Sur le Camino del Norte : de Santander à Comillas

Sur le Camino del Norte : de Santander à Comillas

Nous suivons toujours le Camino del Norte, bien sûr, et cette semaine nous sommes allés de Santander à Comillas en 4 jours.

Tout comme la semaine dernière lorsque nous avons rallier Santander, il a fallu trouver un petit coin sympa pour garer la voiture pendant les quelques jours que nous marchons. En définitive, il faut que l’endroit soit proche du Camino, proche de transports publics et pas trop isolé. Cependant, il ne faut pas que ce soit la place du village où l’on organise toutes les fêtes, ni dans une rue où il va y avoir des travaux…

Cette semaine, nous démarrons de Soto-de-la-Marina, à quelques kilomètres de la Virgen del Mar, lieu magique qui nous a littéralement envoûté. Pour se faire une idée du lieu, il suffit d’imaginer une chapelle toute blanche posée sur un îlot battu par les vents. On y accède par une passerelle qui enjambe une petite plage battue, elle, par les puissants rouleaux de l’océan. Nous nous souviendrons longtemps de cette lande sauvage !

De Santander à Comillas, par le Camino del Norte, il y a une soixantaine de kilomètres. Ce qui veut dire que cette semaine nous avons fait une moyenne d’environ 14 km par jour.

De Santander à Polanco

Nous partons donc du centre de Soto-de-la-Marina. La voiture y sera en effet plus en sécurité que sur le parking désert et isolé de la Virgen del Mar.

Los perdidos

La première chose à faire est de retrouver le Camino officiel qui passe à Santa-Cruz-de-Bezana, quelques kilomètres plus au sud.

Nous mettons donc cap au sud, passons dans Sancibrían avant de nous perdre dans les lotissements. Pour être précis, il est vrai que nous ne connaissons pas notre position exacte. Mais comme nous savons que nous sommes à Sancibrían et que nous allons vers le sud, nous allons forcément croiser le Camino.

C’est là que nous rencontrons un monsieur, bâtons de marche en mains, qui pense avoir à faire à des pèlerins ayant (beaucoup) dévié de leur itinéraire. Il nous invite à le suivre. Il nous remet sur le bon chemin, et il en est fier.

Quand nous le quittons, nous sommes :

  • À quelques centaines de mètres seulement du centre de Santa-Cruz. Merci à lui.
  • Épuisés et assoiffés car il a imprimé un rythme plus que soutenu à notre marche. Avec nos sacs, nous avons eu du mal à le suivre.
  • À quelques mètres d’une soucoupe volante en construction.
camino-norte-santander-comillas-structure métallique faisant penser à une soucoupe volante

Cafouillage dans le balisage

Juste après Santa-Cruz, nous avons des difficultés à trouver les flèches jaunes qui nous montrent le chemin. Et nous ne sommes pas les seuls !

En cherchant bien, nous les trouvons, les coquines.

Arrivés à la voie ferrée, une flèche nous invite à passer sur le pont. Une fois de l’autre côté, une autre nous conseille de revenir en arrière : nous comprenons alors qu’il doit y avoir un passage souterrain. Nous y allons donc et empruntons ce tunnel. En moins de cent mètres, trois dames nous aident et nous montrent l’itinéraire à suivre.

Finalement, que l’on traverse les voies de chemin de fer par dessus ou par dessous, ça mène au même endroit ! Nous sommes maintenant sur la route d’Oruña.

Le pont sur le Río Pas

Nous allons bientôt buter sur le Río Pas. Voici une nouvelle coupure naturelle qu’il va falloir franchir. Et ici, il n’y a pas de bateau 🙁 !

Heureusement, il y a des ponts :

  • Un pont routier à Oruña qui oblige à faire un bon détour sur des routes pas forcément belles.
  • Un pont ferroviaire entre Bóo-de-Píelagos et Mogro, à deux pas de Santa-Cruz.

Nous choisissons la solution la plus directe. En partie pour éviter un peu de bitume, et aussi pour écourter, bien sûr. Mais c’est surtout l’occasion pour nous d’avancer vers Compostelle d’une manière un peu différente. En effet, nous avons déjà utilisé nos jambes 🙂 , le bateau, le vélo, le bus (pour fuir un camping sans ombre), le taxi (quand Marianne s’est blessée) et même le funiculaire (pour le fun). Mais nous n’avons encore jamais fait un bout d’étape en train.

