Randonnée au Pont du Gard
Le Pont du Gard : quel lieu magique… et quel beau spot de randonnée familiale !
C’est en effet un site où se côtoient Histoire (et même Préhistoire !), jolis panoramas, baignade, garrigue, forêt de fond de vallon… et beaucoup, beaucoup de monde en été.
Le Pont du Gard est le plus grand et le mieux conservé de tous les ponts aqueducs de l’empire romain. C’est aussi le plus beau.
Ce n’est donc pas pour rien s’il est devenu un des monuments emblématiques de la France et un site touristique majeur. Il accueille deux millions de touristes chaque année. Il est cependant assez facile de s’« isoler » en s’éloignant un tout petit peu.
Une fois à l’écart des légions de touristes, le Pont du Gard est aussi un merveilleux endroit pour jouer les petits aventuriers et y inventer des histoires pour transformer une belle escapade en randonnée inoubliable.
Les parkings du site étant payants, nous avons cherché d’autres lieux pour garer la voiture. Notre point de chute de prédilection est un parking « sauvage » à un petit kilomètre du Pont du Gard. Il est aussi possible de se garer à Vers-Pont-du-Gard pour commencer la randonnée.
Cette belle randonnée au Pont du Gard, en chiffres :
- Distance parcourue : 7,8 km (parcours rouge + orange) – 8,6 km (parcours rouge + orange + jaune) et ajouter 1,2 km en faisant les trois petits détours que nous proposons.
- Dénivelé positif : 227 m (quel que soit le parcours)
- Altitude mini : 29 m – Altitude maxi : 146 m
- Plus grosse difficulté : descente un peu acrobatique au niveau du Pont de Roussière.
- Accès : le Pont du Gard est à une vingtaine de kilomètres de Nîmes et tout autant d’Uzès. Sur la D967 (entre Uzès et Remoulins), sortir à La Bégude-Saint-André, proche de Vers. À La Bégude, prendre à droite le Chemin des Bégudes. Passer la chapelle Saint Pierre et aller jusqu’aux panneaux « voie sans issue, sens interdit sauf riverains ». Le parking (non goudronné) de Valive est à quelques mètres de ces panneaux. Il est aussi possible de se garer un peu plus loin, en continuant le chemin de Valive.
- Coordonnées GPS : 43°57’10″ nord – 4°31’30″ est (parking de Valive).
Le menhir de Valive
Nous commençons cette randonnée en empruntant le chemin qui nous était interdit en voiture : nous sommes sur le GR®6 et la Boucle (cycliste) de l’Uzège, en direction du Pont du Gard.
Nous passons la barrière métallique, à une centaine de mètres du départ.
Juste après (moins de 100 m), nous nous autorisons un petit détour dans la grande prairie qui se trouve sur notre droite.
Il y a en effet, au bout de la grande allée, à 200 m du chemin, un joli petit menhir « caché » sous les arbres. Nous apprécions beaucoup cet endroit à-part et commençons ici notre quête historique.
La fin de la Préhistoire
Les mégalithes
Un menhir est un monument mégalithique, c’est-à-dire qu’il est constitué d’une énorme (méga, en grec) pierre (lithos, en grec).
Alors que l’on sait que les dolmens et les allées couvertes étaient des tombes et que les cromlechs étaient des sanctuaires religieux, personne ne peut vraiment expliquer le rôle des menhirs (monuments religieux ou artistiques, bornes territoriales…).
Tous les mégalithes ont été érigés à la fin de la Préhistoire, durant le Néolithique, il y a 5000 ou 6000 ans.
La révolution néolithique
C’est à cette période que les hommes deviennent progressivement sédentaires en créant les premiers villages avec les premiers champs (pour la culture) et les premiers prés (pour l’élevage). Ils polissent leurs outils et leurs armes. Ce sont aussi ces gens qui inventent le tissage.
Ils choisissent donc d’« oublier » la vie nomade et de moins dépendre de la collecte sauvage (chasse, cueillette et ramassages divers).
C’est ce bouleversement dans les habitudes de vie que des scientifiques appellent « révolution néolithique ». C’est en fait la naissance du monde tel que nous le connaissons.
