Notre super cueillette sauvage en hiver

Notre super cueillette sauvage en hiver

Un des buts de notre défi « survie douce » est d’évaluer nos connaissances en cueillette sauvage tout au long des saisons, notamment en plein hiver. Mais nous l’avons laissée filer, la saison froide et n’avons pas pu faire de sortie survie douce de tout l’hiver ou presque…

Car nous avons toutefois pu reprendre nos activités de survie douce le weekend avant le passage officiel au printemps. Ouf ! In extremis…

Donc, pour la cueillette sauvage en plein hiver, c’est un peu raté. Mais, mieux vaut tard que jamais 😉 …

Un second projet hivernal nous tient à cœur : bivouaquer par temps froid avec notre matériel inadapté pour la saison hivernale. Ce n’est que partie remise : il suffit d’attendre un peu. En effet, en Bourgogne, il peut encore geler jusqu’à la mi-mai. Nous essaierons d’être un peu plus réactifs.

Comme le pied de Maïna va mieux, nous allongeons progressivement, tout en douceur, la longueur de nos escapades. Sans pourtant retrouver tout notre potentiel. La balade sera donc encore assez courte, de l’ordre de 7 ou 8 km.

Pour cette petite randonnée, nous choisissons les environs vallonnés du Creusot, en Saône-et-Loire. Cette ville était le cœur industriel d’un grand bassin minier. Une référence en la matière, puisque c’était le fief des Schneider. On y traitait le minerai de fer extrait à Couches et à Mazenay, grâce au charbon des mines de Montceau et de Blanzy. Et ce patrimoine industriel est encore perceptible aux quatre coins de la ville : vieilles usines réhabilitées, friches industrielles et cités minières se partagent le terrain.

Cependant, cette ville à l’urbanisme disparate, sans véritable centre, est nichée dans un bel écrin de nature. La campagne vallonnée est faite de belles forêts et de pâturages.

Aïe ! Ça commence mal !

Nous démarrons donc notre sortie survie douce d’un hameau de la région creusotine. Il nous faut emprunter des petites routes toutes tranquilles.

Avant la sortie du village, nous découvrons de magnifiques pissenlits. Ils ne sont pas encore fleuris. Les boutons floraux ne sont même pas formés. Pourtant, nous ne les cueillons pas car ils sont vraiment trop au bord de la route et de sa pollution. Nous en retrouverons sans doute ailleurs.

cueillette sauvage hiver pissenlits non fleuris

Ensuite, durant au moins deux kilomètres, nous n’avons pas repéré grand-chose. Nous passons alors en lisière de bois devant des genêts à balai et des bruyères. Les bruyères fleurissent alors que les genêts sont encore en feuilles.

Nous savons que le genêt à balai est toxique. La bruyère, quant à elle, est utilisée en tisane, nous en sommes sûrs. Mais quelle partie de la plante récupère-t-on ? Impossible de nous en souvenir. Nous les laissons donc tous les deux.

Quant à la bruyère, nous n’avons en Bourgogne que la callune-fausse-bruyère. La vraie, elle, pousse seulement dans la moitié occidentale de la France. Cependant, la callune semble avoir les mêmes propriétés que sa proche cousine. Elle est non toxique dans toutes ses parties mais on utilise plutôt les fleurs pour les tisanes.

ATTENTION TOXIQUE : Après vérification, il s’avère que le genêt à balai est bien toxique, sauf la fleur qui est comestible.

Nous passons donc notre chemin.

C’est un peu mieux

Nous sommes maintenant sur une piste encore bien marquée par les pluies hivernales. De grandes flaques la barrent en effet alors qu’il n’a pas plu depuis plusieurs semaines.

Dès les premiers pas sur ce chemin, nous trouvons quelques jeunes plantains et lamiers pourpres. Mais il y en a tellement peu que nous ne les cueillons pas. Même si, logiquement, d’autres devraient bientôt voir le jour.

Les comestibles

Un peu plus loin, la végétation des talus est plus fournie. Nous y cueillons même quelques coucous (ou primevères officinales) en fleur. C’est le tout début de la saison : ils ne sont pas encore bien nombreux dans les prés. Nous ramassons aussi des feuilles de plantain lancéolé et du mouron blanc (ou mouron des oiseaux).

ATTENTION CONFUSION : avant la floraison, le mouron blanc peut se confondre avec le mouron rouge qui, lui, est toxique. Il y a quand même quelques signes distinctifs mais pour plus de sécurité, nous ne cueillons que des mourons fleuris.

Nous y découvrons aussi des violettes odorantes et de l’ail sauvage. Avec, un peu plus loin, des alliaires et des gaillets gratterons qui pointent le bout de leurs nez. Nous cueillons de tout, en petite quantité.

Jusqu’à présent, même si nous ne sommes pas bredouilles, notre récolte est bien maigre.

De gros doutes sur la toxicité

Et ce ne sont pas les ficaires et les arums tachetés que nous croisons maintenant qui vont gonfler notre sac !

En effet, la ficaire, comme toutes ses cousines de la famille des renoncules (à commencer par le bouton d’or), n’est pas comestible. Et pour l’arum tacheté, nous savons que ses fruits rouges sont toxiques, laissant supposer que toute la plante est à éviter. C’est tout du moins ce que nous pensions.