Et nous ne regrettons pas notre choix : la petite route qui mène à Boo nous rappelle un petit peu le Pays Basque avec des paysages magnifiques.

camino-norte-santander-comillas-collines boisées avec prés et habitations

Ensuite, une fois à Bóo, il ne faut pas longtemps pour être à Mogro, de l’autre côté du fleuve. Quelques minutes d’attente et deux minutes de train suffisent en effet.

camino-norte-santander-comillas paysage avec herbes de la pampa prés verdoyants et collines boisées

Les collines

À Mogro, nous retrouvons le balisage fléché du Camino del Norte. Il nous emmènent dans les collines qui surplombent l’océan. La campagne est très belle et la vue sur la Ría de Mogro, le magnifique estuaire du Río Pas.

Nous sommes vraiment ravis de tout ce que nous vivons, même si nous sommes encore en permanence sur des routes.

Quand la fatigue commence à se faire sentir, nous faisons le point sur notre position. Nous sommes alors dans les hauteurs de Miengo, à plus de 5 km de notre destination. Il est près de 17h00. Nous ne serons sans doute pas à Polanco avant 19h00 !

Les tuyaux

La petite route nous amène à la Nationale que nous traversons puis à deux énormes tuyaux posés au sol le long d’une large piste gravillonnée.

Nous empruntons ce grand chemin en nous demandant comment il est possible qu’une entreprise ait le droit de laisser des horreurs pareilles sans être obligée d’aménager le site. Planter une haie, aménager un talus… Qui plus est, piste et tuyaux coupent un village en deux !

camino-norte-santander-comillas-tuyaux industriels en bord de chemin

Nous les suivons donc sur plus de 4 km, pour rejoindre Requejada, hameau de Polanco. Lancinant. Et inoubliable ! Ça non plus, nous n’avions encore jamais vécu. Par contre, ce qu’il y a de bien, c’est que ça nous fait oublier la monstrueuse usine que nous avons en point de mire.

Polanco

La fin des tuyaux. La fin de la piste. Enfin !

Nous arrivons à Requejada, hameau de Polanco. Il y a ici une auberge de pèlerins où l’on peut planter la tente. En plus c’est au centre du village. C’est impeccable, surtout qu’il est 19h30 (un record) !

Nous tombons dessus rapidement et découvrons que l’établissement est fermé.

Il faut trouver une solution, et vite ! Un monsieur vient nous aider, nous propose même de nous emmener en voiture jusqu’à Santillana-del-Mar. Nous préférons lui demander où est la deuxième albergue de peregrinos. Elle se trouve en fait à un kilomètre d’ici, le long de la Nationale. Nous décidons d’y aller, d’autant plus que nous ne sommes pas tout seuls à chercher une place pour la nuit.

La seconde auberge est encore ouverte et nous pouvons y planter les tentes. Nous laissons les deux lits restants au couple d’Anglais que nous avons rencontré à Requejada et qui arrive après nous. Ouf, il y a de la place pour tout le monde. Mais c’était vraiment très juste.

camino-norte-santander-comillas-auberge de pèlerins de polanco

Vous pouvez aussi lire le début de notre pérégrination entre Bilbao et Islares

De Polanco à Santillana-del-Mar

Nous quittons l’albergue vers 8h30.

Notre première mission est de prendre des petits-déjeuners chauds. Nous allons donc voir la gérante de l’albergue mais son bar est fermé ce matin. À Requejada, nous regrettons un peu notre arrêt au bar en face de l’auberge fermée. En effet, l’accueil des pèlerins (ou étrangers, ou tout simplement des non-locaux) y est exécrable. Toutefois, une boisson chaude après une nuit un peu frisquette, ça fait du bien.

Le complexe industriel

Nous sortons de Requejada par la grand-route, en direction de Barreda et de la grande ville de Torrelavega. Et nous avons le grand privilège de voir de près l’immense usine que nous devinions hier, au loin.

Aujourd’hui, cette ville dans la ville est tout près de nous. Nous la longeons longtemps, longtemps. Et nous l’apercevons souvent, cachée derrière les propriétés abandonnées qui bordent la route. Nous la contournons même pour passer le pont sur le Río Saja, qui bloque notre progression et que nous suivons vers le sud depuis hier après-midi.

La tentation

À la sortie du pont, une bifurcation inattendue du Camino del Norte. Elle nous fait de l’œil et nous attire vers une petite route pour un raccourci de 3 km ! En y regardant bien, la rue rejoint vite la (très) grande route dont le bord n’est pas aménagé pour les piétons.

Nous refusons donc l’invitation de cette flèche toute mignonne et préférons l’itinéraire le plus long.

En fait, nous nous réjouissons de ce choix : chouettes paysages (sur fond de Cordillière Cantabrique), petite ermita malheureusement fermée (comme toutes ses consœurs), routes sans voiture et surtout, surtout…

Les figues

Nous disons bonjour à une dame qui se promène dans sa cour. Elle commence une discussion que nous avons encore beaucoup de mal à comprendre entièrement.

D’une gentillesse et d’une générosité incroyables, elle nous offre des figues qu’elle cueille au cours de cette conversation décousue.

