A propos de la cueillette sauvage en automne
Nous voici de nouveau sur les chemins pour un défi survie douce orienté cette fois-ci sur la cueillette sauvage en fin d’automne. Juste histoire de voir comment nous nous débrouillons à une saison aussi tardive.
Comme le pied de Maïna n’est pas totalement remis, nous optons cette fois encore pour une très courte randonnée. Trois ou quatre kilomètres tout au plus.
Nous ne bivouaquerons pas : notre matériel de randonnée est prévu pour deux saisons (d’avril-mai à fin octobre environ). Il est donc totalement inadapté pour passer une nuit dehors début décembre. D’autant plus qu’en ce moment il fait assez froid. Les températures, autour de 0 la nuit, ne dépassent pas les 4°C la journée. Le temps est tristounet : grisaille et grosses averses sont au menu du jour…
Les premiers pas
Nous partons d’un petit village de la Côte Chalonnaise et dès le départ la chance nous sourit.
En effet, près de l’église, un jeune figuier laisse tomber ses fruits sur le trottoir. A voir le nombre de figues pourries ou écrasées, personne ne s’y est jamais intéressé. Nous ramassons celles qui sont en bon état même si nous savons qu’à cette saison elles n’auront pas la saveur et le sucre des figues d’été. Nous goûterons plus tard…
Juste à la sortie du village, alors que nous arrivons au chemin qui mène à la forêt, un 4×4 arrive fond-de-train sur la route, rétrograde bruyamment et s’engage sur le chemin. Nous laissons passer ce chasseur pressé et l’entendons monter tout droit dans la forêt. Puis quelques coups de trompe : rappel de chiens, à l’endroit-même où nous pensions aller. Comme l’après-midi vient de commencer, la chasse est loin d’être terminée.
Mais qui a bien pu s’acharner comme ça sur cette vieille branche. Un pic ?
Nous bifurquons donc sur un chemin à droite, pour ne pas nous trouver au milieu de cette chasse annoncée nulle part. Le temps de faire cent ou deux cents mètres et déjà la voiture repart sur une allée parallèle et dans la direction que nous venons de prendre. Vraiment pas de bol. Nous décidons alors de contourner le pré en passant à travers bois pour rejoindre notre première destination.
Il commence de pleuvoir, d’abord très peu, puis plus franchement. Voire assez fort. Avec le froid, ce n’est pas très agréable.
Vous pouvez aussi regarder notre article sur notre cueillette sauvage en hiver et voir comment nous nous sommes débrouillés.
Les champignons
Ce petit détour nous fait passer vers quelques champignons. Nous en sommes d’ailleurs très étonnés, vu la saison tardive.
Les mycènes purs
Les premiers que nous voyons sont des mycènes.
Le mycène pur est très facile à reconnaître avec son chapeau aux lamelles écartées posé sur un pied long et fin. Sa couleur rose pâle (qui tourne au brun clair par temps de pluie) et surtout son odeur caractéristique de radis le distingue des autres.
Mais c’est le genre de champignon dont il est difficile de connaître la comestibilité. Certains livres le disent comestible, d’autres faiblement toxique. D’autres encore ne s’avancent pas sur ce terrain. Pour notre part, d’en avoir déjà mangé, nous savons qu’on ne risque rien en en mangeant un peu. Par contre, à plus haute dose, ce champignon fait mal au ventre. Nous ne le ramassons donc plus. Même pas quelques uns.
Les pieds-bleus
Quelques mètres plus loin, un joli pied-bleu. Nous le cueillons car ces beaux champignons au chapeau couleur lilas sont bons comestibles. C’est donc notre première cueillette sauvage aujourd’hui : étonnant pour une fin d’automne.
Il y a bien deux autres pieds-bleus, mais tout petits : nous les laissons.
Les entonnoirs marron
Juste à côté, quelques champignons au long pied et au chapeau brun très foncé, luisant, en forme d’entonnoir. Nous ne les cueillons, ne les connaissant pas.
Nous savons maintenant que ce sont des clitocybes en coupe, sans grand intérêt culinaire. Ce qui veut dire que ce champignon est comestible quand même. Il pousse en automne et au début de l’hiver.
Les coupes mauves délavées
Sur le retour, au pied d’un petit chêne, pousse une petite colonie de champignons que nous ne connaissons pas. Ils sont bruns mauves. Nous ne les ramassons pas.
Ce seraient en fait des clitocybes inversés des feuillus. Eux aussi sont comestibles mais avec des confusions possibles avec des champignons toxiques. Donc méfiance.