N’étant pas sûrs de nous, nous préférons donc laisser tout ce petit monde au bord du chemin.

Après vérification, les feuilles des ficaires non fleuries sont bel et bien comestibles.

ATTENTION TOXIQUE : Il s’avère que le gouet (c’est l’autre nom de l’arum tacheté) est vraiment toxique dans toutes ses parties (fleurs, fruits, tiges, feuilles, racines).

Bingo !

Par contre, une centaine de mètres plus loin, au détour d’un sentier, nous trouvons un vrai trésor. Bien à l’abri sous des noisetiers, sur un talus très pentu, une belle colonie de mâche (ou doucette) n’attend que nous ! Nous faisons donc ici l’essentiel de notre récolte.

A ce joli tableau de chasse, nous ajoutons les toutes jeunes orties dioïques (ou grandes orties). Ce qui fait que nous ramassons des grandes orties petites (ou petites grandes orties !) 😉 . Cueillies au bord d’un pré, peu de temps avant de retrouver la petite route qui nous ramène à la voiture, elles complètent cette belle cueillette sauvage, au tournant de l’hiver et du printemps.

Et finalement, nous n’avons pas vu d’autre pissenlit que ceux du hameau, au départ de cette petite randonnée ! C’est pourtant LA plante que nous pensions cueillir en « grande » quantité. Ce n’est sans doute pas encore tout à fait la saison…

Et pour celles et ceux que ça intéresse, vous pouvez lire notre article sur l’éveil sensoriel des enfants où nous avons glissé la recette de la cramaillotte, la gelée de fleurs de pissenlit franc-comtoise. Un délice !

Bilan de notre cueillette sauvage d’hiver

Pour notre sortie automnale, nous avions oublié les livres que nous comptions emporter sur le coin d’une table. Cette fois-ci, nous avons fait encore mieux : nous avons carrément oublié d’y penser. Ils sont donc restés sur leur étagère ! Ils nous auraient pourtant bien aidés. Mais bon, on ne se refait pas…

Nous avons donc fait une belle salade de mâche et de jeune plantain, assaisonnée d’ail sauvage et d’alliaire, et colorée de mouron blanc, de violettes et de coucous. Nous avons préparé les orties en soupe, relevée elle aussi d’une petite note piquante d’ail et d’alliaire.

Vous avez sans doute remarqué que nous avons préparé l’ortie en soupe, pour enlever le côté urticant de la plante. Mais sachez quand même que cette plante peut se manger crue, et de deux manières différentes :

  • En la pliant en deux ou en l’enroulant, face urticante à l’intérieur. Nous avons déjà essayé mais ça demande mille précautions !
  • En l’associant à d’autres plantes, en salade. Mélangée, elle ne pique plus. Il faut bien l’avouer : nous n’avons jamais osé !

Le bilan de cette sortie survie douce et de notre cueillette est donc plutôt positif. Nous avons trouvé de quoi faire la base principale de nos repas de cette journée. Mais qu’en aurait-il été si nous avions fait cette sortie au cœur de l’hiver ? Très difficile à dire. La mâche aurait peut-être été là, tout le reste sans doute pas.


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5 réflexions sur « Notre super cueillette sauvage en hiver »

  1. J’aimerais connaître bien mieux la flore et savoir me nourrir de ce que nous offre la nature…mais j’ai toujours peur de me tromper! Les coucous, ça, je connais. Les pissenlits aussi. Les orties, éventuellement. Par chez nous, le sol se couvre d’ail des ours (est-ce son vrai nom?) en ce moment et c’est chouette, mais je n’ose pas les cuisiner! C’est super de pouvoir faire des petites cueillettes comme ça!

  2. leblogdespagnol dit :

    Quel bonheur de lire cet article. un vrai voyage à travers les sens, et en plus j’ai appris plein de choses. j’Aime beaucoup le côté « sur le vif » qui alterne avec les vérifications. Et j’ignorais complètement qu’on trouvait de la doucette à l’état sauvage en randonnée.

  3. Bonjour ! Merci pour ce super article ! C’est vraiment passionnant et j’ai moi-même envie de me mettre à la cueillette sauvage… Mais bon ça serait plus facile d’habiter à la campagne pour le faire haha ! En tous cas l’ortie ça je connais, en soupe, mais aussi en omelette, en tarte, en quiche, etc. J’avoue n’avoir jamais eu le courage de la manger crue moi non pus ! Elle m’a beaucoup aidée pour mon troisième, à augmenter les quantités de lait… Cette plante est magique tellement elle a de vertus ! Bravo pour l’article en tous cas, et pour la cueillette ! Tamara.

  4. stephanemuracciole dit :

    Vraiment un article intéressant. Personnellement, j’ai appris énormément de choses.

  5. Super intéressant comme activité à faire avec des enfants ! Mais effectivement il faut vraiment être sur de la non-toxicité des plantes, je sais pas si j’oserais prendre un tel risque sans un expert à mes côtés ! En tout cas bel article très bien documenté 🙂

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