Les fruits sucrés fondent dans la bouche. C’est délicieux. Nous ne sommes pas prêts d’oublier ce moment de partage.

camino-norte-santander-comillas-jeune fille devant une trompe l'oeil avec colonnes antiques et mur de grosses pierres
Sous le pont avant Santillana-del-Mar

Santillana-del-Mar

Finalement, nous avons été assez rapides sur cette étape. Nous arrivons en effet vers 13h30 à Santillana.

Classé parmi Les Plus Beaux Villages d’Espagne, cette bourgade médiévale est vraiment magnifique avec une unité architecturale ainsi qu’un patrimoine civil et religieux remarquables.

Santillana est aussi associée à un autre site exceptionnel : les grottes d’Altamira. Ce site est en fait en Espagne ce qu’est Lascaux en France. C’est même la toute première grotte ornée de peintures rupestres à avoir été découverte et étudiée dans le monde ! L’authenticité de cet ensemble patrimonial a d’ailleurs longtemps été remise en cause par la communauté scientifique. Il a fallu attendre les découvertes de nombreuses autres grottes ornées pour qu’il soit admis que cet art rupestre soit d’origine paléolithique. Les grottes sont à 2 km du centre du village. Ça se fait donc facilement à pied, sans les sacs.

De Santillana-del-Mar à Cóbreces

Notre étape du jour commence par un sentier. Mais ça ne dure vraiment pas longtemps.

Cependant, nous continuons sur une charmante petite route qui zigzague dans la très jolie campagne. Comme avant-hier, nous avons l’impression de revenir quelques instants au Pays Basque.

Ce matin, nous marchons bien et avançons vite.

Iglesia de San Pedro de Oreña

Nous arrivons donc rapidement à Oreña puis à l’église San Pedro, construite en haut d’une colline dénudée. Ce bel édifice du XVIème siècle a été détruit en 1936, au tout début de la Guerre Civile, puis a été reconstruit une vingtaine d’années plus tard.

Cette église solitaire et son site sont absolument remarquables. Nous sommes vraiment sous le charme.

camino-norte-santander-comillas-église san pedro d'oreña

Ermita de San Bartolome

Notre itinéraire passe ensuite à côté d’une très belle petite chapelle pré-romane, datée du IXème siècle.

La fatigue commence à se faire sentir chez Maïna et cette ermita nous donne l’occasion d’une pause méritée.

Cigüenza

Le petit hameau de Cigüenza, quelques kilomètres plus loin, est le lieu de notre prochaine pause (très ombragée). Il y a ici l’église San Martín, de style barroque colonial. A l’origine de cet édifice, un noble local parti faire fortune au Pérou qui voulait offrir une chapelle à son village. Finalement, il lui donnera une église immense, qu’il dessine et finance.

Cóbreces

La jolie petite route de Cigüenza tombe sur la grand-route de Cóbreces. Celle-ci nous emmène dans les hauts du village où nous cherchons un lieu pour dormir ce soir.

L’auberge de pèlerins, à l’abbaye cistercienne de Viaceli est pleine et nous ne pouvons pas y planter la tente.

Il reste pour nous le camping indiqué sur la carte près de la plage de Luaña, mais en dehors du chemin officiel. Nous pensons donc pousser plus loin, jusqu’à La Iglesia, malgré la fatigue de Maïna. Cependant, sur un plan touristique du Camino del Norte, nous voyons qu’un chemin de Compostelle longe la côte et passe par cette plage.

Nous changeons donc illico presto d’avis et décidons d’aller au camping de Cóbreces. Nous découvrons qu’il n’y en a pas ou qu’il n’y en a plus. Une dame nous conseille quand-même de nous installer à cet endroit et que personne ne nous dira rien.

camino-norte-santander-comillas-plage de sable et belles vagues

Au bout du compte, nous décidons de bivouaquer dans un pré surplombant la plage.

De Cóbreces à Comillas

Depuis Cóbreces, cette variante du Camino del Norte est balisée. Au niveau de la plage, il reste environ 9 km jusqu’à Comillas.

C’est en fait la première fois sur les chemins de Compostelle que nous sommes amenés à bivouaquer. Nous levons le camp très tôt et déjeunons même en chemin, le long de la petite route qui monte de la plage.

De nouveau une Senda Costera ?

Tout en haut, le Camino continue sur la route et part à l’intérieur des terres. Un chemin part sur la droite et semble suivre la côte au plus près, comme indiqué sur le petit plan que nous avons vu à Cóbreces. Nous hésitons à le suivre et comme nous n’avons ni carte, ni topo-guide, ni balisage, nous nous résignons à suivre les flèches jaunes.

