Et si on faisait l’école buissonnière ?

Et si on faisait l’école buissonnière ?

Les vacances viennent de s’achever, la rentrée est là et nous voilà repartis dans cette frénésie d’achat de cartable, de fournitures scolaires, de nouveaux vêtements dans des magasins surpeuplés.
Et si, on s’offrait une petite pause. Une petite randonnée avant que le grand marathon de la vie nous rattrape ? Et mieux encore, si au cours de cette délicieuse balade, on en profitait pour faire quelques révisions en douceur grâce à Dame Nature ou peut-être profiter d’une simple leçon de vie ?

Leçon en plein air

Bien sûr, l’idée n’est pas de les bombarder d’informations qu’ils auront bien le temps d’absorber une fois derrière leur bureau d’écolier mais quelques notions très tranquillement abordées et surtout ludiquement.

Voilà une belle façon de concrétiser des leçons trop souvent abstraites qui ne font pas toujours écho dans la tête de chacun. En effet, nous ne fonctionnons pas tous de la même façon et certains enfants ont besoin d’une autre manière de découvrir ou de compléter les leçons apprises en classe. Notre plus grande fille en faisait partie, enfant.

De plus, dans cette atmosphère détendue, les données s’acquièrent plus facilement.

Leçon de français

A comme…

A comme Abeille : leçon de lecture

Proposez un jeu à votre enfant : à chaque lettre de l’alphabet, donnez un nom lié à ce qui l’environne dans la nature, les habits ou objets portés sur soi. On peut citer aussi le nom du chien ou celui des participants à la randonnée . Vous pouvez décider aussi de chercher des noms ayant trait à la nature même si ce n’est pas sous nos yeux. Exemple : le chevreuil farouche qui nous observe peut-être dans les fourrés, la toute petite araignée, si minuscule que l’on ne voit pas, le petit gland tapi sous les feuilles de l’automne dernier. A vous de voir. N’oubliez pas la mousse des arbres, l’humus qui recouvre le sol des forêts, le nom précis des arbres…

Cet exercice permet d’élargir leur vocabulaire, leurs connaissances (c’est quoi l’humus ?) et de développer leur esprit d’observation.

Cherchons ce qui commence par le son…

Au lieu de proposer une lettre, proposer un son. « Cherche ce qui commence par che » : cheval, chemin, chenille… « Cherche ce qui commence par or » : orvet, oreille, ortie…

On peut aussi jouer avec les rimes « Qu’est-ce qui rime avec ballon » : papillon, pont, bâton…

Lire les panneaux

Nombreuses sont les occasions qui peuvent se présenter pendant votre randonnée de faire un peu de lecture : les poteaux jaunes directionnels, le nom des lieux-dits, des villages ou directement sur la carte. Dans ce cas-là, montrez-leur un secteur très restreint de la carte et dites-leur que vous savez que tel village est dans les coins mais vous n’arrivez pas à le localiser. Est-ce qu’eux pourraient vous aidez à trouver. N’hésitez pas à leur épeler le nom si nécessaire.

Quelques mots par-ci, par-là, pas trop toutefois sauf si vous ressentez qu’ils adorent cet exercice. C’est un peu de révision de lecture d’autant que les noms ne sont pas forcément faciles à déchiffrer. Présentez-leur parfois comme une aide qu’ils vous apportent pour trouver le bon chemin.

Inventer une histoire

Qu’est-ce qu’on a pu en créer des histoires pendant la randonnée ! Cela rythmait la marche et amusait tout le monde. Aujourd’hui encore, nos filles adorent écrire des textes plein d’imagination sur ordinateur ou cahier qu’elles nous laissent lire de temps à autre.

