Lire une carte IGN : tous les secrets du relief

Lire une carte IGN : tous les secrets du relief

Dans notre article Lire une carte IGN : les bases, nous avons commencé de découvrir les moyens de transcrire le relief sur une carte plane.

Toutefois, cette première approche nous semble clairement insuffisante pour se rendre compte des difficultés réelles d’une escapade.

Les meilleures raisons de savoir lire le relief sur une carte topographique

En effet, à moins de randonner dans une région peu accidentée ou d’être un-e randonneur-se expérimenté-e, cela ne vous permettra pas d’appréhender correctement les potentiels problèmes d’une randonnée lors de sa préparation. Il faut donc creuser un peu plus la question pour être sûr-e de bien faire correspondre la longueur et le dénivelé du parcours avec la condition physique de la petite famille.

Savoir lire le relief sur une carte permet aussi de connaître sa position sur le terrain. Savoir si on a passé les plus grosses difficultés ou au contraire si elles restent à venir. Et mine de rien, c’est une question qui revient très souvent en randonnée familiale.

Il est aussi important de connaître toutes les ficelles dans ce domaine pour estimer les pentes, notion essentielle dont la sécurité dépend, surtout en montagne. En effet, en été, traverser un pierrier trop pentu peut entraîner des chutes de pierres. Idem en hiver : on sait que les avalanches se produisent dès 30° d’inclinaison.

Nous allons donc passer en revue toutes les subtilités relatives au relief et entrer dans le monde du dénivelé, des courbes de niveau, des altitudes… Programme a priori peu passionnant 🙁 , mais nécessaire pour une pratique sécurisée de la randonnée 🙂 .

Le dénivelé

C’est tout simplement la différence de niveau (ou d’altitude si vous préférez) entre deux points.

En randonnée, on parle aussi de dénivelé positif, qui correspond à la somme des dénivellations de toutes les parties montantes du parcours. Et plus il est imposant, plus les efforts à fournir et la fatigue qui en résultera seront importants.

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Le dénivelé positif correspond à la somme des longueurs des traits orange de ce profil topographique (ou altimétrique)

Les ombrages

Nous l’avons vu, les zones ombrées de votre carte mettent en évidence les coteaux. C’est un peu comme si la carte (plane) était en relief, éclairée depuis le nord-ouest. Mais l’effet 3D donné par cet estompage ne va pas nous être bien utile à quantifier précisément une différence de niveau. Ça va plutôt servir à avoir un aperçu global du relief, vu d’avion. A savoir si les sentiers que nous prévoyons de prendre vont serpenter en plaine, en région vallonnée ou carrément dans un massif montagneux.

Les indications d’altitude, repères importants pour lire le relief d’une carte

Il y en a un peu partout sur les cartes topographiques : intersection de routes ou de chemins, sommets, ponts, centres de villages… Ce sont des repères de nivellement qui indiquent tout simplement l‘altitude de certains points géodésiques, au mètre près, par rapport au niveau moyen de la mer à Marseille.

Explicites et très facilement repérables, ces points cotés sont des aides appréciables pour quantifier un dénivelé.

Pour les montagnards, principalement, ce sont aussi des endroits privilégiés pour recaler un altimètre un peu chamboulé par les variations de pression atmosphérique et qui n’indique plus la bonne altitude.

Pour information, certains de ces endroits sont même repérés sur le terrain par une petite borne cubique en béton. Ces bornes du Réseau de Base Français, qui étaient indiquées sur les anciennes cartes, n’apparaissent plus ni sur les nouvelles, ni sur le GEOPORTAIL (qui regroupe toutes les cartes IGN de France). Mais qu’il y ait ou non une borne sur un point coté n’est vraiment pas important pour nous, randonneurs.

En complément, vous pourriez aussi découvrir Le balisage des chemins où nous vous disons tout sur le marquage des sentiers et les différents styles de balises en randonnée pédestre, équestre ou VTT.

Les courbes de niveau

A quoi ça correspond exactement ?

