ponchos tant convoité et une autre couverture de survie.

Comme c’est la veille du départ, nous n’avons plus le temps de trouver une autre solution alors nous glissons une couverture polaire dans le sac (bonjour le volume) et prenons des k-ways pour nous, les ponchos sont réservés pour les filles. Aucune pluie n’est annoncée, ça devrait aller.

Ouf, les sacs sont faits ! Nous allons pouvoir dormir sur nos deux oreilles !

Et bien non ! Qui nous a jeté un sort (ou un autre lutin?), je ne sais pas mais ni les filles, ni moi ne trouvont le sommeil. Plus sérieusement, je penche plutôt sur la thèse de l’excitation du départ.

Quoi qu’il en soit, la fatigue n’enlève rien de notre détermination. Nous sommes motivées à bloc !

L’aventure commence…

Le Jura, c’est plein de beaux lacs, de forêts, de magnifiques montagnes dont le point culminant atteint les 1720 mètres. La frontière avec la Suisse partage le massif montagneux.

C’est une contrée verdoyante sillonnée de nombreux cours d’eau et parsemée de prés vallonnés.

Nous avons plaisir à nous y rendre régulièrement : c’est le paradis des randonneurs avec ses milliers de kilomètres de chemins balisés et ses paysages à couper le souffle. Les habitants sont très accueillants. Bref, tout ce que nous aimons.

Survie douce en pays de Champagnole

Notre marche se passe plutôt bien même si la fatigue de notre mauvaise nuit se fait un peu sentir. Nous faisons de nombreuses pauses d’autant que nous avons de fortes montées à gravir, les beaux paysages montagneux se méritent après tout.

Un orvet sur notre chemin

En chemin, nous nous faisons un ami : un orvet qui dort et dore au soleil. Le pauvre doit se demander pourquoi quatre individus l’observent ainsi, accroupis. Nous en profitons pour expliquer aux filles que contre toute apparence, ce n’est pas un serpent mais un lézard sans patte.

Nous rappelons aussi qu’il faut faire attention quand on voit un reptile inerte au milieu d’un chemin. Il n’est généralement pas mort mais endormi. Et si l’on s’approche trop et trop rapidement, il pourrait se réveiller en sursaut, mal réagir et mordre. Dans le cas d’un orvet, la morsure n’est pas dangereuse. Par contre, dans le cas d’une vipère

De toute façon, le mieux est d’essayer de ne pas déranger les animaux sauvages.

Bivouac

Nous voici arrivés à notre point de chute. Celui-ci est près d’une très belle forêt parsemées de rochers, magique !

Nous établissons notre camp à l’aide de longues branches mortes que le bois nous fournit généreusement et de bâches que nous avons emmenées avec nous.

Nous sommes plutôt satisfaits du résultat.

abri pour un bivouac sympa

Allumer le feu

Là où nous sommes moins fiers, c’est pour l’allumage du feu qui est pourtant l’une des bases de la survie douce.

Faire du feu, c’est facile : une feuille de journal, des brindilles et du petit bois secs, une allumette… et c’est parti !

Mais pendant notre périple, nous avons voulu tester une autre méthode, une peu vieillotte sans doute, mais qui a été utilisée pendant des millénaires : faire du feu avec des silex, juste pour le fun. Un vieux rêve de gamin que nos filles ont tout de suite voulu réaliser.

Petit manuel du parfait homo aventurus

Pour ça, rien de bien compliqué

Il faut dans un premier temps réunir le matériel nécessaire : il suffit de trouver un silex, une « pierre à feu », de l’amadou, des herbes ou des aiguilles de pin bien sèches et aussi, bien sûr, les brindilles et le petit bois bien secs.

Ensuite, une fois qu’on a réuni tout le matériel, il suffit de faire un petit tas d’amadou et de frapper la « pierre à feu » avec le silex. Des étincelles tombent sur l’amadou qui se met à fumer, sans s’enflammer. On souffle sur cette petite braise pour la faire grossir. Quand elle fait 1 cm², on la glisse au milieu de nos herbes sèches tout en continuant de l’atiser. Ca se met à fumer et , magie !, les premières flammes font crépiter le foin que l’on glisse sous les brindilles.

C’est alors qu’on passe à la troisième étape : on se réchauffe un peu et on éloigne les « bêtes sauvages » pour manger tranquillement notre repas.

Voilà pour la théorie : simplissime. Allez, on passe à la pratique.

Pas de fumée sans feu ?

Récupérer des brindilles et du bois secs dans un pré en lisière de bois n’a pas été très difficile. Et vous aurez peut-être du mal à nous croire mais trouver de l’amadou, un silex et une marcassite a été encore plus simple : dans le sac de Maïna, joliment présentés dans la bourse en cuir de son kit « faire du feu comme à la préhistoire ». Elle l’avait acheté au château de Guédélon, il y a quelques années mais ne l’avait jamais utilisé.