D’autre part, ces hommes préhistoriques nous ressemblaient (physiquement) beaucoup.
Nous avons la chance d’habiter près du site néolithique de Chassey-le-Camp. Nous en parlons un peu plus en détail dans un autre article car c’est un endroit magnifique où nous aimons randonner.
Le Pont Roupt et le Pont de Valive
Après ce petit détour, nous revenons sur le grand chemin. Nous rejoignons bientôt des circuits de Petite Randonnée et suivons la direction « Pont du Gard » du panneau indicateur, ainsi que les marques du GR®.
Nous quittons ici la grande piste pour nous retrouver sur un sentier qui, dans un premier temps, longe des arcades. Ces vestiges sont connus sous le nom de Pont de Valive. De l’autre côté du grand chemin, se trouve aussi le Pont Roupt.
Ce sont des parties, tout comme le Pont du Gard, d’un aqueduc romain.
Mais avant de poursuivre notre randonnée et de voir le Pont du Gard de plus près, nous souhaitons faire ici une deuxième escapade historique.
Le Pont du Gard en quelques chiffres
L’aqueduc dans son ensemble
Tout comme les cirques et les amphithéâtres, les aqueducs sont des constructions emblématiques de la civilisation romaine.
Ce sont de longues canalisations qui permettaient d’alimenter les villes en eau. C’est ainsi que l’eau coulait dans les fontaines, les thermes (bains publics), les égouts et certaines riches demeures.
L’aqueduc de Nîmes (Nemausus, dans l’antiquité) collectait les eaux d’une source d’Uzès (Ucetia, alors place forte romaine). Il fait 50 km de long et a nécessité 15 ans de travail. Il a sans doute été construit vers 50 après J.-C. et aurait servi durant près de 500 ans ! Ça fait donc près de 2000 ans que le Pont du Gard est debout !
En fonction des reliefs du terrain, cette longue rigole était soit creusée à fleur de sol, soit enterrée, ou encore soutenue par des ponts (Pont du Gard, Pont de Valive, Pont Roupt…). Elle passait même parfois dans des tunnels. Un vrai travail de Romains 🙂 !
La canalisation, couverte d’un bout à l’autre, était en fait un véritable tunnel car un homme pouvait y marcher debout !
Le Pont du Gard n’est donc qu’une « toute petite » partie de cet immense aqueduc de Nîmes.
Le Pont du Gard
En fait, le Pont du Gard permet à l’aqueduc de traverser la profonde vallée du Gardon. Cependant, il ne servait pas aux hommes, du temps des Romains, à traverser la rivière. La seule et unique fonction de ce monument extraordinaire était donc de soutenir la canalisation d’eau.
Construire ce mastodonte a sans doute nécessité le travail d’un millier d’artisans et d’esclaves durant trois à cinq ans.
Il fait quand même près de 50 m de haut (un immeuble de 16 étages !) et 275 m de long (près de trois longueurs de terrain de foot !). Les piles du bas ont une largeur de plus de 6 m, c’est-à-dire plus que celle d’une maison !
Et chaque grosse pierre qui compose le Pont du Gard pèse environ 6 tonnes. C’est le poids de cinq ou six voitures !
En route pour le Pont du Gard
Maintenant que les présentations sont faites, allons voir ce monument exceptionnel d’un peu plus près. Ainsi, nous suivons le sentier qui passe à travers chênes verts et arbousiers. Cette jolie forêt méditerranéenne nous abrite un peu du soleil jusqu’au Pont du Gard.
Nous y arrivons par le haut, au niveau du petit escalier de pierre aménagé pour permettre la visite de la canalisation. Mais l’accès est maintenant verrouillé. Il est toutefois toujours possible de marcher tout en haut du Pont du Gard, mais uniquement lors d’une visite guidée.
Juste avant le monument, un sentier part sur la droite. Une borne nous invite à aller l’admirer depuis un joli point de vue, à 200 m de là. Ce deuxième petit détour en vaut vraiment la peine.