Ce sont des lignes fictives, imaginaires, donc invisibles sur le terrain. Chacune d’entre elles relie tous les points du terrain qui se trouvent à une même altitude. C’est pourquoi on parle d’isohypse (gros mot 😉 provenant du grec et signifiant « même hauteur »).

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En fait, c’est comme si les cartographes de l’IGN « saucissonnaient » le terrain, en y découpant des tranches horizontales de la même épaisseur puis traçaient le contour de chacune des couches. Donc on monte (ou on descend) toujours de la même valeur quand on passe d‘une courbe de niveau à l’autre. Cette différence d’altitude constante entre chaque courbe s’appelle équidistance (celui-là vient du latin et veut dire « égale distance »).

Bref, on obtient une espèce d’escalier géant avec des marches de plusieurs mètres de hauteur.

C’est en fait un peu le principe du scanner médical. C’est aussi cette technique (mais inversée) qu’utilise une imprimante 3D qui empile des couches fines de différentes formes les unes sur les autres pour fabriquer l’objet souhaité.

Leurs représentations

Ainsi, sur la carte IGN, le relief du terrain se matérialise par des courbes marron ou orangées. Et plus celles-ci sont écartées les unes des autres, plus le terrain est plat. Pour illustrer cette remarque, nous allons reprendre l’exemple de la Culée de Vaux à Poligny (Jura), où se côtoient pentes abruptes et plateaux.

Environs de Poligny (Jura) où se distinguent nettement les terrains plats des coteaux abrupts
Profil altimétrique de la Culée de Vaux depuis Barretaine jusqu’à Chaussenans, suivant le trait bleu foncé de la carte

Comme vous pouvez le constater, une ligne sur cinq est tracée en gras. Le fait qu’il y ait ces courbes principales permet de mieux lire le relief sur la carte. Elles indiquent des altitudes remarquables, comme les centaines. Ces lignes maîtresses sont donc des repères précieux d’autant plus qu’elles marquent aussi le sens de la pente. En effet, l’altitude est écrite sur certaines de ces courbes et le sens de lecture indique l’amont.

Le sens de lecture des altitudes indiquées sur les courbes maîtresses (et les flèches) indiquent l’amont

Il y a aussi des lignes fines pointillées qui indiquent très localement des demis paliers, en principe dans les régions avec très peu de relief.

D’autres courbes de niveau, principales ou secondaires, sont associées à une flèche, pointant le fond d’une cuvette, d’une petite dépression de terrain. Ce type de topographie correspond à un terrain calcaire, au sol perméable. Dans le cas contraire, les cuvettes seraient remplies d’eau et seraient alors des lacs.

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Cuvettes et demis paliers

N’oubliez pas notre article Lire une carte IGN : les bases, où nous parlons un peu de relief mais aussi des échelles, des cours d’eau, de la végétation et autres données cartographiques…

Intervalle des courbes de niveau

Sur une carte IGN au 1/25000, l’écart entre 2 courbes de niveau est de 5 m, le plus souvent.

Méfiance, c’est sournois, une équidistance !

Eh oui ! Ce serait trop simple si c’était tout le temps 5 m. Il y a en fait trois équidistances différentes sur les cartes IGN TOP25 :

  • Dans la plupart des cas, les paliers sont effectivement de 5 m. Ça correspond aux régions de plaines, aux reliefs peu accidentés.
  • Il y a aussi des cartes avec une équidistance entre courbes de niveau de 10 m. Typiquement, dans les régions de moyenne montagne, mais aussi dans des endroits aux coteaux pentus.
  • Enfin, en haute montagne, le dénivelé entre deux courbes est de 20 m. En France, ceci ne semble concerner que certains secteurs des Alpes.
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Ça aurait quand même été plus simple de tracer toutes les cartes avec la même équidistance ! Peut-être, mais imaginez simplement :

  • Une carte dont l’équidistance est de 5 m avec quatre fois moins de lignes pour avoir une équidistance de 20 m. Elle ne serait pas assez précise, donc inexploitable.
  • Une carte dont l’équidistance est de 20 m avec quatre fois plus de lignes. Elle serait trop touffue, donc illisible.

