Sur le Camino del Norte : de Villaviciosa à Gijon

Sur le Camino del Norte : de Villaviciosa à Gijon

À Villaviciosa, nous avons donc décidé de continuer sur le Camino del Norte, en direction de Gijon (Xixón en asturien). Nous ne suivrons donc pas le Camino Primitivo, délaissant Oviedo/Uviéu, la capitale des Asturies. Mais le choix a vraiment été difficile à faire…

Nous garons la voiture à Villaviciosa, à deux pas du Camino. La gare de bus, elle, est de l’autre côté de la ville, mais à cinq ou dix minutes à pied, tout au plus. C’est une toute petite bourgade.

Nous partons cette semaine pour seulement deux jours de pérégrination sur le Camino del Norte pour parcourir la petite trentaine de kilomètres qui séparent Villaviciosa de Gijon.

Une décision bien difficile à prendre…

Ainsi, Villaviciosa représente pour les pèlerins du Camino del Norte une étape très importante : c’est en effet ici que l’on doit savoir si l’on passe par Oviedo ou si l’on continue le long de l’océan, par Gijon. C’est un peu plus loin, à Casquita, que les deux principales voies jacquaires de la côte atlantique espagnole se séparent.

camino-norte-villaviciosa-gijon-sculpture métallique en forme de pomme géante
Villaviciosa, capitale du cidre et de la pomme : étape importante sur le Camino del Norte

En ce qui nous concerne, nous avons fait notre choix quelques jours plus tôt, seulement. Début septembre, quand nous sommes partis de Bilbao, nous ne savions pas vraiment ce que nous ferions.

Il a bien fallu se décider avant Villaviciosa car peu après, le Camino Primitivo s’en va vers Oviedo et la Cordillière Cantabrique alors que le Camino del Norte continue son bonhomme de chemin vers Gijon pour contourner les montagnes en longeant l’océan.

Les premiers critères de choix

Dès la préparation de notre périple, le Camino Primitivo avait pourtant notre faveur. Toutefois, cette préférence ne tenait pas à grand-chose.

camino-norte-villaviciosa-gijon-carte du nord-ouest de l'Espagne avec les tracés des différents chemins de Compostelle

Le seul élément que nous avions au tout début était que ce Chemin Primitif était plus campagnard et suivait moins les grands axes routiers que son compère de la côte. Le Camino Primitivo ne longe pas non plus d’interminables zones industrielles.

Ensuite, nous avons vu que les deux caminos étaient de la même longueur, à quelques kilomètres près. La distance à parcourir n’est donc pas un critère de choix.

En même temps, nous apprenions qu’il fallait compter sur 2000 m de dénivelé supplémentaires sur le Camino Primitivo que sur le Camino del Norte. Ce n’est donc pas anodin mais peut-être pas insurmontable.

Voilà, c’est tout. C’est donc bien léger pour une décision aussi importante.

Ce que nous savons maintenant

Depuis que nous nous sommes lancés sur les chemins en septembre, nous avons de nouveaux éléments qui nous ont permis de choisir la piste de l’océan plutôt que celle de la montagne.

En effet, depuis, nous avons eu le temps de vérifier les premières informations et d’apporter de nouveaux éléments :

  • Peu avant Villaviciosa, nous avons découvert que le Camino del Norte suit de grandes routes et traverse des zones industrielles, certes, mais pour la majorité entre Gijon et Ribadeo. Et encore pas tout le long ! Il existe aussi des variantes qui permettent d’éviter certains tronçons pas trop sympas. Il y a peut-être aussi moyen de prendre des transports en commun, comme nous le faisons régulièrement à chaque entrée et sortie de grande ville. En fait, LE gros point noir du Camino del Norte, n’est pas si insurmontable qu’il ne paraissait.
  • Nous avons beaucoup de difficultés et trop peu de temps pour trouver (et vérifier) les informations suffisantes sur les hébergements du Camino Primitivo. De prime abord, il semble moins bien équipé que le Camino del Norte, ce qui nous obligerait à faire de longues étapes.
  • Maïna a toujours mal à la jambe et les douleurs se déclenchent ou sont plus fortes dans les ascensions. Marianne, elle, peine et s’essouffle à chaque grimpette importante. Le Camino Primitivo avec son dénivelé important n’est donc pas le plus recommandé pour nos miss. Et ce point-là est sans doute celui qui a le plus pesé dans la balance.
camino-norte-villaviciosa-gijon-carte imagée du camino del norte et du camino primitivo

Le choix définitif

Voici donc toutes les raisons qui nous rabattent vers la côte.