Les fruits
Mais pour le moment, nous sommes en lisière de bois. D’un côté, quelques châtaigniers, chênes et charmilles empiètent sur le pré, de l’autre une forêt de sapins tirée au cordeau colonise le versant.
La récolte
Nous ne voyons aucun gland, tout comme lors de notre dernière sortie survie douce. Nous n’en avons encore jamais mangé et nous aurions bien aimé tenter cette année. La glandée n’a pas dû être abondante. Il faut quand même savoir que le gland cru est toxique pour l’humain. Mais il suffit de le cuire (bouilli, torréfié…) pour pouvoir le consommer sans danger.
Par contre, il y a encore quelques châtaignes, qu’il faut souvent débusquer sous l’épais tapis de feuilles. Beaucoup sont véreuses. Nous y passons énormément de temps et la récolte est minuscule : une poignée de perles rares. A chercher dans les feuilles mouillées et froides, nous avons mal aux doigts. Le seul avantage en saison très avancée est qu’il est facile d’ouvrir les bogues : elles sont toute molles !
Peut-être un petit mot sur les châtaignes que nous trouvons dans nos forêts. Il faut oublier les belles, les grosses, les dodues que l’on ramasse en Ardèche. Ici, elles sont deux ou trois fois plus petites. Donc un « peu » plus longues à éplucher. Mais tout aussi bonnes 😉 !
Les Ents
Notre quête de châtaignes nous amène au pied de Sylvebarbe. Ce géant nous impressionne vraiment tant par le diamètre de son tronc que par sa taille démesurée. Rencontre avec l’éternité.
Un peu plus loin, nous croisons Bouclefeuilles qui nous domine du haut de son talus abrupt. Cet ancêtre est mal en point mais il tient bon. Une énorme branche est tombée et pourrit à terre mais de nouvelles pousses repartent du pied. Nous sommes tout petits et forcément très humbles face à lui. Quel âge peut-il avoir ? Difficile à imaginer. En tout cas, ses racines et son tronc creux protègent un ou deux terriers de renards.
Les plantes
La cloche d’une église nous tire de nos pensées et de nos rêveries. Mais qu’annonce cette sonnerie en plein après-midi d’un samedi de décembre ? Une messe ? Un enterrement ? En tout cas certainement pas midi ou l’angélus du soir puisqu’il doit être 15h30 ou 16h00.
Quoiqu’il en soit, nous repartons et entamons la fin de notre petit périple. La pluie se calme et s’arrête enfin. Le chemin passe près d’un grand pré. Nous y trouvons jeunes orties (bien piquantes !), feuilles de pissenlit et de plantain lancéolé. Mais pas de trèfle pourtant assez courant, même en hiver.
En lisière de bois, nous cueillons aussi quelques feuilles d’égopode. Cette plante, qui peut être envahissante à la belle saison, est bien moins présente en fin d’automne.
Peu de temps avant de rejoindre notre point de départ, nous passons devant quelques feuilles de berce. Il y a suffisamment pour en récolter un peu mais comme elles sont près d’un champ, nous préférons les laisser. En effet, nous ne cueillons jamais rien à proximité d’une zone de culture (champ ou vigne), donc de traitements plus que probables. Et même s’il n’y a pas de traitements en ce moment, il est très possible que les sols soient pollués. Surtout quand on vient de voir un « joli » paquet d’écume rose sur le ruisseau qui borde le champ !
De retour à la maison
Les orties rapportées ont permis de faire un bon potage.
Les autres plantes sont consommées en salade.
Le seul champignon que nous ayons rapporté a parfumé une omelette.
Les figues et les châtaignes composent notre dessert. Sans surprise, les figues sont vraiment très fades : elles n’ont aucun goût et ne sont pas sucrées. Les châtaignes, elles, ont été fendues puis grillées à la poêle. Un vrai (minuscule) régal.
Bilan de notre cueillette sauvage d’automne
- Les livres que nous comptions emporter sont restés bien au chaud à la maison. Incorrigibles têtes en l’air que nous sommes ! Mais, de toute façon, avec la pluie nous ne les aurions pas utilisés.
- Il est donc possible de se nourrir assez facilement, en fin d’automne, même sans être expert de cueillette sauvage. Nous savons d’ailleurs identifier deux champignons comestibles de plus. Par contre, ramasser des châtaignes à cette saison est vraiment très chronophage. Pour un résultat ridicule.
- Il faut aussi signaler que l’année 2021 est une très mauvaise année pour les fruits et les baies sauvages comestibles à cause des gelées tardives et des fortes pluies printanières.
Merci de suivre nos aventures ! N’hésitez pas à nous laisser un commentaire 🙂 !