Allumer le feu à l'ancienne

Par contre, l’herbe ou les aiguilles de pins bien sèches ont été remplacées par des feuilles de hêtre pas trop humides… A cela, nous avons ajouté une pierre plate (sèche) pour poser l’amadou.

Passons maintenant à la phase la plus délicate. Quelques morceaux d’amadou sur la pierre, on frappe d’un coup sec la marcassite (la fameuse « pierre à feu ») avec le silex. Aucune étincelle. Un autre coup sec. Toujours rien, à part une odeur de souffre. Les premières petites étincelles viendront après plusieurs dizaines de coups secs (sans aucune exagération). La marcassite est en fait une roche volcanique constituée de grains à l’aspect métallique, recouverts d’une gangue noire très dure qu’il faut enlever avant de voir les premières étincelles. Par contre, une fois la protection enlevée, on gagne (presque) à tous les coups. C’est magique, au point que deux braises se sont formées sur un morceau d’amadou. On souffle dessus, on attise. Les braises grossissent. On dépose l’amadou au milieu des feuilles. On souffle encore. Ca fume, ça pique les yeux, on (es)souffle. Vite un deuxième morceau d’amadou, puis un troisième. Au quatrième, on capitule, même après avoir essayé avec des feuilles de papier. L’adage est donc faux : il peut y avoir de la fumée (et même beaucoup) sans feu.

attiser le feu de camp

Dur, dur, la survie douce

Du coup, la troisième phase (ainsi que la soirée) s’en trouve très écourtée : pas de feu signifie pas de repas chaud. En plus, les allumettes et le briquet sont restés à la maison…

En fait, ça nous a rappelé les expériences en cours de chimie : une fois sur deux ça ratait et aujourd’hui n’était pas le bon jour…

Privés de ce feu magique, nous devons nous faire une raison . Nous nous préparons une simple salade composées de feuilles de fraisiers, de marguerites, trèfles, plantains puis trop fatigués, nous nous couchons très tôt.

Une bonne nuit réparatrice et nous serons plein de vigueur prêt à repartir à l’aventure. Sauf que…

Des moustiques pas chics, un froid sournois et une rave party

Tout fiers dans notre petit abri, nous nous emmitouflons dans nos sacs de couchage déjà semi-endormis. C’est ce moment-là qu’ils choisirent pour débarquer. Qui donc ? Des moustiques ! Une vrai horde de moustiques. La lotion que nous avions mise et qui est censée nous protéger ne leur posent aucun problème. Pas nous. Nous voici partis à lutter contre cette armée de samouraïs qui se déchaînent contre nous. Le froid s’installe, l’ennemi bat en retraite.

Les nuits sont fraîches en montagne surtout à plus de 800 mètres d’altitude et nous ne sommes pas dans une tente fermée. Nous déployons donc les couvertures de survie mais elles sont si bruyantes au moindre de nos mouvements que nous renonçons vite. Je donne aux filles la couverture polaire.

La nuit ne fait que commencer…

C’est la fête !

Des bruits de pétards. Non… C’est un feu d’artifice. C’est vrai qu’il n’a pas fait beau le 14 juillet, peut-être l’ont-ils décalé à cette date. Comme nous ne dormons pas, nous nous amusons à imaginer celui-ci. « Oh, la belle bleue ! Waouh ! Il était trop beau celui-là ! Quel joli ensemble bleu, vert et rouge ! Ah là, c’est le bouquet final ! »

Le silence des pétards se fait, la musique continue accompagnée du tintement des clochettes des vaches.

Les clochettes s’arrêtent, la musique continue, continue…

Bref réveil de Luc (car lui dormait depuis le début, veinard !)

« Ah ! Nous dit-il, ce que j’avais vu sur la carte, c’était une rave party alors ! » Et il se rendort.

Pas nous.

Vers 6 heures, nous défaisons le campement, remettons tout en place car nous ne devons pas laisser de trace de notre passage et bouleverser la nature.

Nous repartons au rythme de la musique qui se joue encore.

Bilan de notre première randonnée en survie douce

De cette sortie, voici ce que nous pouvons en conclure

  • Mais qu’est-ce que c’est que cette organisation pourrie ! Nous avons voulu partir ce week-end car le beau temps est rare mais nous avons mal géré notre matériel dans l’urgence.
  • Nous souhaitons refaire l’expérience du feu et même tester d’autres méthodes d’allumage pour ne pas rester sur notre échec. Cependant, nous n’oublierons pas de glisser un briquet dans nos sacs.
  • Une vingtaine de degrés le jour après des jours de pluie, forcément que les nuits seraient fraîches. Sous une tente, nous aurions eu assez chaud mais nous devons gérer le froid différemment dans ce cas de figure. Magré tout, avec du recul, je pense que la fatigue nous a rendu plus sensible à tout car même frileuses, nous avons traversé des froids plus intenses que celui-là et d’habitude, nous supportons bien le froissement de ces couvertures de survie.
  • Les moustiques n’ont pas d’éducation.
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