Ce qui ne nous déplaît pas le moins du monde, puisque depuis le début de cette pérégrination nous recherchons la proximité de l’océan.

De Villaviciosa à Peón

Pour casser la tradition, cette semaine, nous ne démarrons pas trop tard. Il est tout de même 10h00 quand nous mettons les sacs sur le dos ! Il faut dire que nous avons pressé le pas car ce soir, nous devons être à Peón avant 18h00. En effet, l’albergue de ce village se trouve à plus de trois kilomètres du Camino. Les gérants ont donc mis en place un service de « taxi », la dernière navette étant programmée à cette heure-là.

Départ de Villaviciosa

camino-norte-villaviciosa-gijon-passerelle en bois avec colline boisée

La sortie de Villaviciosa est une petite merveille ! En effet, nous sommes rapidement sur des chemins de promenade aménagée le long de la rivière. Nous traversons d’ailleurs celle-ci plusieurs fois sur des passerelles en bois.

Cette longue balade nous mène jusqu’à la route de Casquita.

Au tout début de la route, nous nous arrêtons quelques instants à la fontaine du pèlerin. Rien de grandiose en soi, mais c’est une attention de plus qui nous touche beaucoup.

camino-norte-villaviciosa-gijon-mur rouge avec robinet dans alvéole en faience bleue et blanche et planche servant de bois

Casquita

Dix minutes plus tard, nous sommes à la jolie ermita de San Blas à Casquita, à l’entrée de Grases. Elle est ouverte !

C’est ici, devant cette chapelle, que le Camino Primitivo se sépare du Camino del Norte. Ce dernier continue sur la route d’où nous venons, l’autre prend la rue qui part en face de la petite ermita.

Même si nous savons depuis quelques temps que nous allons prendre la direction de Gijón, nous avons un petit pincement au cœur. C’est ici en effet que notre choix prend corps. C’est à partir d’ici, à quelques kilomètres de Villaviciosa, que nous allons connaître ce qu’il y a sur le Camino del Norte qui se dirige vers Gijon, sans savoir quoi que ce soit du Camino Primitivo qui s’en va vers Oviedo.

Ce qui nous fend le cœur, c’est de voir deux Allemands se séparer ici. Ils se sont rencontré sur le Camino il y a trois semaines. Aujourd’hui, c’est chacun de son côté : elle qui part vers Oviedo alors que lui s’en va en direction de Gijón. Comme ils s’entendent très bien, les deux amis ont vraiment du mal à passer le pas.

Quand nous partons de Casquita, la pluie commence de tomber. Elle nous accompagnera pendant près de deux heures.

Plic, ploc…

Le Camino nous emmène ensuite sur des chemins boueux. Certains sont même complètement inondés et nous devons contourner d’énormes flaques.

Ce n’est pas franchement le meilleur moment de l’étape. Toutefois, la pluie n’est pas très forte et la situation est tout à fait gérable.

Elle s’intensifie quand nous approchons de l’autoroute. Comme il est midi, nous décidons de faire la pause-déjeuner sous le pont de l’autoroute, au « sec ».

camino-norte-villaviciosa-gijon-personnes assises sous un pont autoroutier un peu tagué

Finalement, quand nous repartons, les averses sont pratiquement terminées. Nous pourrons bientôt faire sécher les capes. Nous ne les remettrons pas de la journée.

camino-norte-villaviciosa-gijon-paysage de collines boisées avec arrière-plan en partie caché dans la brume

Interminable !

Nous passons une seconde autoroute, par dessus cette fois-ci.