Au retour de ce panorama, nous reprenons notre randonnée en descendant le long du Pont du Gard. Nous passons ensuite sur le pont goudronné (non romain) qui longe le monument romain.
Vu d’ici, le Pont du Gard est vraiment impressionnant. Nous nous sentons vraiment tout petits sous ses arches immenses.
Vous pouvez aussi nous suivre sur une autre randonnée, à la découverte de l’aqueduc de Montreuillon. Bien plus récent, il fonctionne encore 🙂 !
Le tunnel ou le sentier forestier ?
Juste après la traversée du Gardon, nous prenons un escalier en direction de Lédenon, Sernhac et Saint-Bonnet-du-Gard. Nous sommes toujours sur le GR®6. L’escalier nous mène au troisième étage du Pont du Gard, juste à la sortie de la canalisation.
Ici, une nouvelle borne de pierre nous invite à un troisième petit détour vers un autre point de vue (que nous préférons même à son copain de la rive gauche).
Mais pour poursuivre la randonnée, nous avons deux possibilités :
- Passer dans le tunnel en bout de la canalisation du Pont du Gard.
- Suivre le joli sentier balisé, sans aucune difficulté, qui serpente dans la forêt méditerranéenne et rejoint la sortie du tunnel.
Tunnel ou sentier ?
Le Pont de Roussière
Un tout petit peu plus loin, en contrebas, nous laissons les vestiges de l’aqueduc sur notre droite. Nous poursuivons en direction du Pont de Roussière, par les marches et quittons momentanément le GR® pour couper à travers bois.
Ce chemin nous permet de voir une nouvelle fois le Pont du Gard. Nous débouchons très vite sur un chemin d’exploitation, que nous traversons. L’itinéraire se poursuit en effet en face, sur le sentier qui s’engage à l’intérieur du virage du grand chemin. Nous retrouvons ici le GR®.
Le sentier longe de nouveau la canalisation de l’aqueduc qui est maintenant à fleur de terre. Nous arrivons très vite au pont de Roussière. C’est un ouvrage d’art qui, tout comme le Pont du Gard, supportait la canalisation de l’aqueduc et lui permettait de traverser une combe assez profonde. Ce pont est malheureusement complètement ruiné.
Nous sommes au niveau supérieur, près de la rigole, et devons aller tout au fond du ravin. La descente est si raide qu’elle a été un peu sécurisée avec des rampes métalliques. Cet endroit n’en reste pas moins compliqué à passer avec de tout jeunes enfants. Il en devient même dangereux quand les pierres sont mouillées.
La forêt vierge
Au pied du pont, ou plutôt du peu qu’il en reste, nous prenons à droite en direction du Sablas.
Et là, nous entrons dans un autre monde ! Fini, les petits arbres qui peinent à abriter les randonneurs du soleil estival. Place à la luxuriante forêt vierge !
Nous exagérons bien sûr un chouillat mais nous retrouvons ici une ambiance qui rappelle nos bois bourguignons.
Il y a même des branches dans le travers du chemin : nous jouons aux Indiana Jones 🙂 ! Le chemin, encaissé, est magnifique.
Le Sablas
Nous montons ainsi tranquillement sur un kilomètre et demi en direction du Sablas.
Brusquement, les grands arbres disparaissent. Surprise : nous sommes dans la garrigue ! Le changement de décor est vraiment très, très rapide : nous n’en croyons pas nos yeux.
Nous arrivons à la grande piste gravillonnée qui borde le plateau surplombant la plaine de Saint-Bonnet-du-Gard. Ici, nous quittons le GR®6 et prenons à droite.
Valmale
Ça monte encore en pente douce. Nous passons devant une grosse citerne d’eau de la Défense de la Forêt Contre les Incendies et poursuivons jusqu’à Valmale.
Valmale, c’est le point culminant du parcours, en pleine garrigue. Ici, nous avons fait un peu plus de la moitié de la randonnée ; nous prenons à droite, en direction du Pont du Gard.
Le chemin du retour
La large piste nous descend tranquillement à travers la garrigue jusqu’à une autre citerne de la DFCI et la forêt de chênes verts et d’arbousiers toute proche.