Et ça pose un sacré problème !

Ainsi, sur les cartes de moyenne montagne, les courbes de niveau sont deux fois moins nombreuses donc deux fois plus espacées. Et c’est encore pire pour la haute montagne. Or, comme nous l’avons vu, plus elles sont écartées, plus le terrain est plat. Le fait qu’il y en ait moins peut donc entraîner une mauvaise interprétation du relief réel.

Il faut donc être vigilant-e et en connaître l’équidistance dès qu’on prépare la randonnée, surtout en région vallonnée et plus encore en montagne.

Mais alors, sur ma carte IGN, le relief est indiqué comment : 5, 10 ou 20 m entre les courbes de niveau ?

Le premier réflexe à avoir : regarder la légende de la carte.

Sur les vieilles éditions, l’équidistance est toujours mentionnée, même si parfois on ne trouve pas l’information où on l’imagine.

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Indication de l’équidistance sur une carte de 1990
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Indication de l’équidistance sur une carte de 2005

Par contre, sur les cartes récentes, l’indication est moins précise. L’IGN-France dit simplement que l’équidistance est de 5m en plaine et 10 m en montagne. Point barre. Débrouillez-vous. Quant au GEOPORTAIL, l’équidistance indiquée est de 20 m, partout…

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Indication de l’équidistance sur le géoportail

Alors, si vous ne trouvez pas d’information précise, il va falloir regarder la carte d’un peu plus près et y trouver des indices.

Élémentaire mon cher Watson !

Mais rassurez-vous, pas besoin de s’appeler Sherlock ! Il suffit en effet de regarder ces quelques points :

  • Si vous trouvez une courbe maîtresse dont l’altitude se termine par 25 ou par 75, l’équidistance est de 5 m. Dans le cas contraire, le doute est permis : de telles courbes existent peut-être mais on ne les a pas vues.
  • Si une courbe principale a une cote se terminant par 50, l’équidistance est de 5 ou 10 m, mais pas de 20 m.

Sinon,

  • Trouvez deux données d’altitude sur des courbes de niveau peu éloignées, dans une zone où il sera facile de compter les lignes fines entre les deux.
  • Ou bien trouvez deux repères d’altitude proches avec peu de courbes de niveau dans leur intervalle.
  • Ou alors faites un mix des deux : un repère d’altitude et une courbe.
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Difficile de compter les lignes ici
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Plus simple de compter ici

Ensuite, il suffit de compter les courbes de niveau intermédiaires, en ignorant les lignes pointillées des demis paliers.

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Équidistance de 5 m

La courbe cotée à 25 (au-dessus du camping) nous renseigne tout de suite que l’équidistance est de 5 m.

Mais imaginons que nous ne l’ayons pas vue. On peut prendre la ligne des 50 (entre Le Sodit et Floringzelle) et le point coté à 58 (au nord de Floringzelle). Entre les deux, il y a une ligne (on ne compte pas le demi palier en pointillés), qui est forcément celle des 55 m. L’équidistance est donc de 5 m.

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Équidistance de 10 m

Prenons ici la ligne des 50 m (en-dessous du phare). C’est la cinquième courbe depuis la mer, niveau 0. L’équidistance est donc de 10 m.

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Équidistance de 20 m

Le refuge est à 2506 m d’altitude. Un peu au nord se trouve la courbe maîtresse des 2400 m. Entre les deux, il y a cinq lignes et cinq intervalles de 20 m.

Savoir lire le relief sur une carte IGN et estimer les pentes

Une pente est le ratio entre le dénivelé et la distance (horizontale) mesurée sur la carte. Pour une dénivellation donnée, plus la distance horizontale sera importante, plus la pente est faible.

Calculer une pente

Franchement, nous n’avons jamais eu à calculer une pente. Regarder la carte et estimer la longueur et le dénivelé positif du parcours nous suffit amplement.