Un peu plus loin, nous attaquons sur une petite route une très forte montée. En fait, ce n’est que le début d’une très longue ascension de près d’un kilomètre et demi.

camino-norte-villaviciosa-gijon-chapelle dans clairière

Et la route, ce n’est qu’au début, jusqu’à Nievares. La pause, ici, permet d’aller voir la chapelle Sainte Eulalie, un peu à l’écart du chemin. Ensuite, après le hameau, le goudron devient béton. Puis c’est un mauvais chemin de pierres qui serpente en sous-bois.

Nous devons faire de très nombreuses pauses car Marianne est à bout de souffle. Et du fait de sa mauvaise respiration, elle a les jambes coupées, mal oxygénées. Dur, dur. Il lui faut tous nos encouragements pour ne pas craquer.

Le chemin de cailloux, rendus glissants par la pluie, devient ruban d’asphalte. Puis, plusieurs centaines de mètres plus loin, le chemin devient tout plat. Heureusement, car Marianne est au bout du rouleau, nerveusement parlant. Une longue pause s’impose.

Nous repartons et une petite centaine de mètres plus loin, le sentier goudronné se remet à fortement monter. Notre répit aura donc été de courte durée 🙁 . Un vrai calvaire, cette grimpette ! Mais pas pour longtemps car nous arrivons enfin à la route.

C’est gagné : le plus difficile est fait 🙂 !

L’Alto de la Cruz

Nous montons maintenant à l’Alto de la Cruz sans gros efforts, la route étant en pente douce.

Une fois au col, nous savons qu’il ne reste que trois ou quatre kilomètres jusqu’à Peón, tout en descente. C’est de la rigolade, après ce que l’on vient de vivre.

Et puisqu’il est un peu plus de 15h00, nous sommes largement dans les temps avant la dernière navette pour l’albergue.

Peón

Nous sommes bientôt en vue des premières maisons de Peón, accrochées de-ci, de-là aux pentes de cette vallée magnifique.

camino-norte-villaviciosa-gijon-paysage de collines boisées avec habitat disséminé

Arrivés au niveau du bourg de ce petit village, les flèches nous indiquent un sentier abrupt, très glissant. Il va falloir être vigilants et attentifs, jusqu’au bout de cette nouvelle difficulté.

Nous savons en effet que c’est dans ce genre de situation que les bobos arrivent. Un sol pentu, avec des cailloux ou de la boue après une journée éprouvante et la chute ou l’entorse n’est pas loin !

Nous arrivons en bas sans encombre.

Au point de rendez-vous, nous posons les sacs dans l’ancien lavoir transformé en abri. Un coup de fil et la navette arrive dix minutes plus tard.

De Peón à Gijón

Edu, el soñador de caminos

Nous revoyons à l’albergue (encore une très belle adresse 🙂 !) un pèlerin que nous avons déjà croisé à plusieurs reprises. Ce Monsieur semble être connu comme le loup blanc sur le Camino. Il s’appelle Edu et marche avec une poupée dans la poche.

En fait, cette poupée ne le quitte jamais. Il la fait voyager et lui fait découvrir le monde depuis 2017. Cette année-là, il a traversé l’Espagne du Nord d’Est en Ouest, depuis Barcelone jusqu’au Cap Finisterre, en soutien à l’association Juneren Hegoak qui aide les enfants malades. Nous avons alors une petite pensée pour Le Rêve de Marie DREAM, qui poursuit en fait le même combat.

Bref, Edu, le rêveur de chemins, est un Grand Bonhomme, un chic type, quelqu’un avec qui nous sommes heureux d’avoir échangé quelques mots.

La Garita

Il n’est pas 8h00 quand nous partons de Peón. Il fait donc encore nuit et nous avons du mal a trouvé les flèches jaunes. Bon an, mal an, celles-ci nous emmènent dans les hauteurs du village. En fait, tout ce que nous avons descendu hier sur un versant de la vallée, nous le remontons de l’autre côté.

Nous arrivons ainsi à La Garita, petit hameau où nous attendent de nombreuses surprises : un bel hórreo, des sculptures, une crèche d’Halloween. Il y a même la direction du Pôle Nord ! De quoi être comblés.

