Chemin de spiritualité : le Temple des Mille Bouddhas
Ce weekend, nous avons enfin pu faire la randonnée au Temple des Mille Bouddhas, dans la vallée de l’Arroux. Randonnée que nous avions envisagée la semaine dernière. Et toujours à trois.
Maïna souffre encore de son pied. L’escapade sera donc une nouvelle fois écourtée : 5 ou 6 km, avec toutefois encore un peu de dénivelé, pour faire travailler ses appuis dans tous les sens.
Côté météo, les prévisions sont bonnes : ensoleillé ou plutôt éclaircies avec des températures autour de 4°C. En fait, dans la réalité, le soleil, nous l’avons bien vu, mais une demi-heure seulement pendant le trajet en voiture. Et c’est juste avant notre arrivée à la Boulaye que le coquin décide de se cacher ! Nous ne le reverrons pas. Alors forcément, les températures baissent et se calent autour de 1°C. Autant vous dire qu’on ne va pas rencontrer beaucoup de marcheurs-euses.
Cette belle randonnée au Temple des Mille Bouddhas, en chiffres :
- Distance parcourue : 5,5 km (parcours orange + rouge) – 8,8 km (parcours orange + jaune).
- Dénivelé positif : 170 m (parcours orange + rouge) – 230 m (parcours orange + jaune ).
- Altitude mini : 283 m
- Altitude maxi : 450 m (parcours orange + rouge) – 484 m (parcours orange + jaune).
- Plus grosse difficulté : 140 m de dénivelé pour une distance parcourue de 840 m (parcours orange + rouge).
- Accès : le Temple des Mille Bouddhas se trouve en Bourgogne, à l’ouest de la Saône-et-Loire, à La Boulaye, sur la frange orientale du Parc Naturel Régional du Morvan. Ce village est situé à 7 ou 8 km au nord de Toulon-sur-Arroux, à une quinzaine de kilomètres au sud d’Étang-sur-Arroux. Et à seulement 2 heures de Lyon.
- Coordonnées GPS : 46°45’20″ nord – 4°08’24″ est (Parking du Temple des Mille Bouddhas).
Avant la randonnée, le Temple des Mille Bouddhas
Maintenant connu sous le nom de Paldenshangpa La Boulaye, ce temple est le lieu de prière et de méditation de la congrégation religieuse Dashang Kagyu Ling. Ce centre bouddhique est alors dirigé par quatre lamas, représentants spirituels de Kalou Rinpoché, lama fondateur du temple et maître de méditation. Un des premiers à enseigner en Europe.
Origines du temple
Terre de spiritualité, la Bourgogne accueille depuis plus d’un millénaire des centres majeurs du catholicisme. Nous ne parlerons que de Cluny, Citeaux et Vézelay, joyaux de l’Occident chrétien.
Nous souhaitons aussi évoquer ici le Monastère Orthodoxe ouvert en 1989 à Uchon, à deux pas de La Boulaye.
C’est dans cet écrin de dévotion, à l’initiative de disciples de Kalou Rinpoché, que le centre d’études bouddhiste est fondé en 1974, à Plaige, sur la commune de La Boulaye. Le temple, lui, est inauguré en 1987 : c’est le premier temple himalayen d’Europe.
L’enceinte cultuelle
Le temple est construit dans le parc du château de Plaige qui délimite maintenant un ensemble cultuel assez incroyable :
– Le porche monumental
Il donne tout de suite un petit aperçu de ce lieu intemporel : bas-reliefs aux couleurs vives de divinités bouddhistes, d’épisodes de la vie de Siddhartha Gautama (c’est le nom du Bouddha, l’Eveillé), de dragons, de symboles…
– Le grand temple
Tout de couleurs vêtu, il est de style bhoutanais avec ses trois étages symbolisant le corps, la parole et l’esprit du Bouddha. Son architecture rappelle aussi celle du temple de Samyé, un des plus ancien du Tibet, maintenant haut lieu de pèlerinage pour les Tibétains.
Des couleurs éclatantes pour un temple multicolore. Les moines ont mis des années pour peindre tout ça !
On accède au rez-de-chaussée par un escalier de sept marches. Les pratiquants entrent dans la grande salle de prière par trois portes immenses. Au fond, se trouvent trois statues monumentales :
- Au centre, une statue du Bouddha de sept mètres de hauteur !
- A droite, une représentation de Tara, déité tantrique mère de tous les Bouddhas.