Le grand chemin se transforme alors en joli sentier forestier.
Nous sommes fin décembre. Malgré la saison bien avancée, nous ramassons quelques arbouses bien mûres (mais pas trop 🙂 ). Certaines sont même encore sur les arbres. Nous nous régalons de ces fruits rouges à picots qui font un peu penser à des fraises. L’arbousier est d’ailleurs surnommé l’arbre à fraises. Bien adapté à la sécheresse, il fait partie de la flore caractéristique de ces sols calcaires, tout comme le chêne vert et le genévrier.
L’esplanade du Pont du Gard
Après cette petite récolte sauvage, nous reprenons notre descente tranquille vers les vestiges de l’aqueduc. Nous les passons et continuons tout droit, quittant le chemin de Grande Randonnée qui monte vers la gauche en direction du Pont du Gard.
Ainsi, nous arrivons bien vite à la grande esplanade ombragée, à moins de 500 m de cette croisée de chemins. C’est ici que se trouve les restaurants de la rive droite. Le Gardon et sa plage sont juste devant, en contrebas.
La Grotte de la Salpêtrière
C’est aussi au niveau de cette grande terrasse qu’il y a la Grotte de la Salpêtrière. Cet abri sous roche est laissé là sans aucune explication. Une pancarte est toutefois accrochée tout en haut : « Grotte préhistorique – Abri de l’Âge du Renne ». Bien peu palpitante, cette affaire 🙁 .
Et pourtant, cette cavité au pied de la petite falaise semble avoir été primordiale pour les archéologues et les préhistoriens. Cette « grotte » a en effet été occupée par l’homme pendant près de 40000 ans, depuis l’Aurignacien (le fameux « Âge du Renne », vers 41000 avant J.-C.) jusqu’aux premières utilisations du bronze (vers 2000 avant J.-C.).
Le Néolithique est la période qui précède l’Âge du Bronze. Ainsi, les gens qui ont mis en place le menhir de Valive, ont peut-être habité cet abri sous roche.
La Salpêtrière a aussi donné son nom à une période de la préhistoire située vers 17000 avant J.-C. On parle donc maintenant de Salpêtrien comme on parle de Solutréen (site de Solutrée), de Magdalénien (grotte de La Madeleine) ou de Chasséen (éperon barré de Chassey-le-Camp).
Le retour vers Valive
Nous voilà donc de retour au pied du Pont du Gard : nous préférons retourner où nous avons commencé cette belle randonnée, par le chemin qui nous a amenés ici.
Cependant, il est tout à fait possible de faire un petit détour par les oliviers millénaires. Au Pont du Gard, il suffit d’aller en direction du musée et du parking de la rive gauche. Les oliviers sont sur le bord du chemin.
Une fois à ces arbres magnifiques, il est possible de continuer en direction de Mémoires de garrigue et de poursuivre jusqu’aux arches du Pont Roupt. Pour revenir au chemin de départ, longez simplement les vestiges de l’aqueduc en direction du sud.
La randonnée au Pont du Gard
Allier randonnée, visite de musée, découverte nature, plage… est donc tout à fait possible au Pont du Gard. Et, même si l’escapade n’est pas très longue, nous recommandons de réserver une journée complète pour cette excursion sur ce site vraiment exceptionnel.
Il y a tellement de choses à voir ! Tant de milieux naturels différents : garrigue, forêt méditerranéenne, futaie d’éboulis et de fond de ravin, bord de rivière !
Si vous avez prévu de visiter le musée, il est préférable de se garer sur un des parkings du site. La randonnée n’en sera qu’écourtée.
Et, bien entendu, n’oubliez pas les lunettes de soleil, l’eau, les couvre-chefs et la protection solaire si vous vous lancez sur les chemins en plein été. En effet, la canicule peut très vite gâcher une sortie familiale.
De plus, si vous le pouvez, n’hésitez pas à visiter Nîmes, bien sûr, mais aussi la magnifique petite cité d’Uzès. Elle en vaut vraiment la peine, surtout qu’il y a là-bas le Musée du Bonbon Haribo 😉 .
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