L’un d’entre vous commence une histoire et à tour de rôle, chacun fait ensuite progresser le récit. Vous n’avez pas besoin d’avoir l’âme d’un écrivain pour cet exercice. Les enfants, eux, sont pleins d’imagination. Vous sortez une phrase ou deux et ils rebondiront sans doute dessus avec maints détails farfelus. Toutefois, si vous êtes en panne d’inspiration, décrivez le château, la robe somptueuse de la princesse, l’antre du dragon et vos enfants en seront ravis.

Cet exercice stimule l’imagination, développe donc le vocabulaire et la bonne humeur !

Ah ! les histoires ! Nous en parlons aussi dans notre article sur les balades contées.

Laisser une trace

À l’aide d’un bâton écrire son nom ou le nom de son meilleur ami dans la terre, le sable ou la boue. Cela peut être aussi des dessins si l’enfant ne sait pas écrire.

Cet exercice permet de travailler la motricité.

Ecrire sur la plage est comme une petite leçon d'écriture

À propos de traces, vous pouvez aussi pister celles que les animaux laissent sur leur passage.

Mes petits cailloux

Pour les tout-petits, faites un joli dessin dans la terre (oui vous !) et demandez à votre bambin de poser des cailloux sur les lignes. Prévoyez un tracé simple (même si je ne doute pas de vos immenses talents pour faire une réplique parfaite de la Joconde !) mais pour l’enfant, l’exercice serait un tantinet plus compliqué 🙂 .

dessin de soleil tracé sur le sol. Les cailloux sont rajoutés par l'enfant

Leçon de mathématiques

Jouer à cache-cache

C’est un jeu qui implique de compter : «  À 20, tout le monde doit être caché ! ». On peut compliquer les choses en demandant un compte à rebours : « Je commence à 20 et quand je serai à 0, j’arrive ! ». Il est possible également d’énumérer les chiffres de 5 en 5, de 10 en 10…

Tout en s’amusant, l’enfant fait donc des mathématiques. Soit il vous entend et les informations rentrent dans sa tête. Ceci implique alors d’être attentif pour ne pas se faire prendre avant d’être caché. Soit il compte lui-même et révise l’énumération.

Pour le lutin des bois

Une fente d'arbre indique la maison du lutin

Le lutin des bois vous a confié une mission ! Vous devez lui rapporter les objets de la liste ci-jointe devant sa maison. Celle-ci est une fente dans un arbre qu’il vous faudra repérer dans la forêt. Collectez alors avec votre enfant ce que la liste demande et déposez-les devant l’entrée. Expliquez aussi à votre enfant que le lutin est timide et qu’il ne sortira qu’à la nuit tombée.

Cet exercice permet de compter tout en plongeant l’enfant dans un monde magique.

Et pourquoi pas des divisions ?

Ma fille, Marianne, encore en maternelle, un jour, arrive toute fière avec 9 mûres. Elle m’en donne 3 et en donne 3 à son papa. Ainsi, sans le savoir, elle venait de faire une division.

Vous pouvez vous aussi aller à la cueillette de ces bons fruits et demander à votre enfant de les partager. S’il se trompe, faites-lui gentiment remarquer que chacun n’a pas le même nombre de fruits. Aidez-le alors à redistribuer pour que tout le monde en ait une quantité identique.

Par le partage, votre enfant fait une approche de la division.

Nous abordons aussi ces notions dans un article spécial mathématiques (pour petits et grands), toujours sous l’œil bienveillant de Dame Nature.

Plus petit que, plus grand que

Mettez-le au défi : « Trouve un arbre plus grand que ce sapin », « Peux-tu chercher un caillou plus petit que celui-ci » et il courra dans tous les sens pour rapporter la pierre (pas trop l’arbre) victorieusement.

Ainsi, il découvrira les outils de comparaison en s’amusant.

L’école buissonnière peut éventuellement commencer par une jolie leçon de cuisine. Pour cette randonnée un peu spéciale, préparez des encas avec votre enfant.