- A gauche, Gourou Rinpoché, maître du VIIIème siècle considéré comme le fondateur du bouddhisme tibétain. Ainsi, même si l’architecture vient du Bhoutan, les références au Tibet ne manquent pas. C’est en effet là-bas que le bouddhisme a pris son essor. A Lassa, la capitale tibétaine se trouvait d’ailleurs la résidence principale du Dalaï-lama avant l’invasion chinoise.
Les murs de cette salle sont ornés de scènes peintes représentant la vie du Bouddha et au plafond se trouvent six mandalas géants.
De plus, à mi-étage, une galerie permet à tout le monde d’admirer ce lieu de recueillement.
Toutefois, les visiteurs ne peuvent pas accéder aux deux autres étages.
– La grande esplanade
Située devant le temple, elle est entourée de trente-six petits stupas, représentations symboliques du Bouddha.
Tout d’abord, on y trouve la fontaine de Dzambala, déité apportant les richesses matérielle et spirituelle.
Ensuite, à sa gauche, un moulin à prières que l’on peut actionner pour diffuser symboliquement toutes les bonnes intentions qui y sont regroupées.
Et de l’autre côté, il y a le temple des Lumières avec la roue du Dharma et deux biches évoquant le Parc des Gazelles où le Bouddha dispensa son premier enseignement.
– Le grand stupa
Représentation symbolique du Bouddha, de son Eveil, cet édifice en commémore aussi la mort. Il est situé près du temple des Lumières, en dehors de l’esplanade.
– Les drapeaux de prières
Ils permettent de diffuser aux quatre coins du monde les prières bienveillantes qui y sont inscrites, grâce au vent qui les emporte.
Le parc abrite aussi, dans un cadre verdoyant, le château de Plaige, un jardin joliment entretenu et l’Institut Marpa, le bâtiment de style bhoutanais derrière le temple.
Bref, ce lieu empreint de spiritualité, de calme, d’harmonie et de respect est à même de plaire à tout le monde. Petits et grands. Dans cet endroit extraordinaire, méditation ou plus simplement détente et relaxation vous donnent rendez-vous.
Après cette petite visite du Temple des Mille Bouddhas, place à la randonnée
C’est sur le parking du temple des mille Bouddhas que nous laissons la voiture et démarrons notre randonnée.
Nous prenons vers l’est en direction du petit hameau de Plaige. Des chemins de randonnée partent ensuite sur la gauche et la droite. Rejoignant le GR®131 au sommet de la colline, ces sentiers balisés permettent de faire une boucle de 8 ou 9 km.
C’est trop long pour Maïna et nous tentons tout droit : cet itinéraire, qui lui aussi rejoint le GR®131, nous permet de couper la poire en deux. Nous passons devant une autre ferme. Abîmée par le passage des tracteurs, boueux, cette piste n’est pas très agréable sous les pieds. Par contre, nous nous régalons du paysage, mélange équilibré de prés vallonnés et de bois, de vallons et de collines.
Les vieux chênes du bord du chemin laissent bientôt la place aux sapins tous rangés à la queue-leu-leu. Le chemin, plat jusqu’à maintenant, commence d’escalader la colline : nous nous réchauffons petit à petit.
Notre article Lire une carte IGN : les bases, où nous parlons des échelles, des cours d’eau, de la végétation et autres données cartographiques… pourrait vous être utile !
La sapinière
Le chemin va tout droit et monte perpendiculairement à la pente. Nous le suivons, attendant de pouvoir en emprunter un autre sur la droite pour rejoindre le GR®.
Nous montons toujours, tout droit. Mais aucun sentier ne part sur la droite. Et, une fois la sapinière traversée, au beau milieu de nulle part, notre chemin s’arrête net. Derrière nous, les sapins. Devant et sur les côtés, une forêt de châtaigniers assez claire.
Avant toute décision, aller explorer sur la droite en espérant rejoindre un éventuel chemin. Et d’après la carte, il doit être dans le prochain creux de terrain, pas très loin. Mais rien du tout : retour à la case départ.
Maintenant, nous avons deux possibilités :
- Soit revenir sur nos pas, ce que nous n’aimons pas faire. Sauf nécessité. Sauf danger.
- Soit continuer à travers les bois pour trouver le GR®131.
Petit conseil d’ami randonneur
Ce genre de « déboire » nous arrive assez régulièrement, mais en toute connaissance de cause.