La grimpette

Mais ce petit moment de détente ne dure pas longtemps.

Nous arrivons bientôt à la vraie difficulté du jour : la grimpette. Elle s’annonce toutefois bien moins compliquée qu’hier. En effet, le dénivelé est bien moins important aujourd’hui. Par contre, le chemin est dans le même état : pierres et boue. Il y a même un ruisseau qui coule au milieu du chemin, à certains endroits.

Mais cette côte est bien moins éprouvante que celle de Nievares.

Covadonga

Depuis Nievares, un autre chemin, balisé en bleu, suit le même itinéraire que le Camino del Norte, mais en sens inverse. Le tronçon commun semble se terminer à l’Alto de Curbiellu.

Ce camino mène à Covadonga.

Ce nom, nous l’avons déjà croisé plusieurs fois lors de notre pérégrination dans les Asturies. Covadonga est en fait un lieu historico-religieux extrêmement important pour la région.

Historiquement parlant, c’est ici qu’aurait eu lieu la bataille victorieuse de Pélagus, roi chrétien, contre les Maures. Convadonga correspond donc au tout début de la Reconquista espagnole.

D’un point de vue religieux, c’est ici que se trouve Nuestra Señora de Covadonga, la Sainte Patronne des Asturies. Affectueusement appelée la Santina par les gens de la région, nous la rencontrons assez régulièrement au bord du Camino, en signe de protection.

L’Alto de Curbiellu

En effet, nous arrivons bien vite à la route qui nous mène en douceur à l’Alto de Curbiellu. C’est le point culminant du jour.

Nous redescendons alors vers Gijón, via Deva, sur des routes dans un premier temps.

Deva

Au-delà de Deva, le Camino nous embarque sur de jolis chemins forestiers où nous croisons de nombreux VTTistes. Il faut dire que nous sommes le 12 octobre, Jour de la Constitution, férié en Espagne.

camino-norte-villaviciosa-gijon-jeune fille accroupie donnant à des moutons. Barrière
Pause moutons à Deva

C’est à la sortie d’un chemin que nous trouvons le camping où se trouve l’auberge municipale de Deva. Nous nous y arrêtons et posons les sacs.

Vu le niveau d’équipement du camping, nous pensions y trouver une belle auberge. En fait, pour seulement un euro de moins qu’hier, nous avons droit à des matelas mousse complètement écrasés, des meubles stockés dans les couloirs où nous avons donc des difficultés pour passer, un seul cabinet de toilette de 3 m² (avec WC, douche et lavabo) alors qu’il y a 36 lits. Les étagères où nous devons poser les sacs et les chaussures sont défoncées et nous n’avons ni couverture, ni coin repas ou salle commune (on ne parle même pas de cuisine ni de micro-onde) et, contrairement à Peón, le petit-déjeuner n’est pas prévu non plus. Bref, c’est vraiment très, très cher pour ce que c’est. Une adresse à oublier, où l’on ne respecte pas les pèlerins 🙁 .

Gijón

Depuis le camping, nous nous rendons à Gijón en bus, à quatre kilomètres de là.

Nous appréhendions un peu la visite de cette ville industrielle en grande partie détruite lors de la Guerre Civile par les forces franquistes, en représailles à son soutien au Front Populaire. Ainsi, nous pensions trouver une ville sans grand intérêt historique ou architectural.

Nous sommes au contraire éblouis et complètement conquis par cette ville.

Entre Villaviciosa et Gijon, sur le Camino del Norte

Nous n’avons donc pas beaucoup progressé cette semaine sur le Camino del Norte, en passant de Villaviciosa à Gijon.

Mais nous sommes toujours sur le Camino del Norte, ayant délaissé le Camino Primitivo à Casquita. Cette décision, après de nombreuses hésitations, est un évènement important de notre pérégrination vers Compostelle.

La région de Gijón et Avilés reste toutefois un point noir sur le parcours que nous ne savons pas encore comment passer sans trop souffrir des zones industrielles et des grandes voies de communication.


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