Les repères spatiaux

Distance parcourue

Repérez bien votre parcours auparavant. Préparez alors, sur une bande en carton, des repères : le lavoir, la jolie église, le gros rocher… À chaque fois que vous passez devant l’un des repères, faites-lui coller une gommette.

Cela lui permet ainsi de s’y retrouver dans le trajet, de savoir ce qu’il reste à faire. Il saura si vous êtes à la moitié, au début ou presque à la fin de la randonnée.

Il apprend à se repérer dans l’espace. Vous pouvez aussi lui demander combien de gommettes ont déjà été mises en place, combien il en faut en tout et du coup combien il en reste à coller.

Où est la chenille ?

La chenille est sur la feuille, l’araignée est sous le champignon, la jolie fleur est devant l’arbre.

Une balade dans la nature est donc une bonne occasion pour apprendre ou faire réviser ces prépositions de lieu.

Abusez gentiment de ce vocabulaire, ces notions rentreront en douceur dans leurs têtes.

Leçon de préposition de lieu : la chenille est sur la feuille

Leçon de géométrie

Notion de symétrie

Observez les papillons avec votre enfant. Faites-lui remarquer que ces deux ailes sont identiques. Cherchez également la symétrie dans les feuilles des arbres. Dites-lui que son corps, lui aussi est symétrique.

Leçon de géométrie - La symétrie des ailes du papillon permet d'aborder cette notion avec l'enfant
Le flambé, très joli papillon

Notion de cercle

Partez à la recherche des cercles. Dans la nature : arbre coupé, le cœur de certaines fleurs… Sur soi : l’iris des yeux, les motifs et les boutons sur les habits portés.

Pensez aussi à parler de la lune quand elle est pleine. De même, si vous en avez l’occasion, lancez un caillou dans l’eau et observez la série de cercles concentriques qui se forme à sa surface.

Un champ de tournesol qui permet d'aborder la leçon sur le cercle

Cercle et symétrie

Réalisez un petit mandala avec votre enfant à l’aide de feuilles, fleurs, cailloux… Tout ce vous pouvez trouver autour de vous.

Proposez-lui alors de faire chacun la moitié de la figure. Expliquez-lui que le mandala est un cercle (le mot « mandala » signifie justement cercle) et montrez-lui que chaque côté est identique. Votre réalisation commune est donc symétrique..

Mandala avec les éléments de la nature qui permet de travailler  la leçon sur la symétrie

Apprendre ses leçons

« J’allais tous les dimanches réciter mes leçons aux merles et aux pinsons qui sifflaient sur les branches » André Lo Celso

N’avait-il pas raison, André Lo Celso ? Une étude menée par Ming Kuo, Matthew H.E.M. Browning et Minbert L.Penner a démontré que les enfants apprennent mieux après une sortie au grand air.

Ainsi, quand une leçon a du mal à rentrer, rien de mieux qu’une pause et une petite balade pour se changer les idées. Mais il est également possible de faire une petite promenade pour aider à l’assimilation des cours.

Retenir les cours de l’histoire de l’art était un cauchemar pour ma plus grande fille, en particulier une leçon sur Andy Warhol qu’elle avait pris en grippe ! Alors, nous avons embarqué le nécessaire et nous avons marché. Nous faisions des pauses où elle lisait et relisait sa leçon. On parlait de l’artiste, de son œuvre mais elle ne récitait pas son cours. Nous discutions tout simplement. Elle m’expliquait donc ce qu’elle savait sur lui, pourquoi elle ne pouvait pas le sentir. Rien de vraiment scolaire. Le jour de l’oral, elle est tombée sur lui (bien évidemment !) et elle a eu un 15 !

Tout est possible dans la nature. Nous vous avons même concocté un jeu pour Otakus et Geeks !

En conclusion

Toutes les petites choses que vous déciderez de faire avec votre enfant doivent être faites dans un but ludique et non scolaire. Tout va bien tant qu’il s’amuse. C’est en effet capital ! Et rien ne doit jamais ressembler à du travail d’école. Du moins, c’est ma vision à moi. Parfois, nous ne nous rendons pas toujours compte mais nous attendons trop d’eux.