En effet, quand nous préparons une randonnée, il n’est pas rare que le parcours emprunte des sentiers non balisés et pour lesquels nous ne trouvons aucune trace GPS.
C’est donc LA faille du circuit envisagé. Le point qui peut éventuellement poser problème, comme aujourd’hui. En ce qui nous concerne, nous avons pris l’habitude de TOUJOURS nous occuper de ces points faibles le plus tôt possible dans la randonnée. Et c’est aussi, en général, ce qui nous donne le sens du parcours 😉 .
Dans notre cas, nous n’étions sûrs que d’une chose : depuis Plaige, il est possible d’aller jusqu’à la ferme toute proche. Au-delà, aucune certitude :
- Le chemin passe-t-il devant la ferme ou est-il fermé et traverse-t-il la cour ?
- Mène-t-il aux prés seulement ou va-t-il plus loin, dans la forêt ?
- Jusqu’où pourrons-nous le suivre ? Jusqu’au GR®131 ?
Nous savons que la réponse est donnée sur le terrain. Et en fonction de la situation, nous avisons. Randonner, c’est aussi cela.
En tout cas, imaginons que nous ayons fait le circuit dans l’autre sens : sur le GR®131, nous n’aurions pas trouvé le chemin « promis » par la carte. Et nous nous serions posés des questions, plus encore que dans le sens que nous avons choisi. Sans aucun moyen de connaître la réponse. Et là encore, deux solutions :
- Soit couper à travers bois en espérant tomber miraculeusement sur le chemin et pouvoir traverser au niveau de la ferme.
- Soit continuer sur le GR® et faire la boucle de 9 km, ce que le pied de Maïna nous interdisait…
Toutefois, si vous n’êtes pas trop adepte de l’incertitude, il est plus prudent de suivre les sentiers de randonnée décrits dans un topo-guide ou conseillés dans les offices de tourisme locaux. Vous pouvez aussi récupérer des traces gpx sur internet.
La forêt de châtaigniers
En fait, nous n’hésitons pas vraiment et tentons l’aventure. Nous nous engageons donc sous les châtaigniers. Nous sommes maintenant en pleine nature. Moins d’une centaine de mètres plus loin, nous sommes sur le sentier « parallèle » au GR®. Ça valait vraiment le coup de continuer.
Comme ce sentier est tout plat et bien dégagé, nous le suivons en direction du nord, abandonnant l’idée de rejoindre le GR® à travers la forêt. Pourtant, le chemin ne semble plus servir : il n’y a aucune trace de passage dans les feuilles mortes et quelques arbres couchés le barrent par endroits. Mais rien de bien gênant toutefois.
Nous n’avons pas fait cinquante mètres sur ce joli chemin que des pierres moussues alignées attirent notre attention un peu en contrebas. C’est en fait tout ce qui reste des murs d’une ruine. Tout près, au milieu du chemin, des pommes ! Très petites et assez acides. Nous hésitons à en ramasser pour faire de la compote. Mais nous les laissons : d’autres que nous en auront besoin cet hiver. D’ailleurs, où sont donc passés les habitants de la forêt ? Nous n’avons vu aucune trace de la faune sauvage locale.
Un peu plus loin encore, au bord du sentier, des blocs de granite arrondis par l’érosion, couverts de mousse attendent qu’on les prenne en photo.
Le GR®131
Peu de temps après, nous arrivons au GR®, entretenu comme il se doit par la Fédération Française de Randonnée. Ça descend tout doucement en direction du nord. En fait, nous sortons petit à petit de la forêt. Alors, la vue se dégage complètement et nous nous rendons compte que ce sentier de crête domine maintenant des paysages vallonnés où alternent prés et bosquets. Des blocs de granite émergent ça et là dans les prés, nous offrant de jolis panoramas.
A la croix de Valveron, nous bifurquons vers l’ouest, laissant le GR®131 descendre en direction de Dettey. Ce petit village est bien connu pour le Bonnet du Diable, rocher qui fait aussi penser au profil de Napoléon, et la Pierre Croule. Mais ça, c’est une autre histoire…
Cinq cents mètres : c’est à peu près la distance que nous avons fait sur ce chemin de grande randonnée.
Vous pouvez aussi jeter un œil sur Le balisage des chemins où nous vous disons tout sur le marquage des sentiers et les différents styles de balises en randonnée pédestre, équestre ou VTT. Nous y abordons aussi le balisage très spécifique du Club Vosgien.