C’est quand même très beau, tant au niveau du paysage qu’au niveau de l’architecture. Et la route est vraiment toute petite.

camino-norte-santander-comillas-route avec pré et océan

Patatras

Peu avant Liendres, notre variante rejoint la Nationale pour ensuite continuer sur une large route jusqu’à La Iglesia que nous traversons rapidement.

La route jusqu’à Pando nous offre une belle vue sur le couvent San Jose, énorme bâtiment tout en haut d’une colline.

La perle rare

C’est à Pando que nous dénichons la perle rare. En effet, la Capilla de San Roque y San Sebastian est OUVERTE. Et ce fait exceptionnel sur le Camino del Norte est indiqué en 10 langues !

camino-norte-santander-comillas-petite chapelle blanche

Mais pourquoi donc les chapelles (et les églises) ne sont-elles pas ouvertes le long du Chemin de Compostelle ? Pas peur de dégradations ?

Nous ne savons pas depuis quand la petite chapelle de Pando est accessible à tous, mais rien n’est ici abîmé ni profané. Et nous pensons qu’il est important, pour les croyants, de pouvoir se recueillir.

Concha

Dans ce petit hameau, toutes les maisons sont rénovées et forment un ensemble architectural magnifique. Le noir des balcons et des avancées de toits contraste fortement avec les crépis blancs, les pierres et les briques des façades.

camino-norte-santander-comillas-rue bordée de maisons de pierre aux boiseries noires

C’est aussi à partir de ce petit village que nous trouvons une piste gravillonnée qui nous emmène à l’entrée de Comillas.

Comillas

Ce nom résonnait dans nos têtes comme un coin charmant. Il est vrai que cette bourgade est jolie, avec des monuments absolument fantastiques. Nous pensons en premier lieu au Caprichio de Gaudí et au Palacio de Sobrellano.

Mais nous regrettons ici l’exploitation commerciale de la plupart des monuments. Nous n’avions ressenti ça nulle part ailleurs sur le Camino del Norte, pas même à Santander ou Bilbao : Comillas semble donc pour l’instant être une exception.

Le camping lui non plus ne nous plaît pas vraiment. Il est en effet cher pour les services proposés et ne s’efforce pas d’être accueillant.

Bref, Comillas est une grosse déception pour nous 🙁 .

Entre Santander et Comillas, sur le Camino del Norte

Nous suivons toujours le Camino del Norte, bien sûr, et cette semaine nous sommes allés de Santander à Comillas.

Le goudron est toujours aussi présent. Nous n’avons toutefois pas ressenti le malaise de la semaine dernière. Peut-être nous y habituons-nous.

En fait, nous pensons qu’un autre élément a changé. En effet, à partir de Santander, nous avons l’impression que les villages ne sont pas organisés de la même manière. Ils nous paraissent plus regroupés, moins diffus, ce qui donne maintenant l’impression de vraiment être à la campagne. A bien y réfléchir, c’est peut-être ce qui nous dérangeait le plus, la semaine dernière.

Ainsi, nous n’avons pas du tout vécu cette partie du Camino del Norte, entre Santander et Comillas, comme la première partie de la Cantabrie. Nous avons ainsi constaté de nouveau un changement avec ce que nous avons connu avant Santander :

  • L’accueil n’est plus tout à fait le même. C’est absolument incroyable le nombre de personnes qui nous ont aidés spontanément !
  • Nous comprenons un peu mieux ce que l’on nous dit. Nous ne savons vraiment pourquoi, mais il semblerait que les gens parlent moins vite ici. De notre côté, nous avons toujours autant de difficultés à nous exprimer ! Nous avons déjà du mal en Français, alors en Espagnol !!!
  • Les petites ermitas sont peut-être un peu plus nombreuses sur cette partie du Camino del Norte, entre Santander et Comillas. En tout cas, nous sommes heureux d’en avoir trouvé une ouverte. Si les autres villages (ou paroisses) pouvaient en faire autant !
  • Il y a toujours autant de bitume mais nous avons beaucoup plus apprécié la campagne.

La semaine prochaine, nous passons dans les Asturies, en espérant trouver un peu plus de chemins. Qui sait ? Le goudron est peut-être un problème cantabrico-cantabrique !


Si vous avez apprécié cet article ou si vous souhaitez partager votre expérience, n’hésitez pas à laisser un commentaire 🙂 .

Si vous avez aimé cet article, vous êtes libre de le partager :)

3 réflexions sur « Sur le Camino del Norte : de Santander à Comillas »

  1. Quelle belle aventure! Bravo pour t’être lancée là-dedans! Une soucoupe volante en construction? Mais pourquoi donc?

  2. Merci de partager cette belle aventure ! Quand on lit tes articles, on a l’impression d’être en voyage… ça fait du bien ! Et surtout, ça donne envie de sortir les chaussures de randonnées !

Laisser un commentaire