Je n’ai pas indiqué d’âge pour les activités . En effet, chaque enfant est différent, chacun a son rythme. Vous seul connaissez votre petit, vous seul pouvez vous rendre compte de ce qui lui correspond. Si vous avez des doutes, testez et guidez-le s’il a des difficultés. Cependant, si vous sentez que c’est trop difficile pour lui ou que ça ne lui convient pas et que ça l’ennuie, passez à autre chose.

Quoi qu’il en retienne, la leçon la plus importante dont il se souviendra est la valeur qu’il faut accorder à Dame Nature.


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12 réflexions sur « Et si on faisait l’école buissonnière ? »

  1. Nicolas ROZALSKI dit :

    J’adore cette démarche ! Moi qui n’étais pas du tout scolaire, j’aurais certainement eu plus de résultat avec cette méthode ! 🙂

    1. J’avoue qu’en cours, je regardais beaucoup l’horloge…
      Si on pouvait adapter l’école à l’enfant et non l’enfant à l’école…

  2. Joindre l’utile à l’agréable. Il y a vraiment beaucoup d’exercices à proposer avec un peu d’imagination, pour la plupart, je n’y aurais pas pensé par moi-même. Un article à garder sous la main si on est en ballade avec les enfants.

    J’aime beaucoup le message de la conclusion « ça doit être ludique avant tout, si l’enfant s’ennui, passer à autre chose », si seulement ils pouvaient comprendre ça pour l’éducation ! J’ai aucun doute sur le fait que ça sera beaucoup plus efficace ainsi que d’être assis sur une chaise pendant 7 heures. Merci pour cet article 🙂

    1. C’est sûr ! Un enseignement qui tiendrait vraiment compte des besoins de l’enfant, ce serait chouette !

  3. Hello Anne et Luc,
    Ah j’aurais vraiment adoré faire l’école buissonnière avec vous !
    Je trouve cet article vraiment génial : c’est incroyable tout ce que l’on peut apprendre dans la nature. Et en s’amusant en plus. Quand je vois mes enfants s’inventer des histoires sur les sentiers, que je les sens complètement impliqué dans leur scénario… j’adoooore 😂
    Merci pour ce beau partage. Pour un peu, ça me redonnerait l’envie de retourner à l’école… buissonnière, bien sûr !

    1. Les enfants sont géniaux et pleins d’imagination. Des fois, nous avions à peine besoin de trouver des activités pour le chemin ! On regretterait (presque) qu’elles grandissent 🙂
      Merci pour ton retour

  4. La nature est une source inépuisable d’apprentissages concrets, les enfants devraient pouvoir y passer plusieurs heures tous les jours ! La déconnexion avec la nature se développe de plus en plus avec les écoles de la forêt, souhaitons que ces initiatives aillent jusqu’à l’éducation nationale…

    1. Ce serait bien d’autant que certains instituteurs seraient motivés pour le faire.

  5. J’adore cette idée que l’apprentissage n’est pas réservé aux bancs de l’école … Et puis la dimension ludique est un très bon booster qui fonctionne autant pour les petits que les grands … 🙏

    1. C’est vrai. Même plus grand, c’est plus motivant d’apprendre par le jeu. Il suffit juste d’adapter le style et le niveau du jeu.

  6. Merci pour tous ces astuces qui permettent à toute la famille de s’amuser dans la nature et d’apprendre. L’apprentissage est pour tous car parfois les enfants ont des questions dont nous ne connaissons pas la réponse…ce qui est l’occasion de chercher tous ensemble une fois revenu à la maison et d’apprendre de nouvelle chose sur la nature qui nous entoure.

    1. Les enfants sont tellement curieux de tout, ce sont souvent eux qui nous poussent à nous documenter et au final, on aime bien 🙂

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