La fin de la randonnée : retour vers le Temple des Mille Bouddhas
A cette croix en bois, un panneau de petite randonnée indique qu’il reste 2,6 km jusqu’au Temple des Mille Bouddhas. Nous sommes donc grosso modo à la moitié de notre circuit. Mais maintenant, ça descend tout le long avec, en toile de fond, les Monts du Morvan 😉 .
Ce chemin d’exploitation nous mène à travers prés et forêts. Des sapinières surtout. Certaines, sans doute rasées il y a quelques années, ont laissé la place aux ajoncs.
Jolis coins de campagne, bocage et vallon
Le soleil n’est toujours pas là mais le temps est suffisamment dégagé pour admirer le paysage.
Nous parcourons très rapidement la dernière partie de cette randonnée : le chemin descend doucement vers le Temple des Mille Bouddhas. C’est même très agréable, pas trop raide et pas trop de monde : deux ou trois randonneurs-euses, pas plus.
Et, cerise sur le gâteau, nous ne glissons pas : nos chaussures accrochent bien au sol. Nous sommes aux portes du Morvan, en terrain granitique, où les pierres qui affleurent parfois sont rugueuses. En plus, l’érosion les transforme en sable lourd et dense.
Une escapade dans le Jura suisse vous tente ? Nous y avons fait une randonnée magnifique jusqu’au Mont Sâla, depuis Les Rousses.
Après l’effort, le réconfort
Le voilà bouclé, ce petit parcours de randonnée. A la voiture, nous posons nos chaussures crottées et répondons une fois de plus à l’irrésistible appel du Temple des Mille Bouddhas. Calme, sérénité, compassion, paix règnent en ces lieux de haute spiritualité.
Nous nous ressourçons. Nous nous imprégnons de cette ambiance si particulière, relaxante, pleine d’énergie positive.
Qu’est-ce que ça fait du bien 🙂 !
Petit bilan de cette randonnée au Temple des Mille Bouddhas
– Allier marche et spiritualité, nous n’avions encore jamais fait.
– Quand on prévoit de passer sur des chemins non balisés, toujours s’attendre à ce que la réalité soit différente de ce qu’annonce la carte.
– Les coups de soleil, ce n’est pas pour aujourd’hui ! Mais, décidément, le Morvan est une très belle destination ! Nous en reparlerons 🙂 !
Si vous passez dans la région, nous vous conseillons vivement d’aller voir Paldenshangpa La Boulaye, dépaysement garanti ! Ainsi, le monde des Mille Bouddhas est en effet à mille lieues de notre vie d’Occidentaux : deux cultures très différentes… Bref, vous l’aurez compris, cette escapade fait partie de nos balades coup-de-cœur !
Vous connaissez d’autres lieux de spiritualité agréables à visiter ? D’autres itinéraires de balades et randonnées ? N’hésitez pas à partager tout ça dans les commentaires 🙂 .
7 réflexions sur « Chemin de spiritualité : le Temple des Mille Bouddhas »
Bonjour. Je n’avais jamais vu de mandalas géants, chez moi ce sont surtout des mandalas en papier à colorier ^^ »
Merci de nous partager ce voyage, c’est très enrichissant.
Bonjour 🙂
Article très complet du plaisir de la marche au travers des chemins connus et moins connus. Un plaisir à lire et, qui sait, à essayer 😉
Merci beaucoup pour ce partage.
Ah j’adore cette découverte ! J’ai un temple bouddhiste près de chez moi, vers Genève, et même si la vue est sympa, cela n’a rien à voir avec celui-ci. Dès que j’ai l’occasion, je vais y faire un tour.
Bravo pour cet article qui donne envie et pour ton site que je découvre ! Je suis fan de randonnée alors le sujet me parle ! Très agréable à lire et à tester si un jour nous venons dans le coin! Merci 😉
Merci pr ce article complet ! J’aime bcp tes photos qui nous font voyager ! Merci pr ce plaisir des yeux ! 🙂🙂
Superbe voyage avec toi.
Très belles photos et beaucoup d explications..
Bravo
Wahou, je ne pensais pas qu’il existait un temple pareil en Bourgogne ! Je ne connaissais pas la signification des drapeaux de prières, j’aime beaucoup ! Merci pour ce grand voyage pas si loin de chez nous 🙂