Cependant nous ne sommes pas des montagnards, donc pas des spécialistes de la montagne (même si nous y traînons nos guêtres de temps en temps). Et ici, estimer les pentes n’est pas qu’une question de fatigue ou de condition physique. Ici, comme nous le disions en introduction, il est nécessaire de connaître les pentes pour des raisons de sécurité dans les pierriers en été, et en hiver pour éviter les avalanches.

Pour information, il existe des petites réglettes en plastique souple qui permettent de déterminer rapidement une pente en fonction de l’échelle de la carte et de l’équidistance. Il suffit de « mesurer » l’espace entre deux courbes de niveau pour connaître la pente.

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Réglette de l’Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches

Quel chemin choisir ?

Maintenant, imaginons que vous ayez deux parcours possibles pour vous rendre à un endroit :

  • Le premier est très pentu.
  • Le second est plus long mais faiblement incliné.

Il faut savoir que, bien souvent, il vaut mieux choisir le deuxième chemin, même s’il est un peu plus long : on fatigue moins. Ceci est surtout valable en randonnée au long cours et n’est bien sûr vrai que dans des conditions équivalentes sur les deux itinéraires : mêmes intérêts touristiques, mêmes vues imprenables, même ensoleillement…

Toutefois, si le chemin qui grimpe fort est un sentier qui se faufile à travers des rochers, c’est vraiment l’option à prendre car l' »escalade », ça motive vraiment les enfants… Il se pourrait même que vous ayez du mal à les suivre 🙂 !

En résumé

Savoir lire le relief sur une carte est donc très important tant pour préparer votre randonnée que pour connaître les difficultés à venir au cours de votre périple :

  • Un premier coup d’œil sur la carte permet de se rendre compte de la morphologie générale du terrain.
  • Ensuite, un œil plus attentif permet de repérer les points bas et hauts grâce aux repères d’altitude et une idée très grossière des dénivelés.
  • Il est alors nécessaire de connaître l’équidistance des courbes de niveau.
  • Enfin, l’écartement des courbes de niveau permet d’avoir un aperçu très précis des difficultés de l’escapade envisagée.

Maintenant que nous avons vu la théorie, nous allons pouvoir aborder ensemble la pratique : comment préparer une randonnée en toute sécurité et en rapport avec les capacités physiques de la petite famille.

Dans Lire une carte IGN : un peu de pratique, nous vous montrons donc comment appliquer toutes ces connaissances sur le relief afin de savoir repérer les difficultés de vos futures balades, dès leur préparation. Nous y abordons aussi les notions de ligne de crête et de fond de vallée. Bref, c’est un article pratique et détaillé sur la lecture de la carte.

Maintenant que vous êtes devenu-e incollable sur le relief et la cartographie, nous vous invitons à nous laisser un message dans les commentaires et n’hésitez pas non plus à partager cet article 😉 !

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18 réflexions sur « Lire une carte IGN : tous les secrets du relief »

  1. Jusqu’à présent, je n’avais qu’une lecture superficielle des courbes de niveau et grâce à votre article je vais prêter plus attention à l’écartement des courbes de niveau en préparant une randonnée

  2. Avec cet article, j’ai découvert plein de chose sur les cartes. Je lirais les cartes différemment. En tout cas, très bon article et bien documenté!

  3. Lecture très interessante, en à peine 5 minutes de lecture de cet article j’ai appris beaucoup de choses sur les cartes en relief, l’importance des équidistances et les astuces pour les extraire de la carte.

  4. Bonjour, je suis novice en pratique de la randonnée et je me demandais qu’est-ce qu’une carte IGN ? Pourquoi utiliser une carte IGN ? Comment préparer sa randonnée avec une carte IGN ? Les informations essentielles sur une carte IGN ? Encore merci pour cet article

  5. Superbe article très complet. Ces enseignements sont également intéressants pour ceux qui veulent un peu s’émanciper de la technologie. Une mine d’or pour les petites tribus d’aventuriers.

  6. Merci pour cet article. Je pensais savoir lire une carte, et je me rends compte qu’en réalité il me manquait pas mal de choses pour être précise. Bravo pour les illustrations, ça facilite vraiment la compréhension.

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